La France, le Japon, l’Italie et la Thaïlande donnent le ton aux entrées, du potage au panais (curry et mangue) au rissolé de saumon et beurre d’aneth, en passant par les bouchées croustillantes au poulet et les tomates au bocconcini et vinaigrette à l’érable. Les plats de résistance, eux, nous mènent du Canada (brochette de bison) au… Japon, encore une fois, et c’est là que je compte m’établir, le temps d’un souper, moyennant des pâtes noires à l’encre de seiche, aux calmars et à la ricotta. "Il n’en reste plus", m’avoue-t-on d’un air attristé. Dans ces moments-là, vous promenez un regard contrarié dans la salle en vous demandant qui vous a fait ce coup-là. Mais, autour de vous, la plupart ont choisi le spécial du jour, soit le "Mercredi moules à volonté". Certains ont préféré le saumon ou l’entrecôte; d’autres, le tartare de boeuf ou un plat de pâtes. L’inspiration vient en "zyeutant", c’est bien connu. En attendant que je me décide, mon amie feuillette la carte, commentant le "Lundi sushis", le "Mardi thaï". Entre deux gorgées de samos, elle m’interroge: "Qu’est-ce que ça peut bien être, le "Dimanche zen"?" Je réponds "jeûne et abstinence" sur un ton qui doit trahir mon propre sentiment de privation. "Pourquoi n’essaies-tu pas le ris de veau antillais ou le bison?" Alors, de deux choses, je choisis la troisième: un mignon de porc Wellington au gratin de brie et fines herbes. L’esprit apaisé, je peux enfin lever mon verre de Stella Artois à notre santé. Quelques minutes d’attente, et notre serveur s’amène avec les entrées. Inutile de signaler à ma compagne qu’ici, elle commande presque toujours les rouleaux impériaux; elle le sait et s’en vante, me rappelant encore aujourd’hui qu’"ils sont aussi bons que la première fois". Légers, croustillants, digestibles (contrairement à certains autres) et pas du tout gras. Et savoureux, ce qui ne gâche rien. Dans mon assiette, une abondante salade se presse contre deux crêpes roulées sur du canard confit à la pékinoise et généreusement nappées de sauce hoisin. Je ne pensais pas que j’avais aussi faim! Il est vrai que l’entrée y met du sien – autant de goût que de moelleux. Et déjà, presque haletant, je guette l’arrivée du Wellington. Il se pointe, le désiré, aussi dodu que doré, lui aussi mouillé de hoisin. On y a planté comme un pavillon un brin de romarin. La croûte en est de pâte filo. Très bon, tout cela, y compris l’escorte de maïs nain, pommes de terre rissolées, chou-fleur et acolytes. Où est le brie? On m’en apporte un petit bol tout en me faisant remarquer qu’il y en avait autant dans mon plat. Je me tape tout ça, façon de dire en termes clairs comment je viens à bout d’une assiette plantureuse – sans oublier de chiper quelques frites allumettes (excellentes!) à celle qui m’accompagne et qui, littéralement, se régale. Une moule n’attend pas l’autre. "Pourquoi devrait-elle attendre?" Ne trouvant rien à répliquer, j’accepte le mollusque qu’elle me tend dans une moitié d’écaille. Délicieux. Ce premier bol est au safran, échalotes vertes et crème. Un autre lui fait suite, car on peut en manger à volonté, ce que nous nous gardons bien d’oublier. Sauce moutarde, miel et cari. À en juger par la suavité des parfums qui s’en dégagent, les moules doivent y prendre un pied du tonnerre. Bien en chair et aussi fraîches que précédemment, elles ne tardent pas non plus à suivre le même chemin. Un troisième bol? Non, car il n’y a plus de volonté à notre table. Et même pas une velléité du côté des desserts, malgré les sollicitations pressantes de la crème glacée frite et de la tarte au chocolat, gingembre confit et Grand Marnier.
Restaurant Azimut
8084, rue du Sirocco
Charny (Québec)
Téléphone: (418) 832-0218
Table d’hôte: 15,95 à 22,95 $
Menu du jour à partir de 7,95 $
Souper pour deux (incluant boissons et taxes): 54,99 $
Deux grands bordeaux au Saint-Amour
Sur l’invitation de M. Yann Charbonney, nous étions une dizaine – journalistes pour la plupart – à découvrir deux grands vins de Bordeaux lors d’un souper au Saint-Amour, vendredi soir dernier. Alors que la viticultrice elle-même, Mme Martine Palau (Château Laroche) et l’importateur québécois, M. Benoît Lecavalier (Benedictus), présentaient tour à tour le Château Laroche Bel Air 1999 et le Château Pontet Laroche 2000, le chef Jean-Luc Boulay (récemment élu chef de l’année) nous régalait d’un menu spécialement conçu pour l’occasion. Trilogie de canapés façon Saint-Amour, terrine de foie gras du Québec (lentins de chêne, sucs de betteraves et mizuna), crémeuse des sous-bois façon cappuccino, carré de biche en croûte de tartuffade, tombée de choux rouges aux pommes, sauce venaison à l’huile de truffe: rien de moins pour exalter, par des saveurs tantôt parentes et tantôt complémentaires, les arômes parfaitement équilibrés de fruits rouges, d’épices, de cuir et de sous-bois qui caractérisent les vins de Château Laroche (déjà disponibles à la SAQ). Une autre dégustation nous attendait en fin de soirée, celle d’un authentique rhum agricole blanc, Martinik, également importé par Benedictus. À noter que, pour d’obscures raisons législatives, ce dernier produit (également disponible à la SAQ) ne peut être appelé "rhum" au Canada, mais… "eau-de-vie de canne à sucre".