Restos / Bars

Benny’s Bistro : La recette du bonheur

Dans le métier, on a des jours avec et des jours sans. Dans le deuxième cas, il suffit de deux ou trois restos médiocres agrémentés d’une solide grisaille automnale pour qu’on se demande à quoi bon… Mais il suffit parfois d’une étincelle dans l’oeil d’un jeune chef pour raviver la flamme! Alors si novembre vous met le vague à l’âme, Benny’s Bistro est le remède qu’il vous faut.

On connaît déjà le Boulanger français, rue Murray, pour ses croissants à faire damner votre cardiologue! On connaît aussi Benny’s Bistro, le petit café à l’arrière de la boulangerie où, en plus d’une belle sélection de plats à emporter, on offre petits-déjeuners et délicieux repas du midi! Mais voici que Benny’s prend du service les jeudi, vendredi et samedi soirs. Il n’en fallait pas plus pour me décrocher un large sourire.

Il y a quelques années, j’y avais découvert Alain Bélair, qui fait maintenant des petites merveilles dans son resto de Wakefield. La relève est tout aussi prometteuse: Richard Holmes et Geneviève Beauce possèdent la même passion du travail bien fait. Ils proposent, midi et soir, un menu coloré alliant tradition et créativité qui donnent envie de tout essayer.

Le décor est sans chichi, avec des accents primaires de rouge saumoné, bleu vibrant et jaune. Des présentoirs offrent café et tasses Illy, chocolat, et petits pots de toute sorte, alors que la vitrine de plats à emporter isole l’espace cuisine. Le soir, on ajoute à tout cela nappes blanches, beaux verres et petites bougies pour créer une ambiance intimiste assez réussie qui nous fait presque oublier l’absence de fenêtre.

L’accueil chaleureux est à l’image du service, assuré par ce Yvon qui a fait les beaux jours de l’Agaric. Professionnel, sympathique, attentif: un sourire qu’on a plaisir à retrouver ici. Le menu qu’on propose en ce soir de novembre est immensément chaleureux. Soupe de potiron et confit de canard; foie gras poêlé avec brioche grillée et chutney de fruits; lapin braisé au vin rouge et à la moutarde, gnocchi maison; lotte au safran; carré d’agneau en croûte de gremolata… On hésite, on tergiverse, on se tâte. Et on plonge.

En entrée, une fricassée de champignons sauvages servie sur polenta frite et nappée d’une touche de mascarpone est tout simplement parfaite. La polenta a cette texture fine et à peine granuleuse qui réjouit, et les champignons, pleurotes en tête, ont encore toute leur tenue. Une simple réduction de vinaigre balsamique viendra finir de marier les saveurs.

La suite est tout aussi joyeuse: sur un lit de légumes racines rôtis se vautrent des ris de veau en robe de prosciutto. Le contraste entre le jambon fin et croquant et les ris fondants est sublime, tout comme l’équilibre entre le salé du prosciutto et le sucré du jus au Madère et des légumes légèrement caramélisés. Touchant.

Pour dessert, péché oblige, un moelleux au chocolat au coeur chaud et coulant est tout aussi heureux. Ses effluves chocolatées, mêlées à celle d’un excellent allongé m’accompagneront jusqu’à la maison.

Que dire de plus? Que le bonheur est à porter de fourchette? Les entrées vont de 8$ à 16$ (foie gras); les plats oscillent entre 18$ et 24$. On peut donc facilement compter 75$ dollars pour deux, avant vin, taxes et pourboire. Un bon placement contre la déprime. Carte des vins brève, mais suffisante.

Benny’s Bistro
119, rue Murray
Ottawa
Tél.: 789-6796
www.bennysbistro.ca