Restos / Bars

L’Orée du bois : Dîner en forêt

Fin novembre. C’est l’entre-saisons où le parc de la Gatineau devient quasi inaccessible, ses promenades fermées en attente de la neige et des premiers skieurs. Si Chelsea devient un peu triste sous la pluie froide, il y a pourtant vie et chaleur dans ses sous-bois. Nous nous y dirigeons donc, Marie et moi, et allons trouver réconfort à la table de L’Orée du  bois.

La maison de ferme du début du siècle, illuminée dans la nuit, rappelle les contes de fée; on y croiserait Hänsel & Gretel qu’on n’en serait pas surpris! Mais point de sorcière ici; plutôt l’accueil sympathique de la jolie fille du proprio. Elle nous conduit à notre table: la salle est vaste, chaleureuse avec son bois doré, ses fenêtres à carreaux et son petit air vieillot.

Aux fourneaux, le chef-proprio Guy Blain propose une cuisine traditionnelle d’inspiration française, faisant usage abondant de produits du coin ou de son jardin. Il se pose comme l’un des pionniers de la cuisine régionale, travaillant de près avec les producteurs et éleveurs de l’Outaouais.

Le service, en ce mercredi soir, est diligent et professionnel, mais semble un peu débordé par la trentaine de clients qui se sont présentés, comme nous, un peu tôt et tous en même temps. Quelques lenteurs au début, un peu de confusion par endroits, mais un sourire qui fait tout pardonner.

Marie ouvre avec un potage de pois jaunes et croûtons: tradition revisitée avec légèreté et onctuosité. Un consommé de canard est tout aussi heureux: saveur bien concentrée, ambre cristallin; quelques grains d’elby (blé) et des légumes en brunoise ajoutant un brin de croquant.

En entrée, un feuilleté de champignons de Paris en sauce crémeuse à la coriandre et feuilles de lime est un bonheur de fraîches saveurs, alors qu’un bavarois de saumon fumé au bois d’érable et sauce à la ciboulette est fin et léger. Le poisson est fumé dans le très beau fumoir d’inspiration hollandaise que vous verrez entre la maison et le stationnement; Hänsel & Gretel disais-je?!

Si le saumon de l’Atlantique à la citronnelle me déçoit un peu par la tristesse de sa présentation, la cuisson, elle, en est parfaite, et la saveur de citronnelle, bien que surprenante au début, est un plaisir. Le médaillon de cerf de Boileau, pour sa part, est follement délicieux. Relevée d’une sauce poivrade à la lie de vin rouge du vignoble de Dietrich Jooss, la viande est tendre et savoureuse. Un bonheur qu’on n’a aucunement envie de partager! En accompagnement, un flan à l’oignon ajoute une touche de nouveauté aux riz et purée de pommes de terre traditionnels.

Marie, grande gourmande devant l’Éternel, finira avec un crème renversée à l’orange dont elle n’aura de cesse de vanter l’onctuosité et le parfum. Une assiette de chocolats maison – pralins à l’érable, à la noisette, truffé – et un bon allongé feront mon bonheur.

Une des beautés de la table du chef Guy Blain, c’est qu’il sait offrir, depuis maintenant 25 ans, une cuisine réconfortante, fraîche et abordable: la très belle table d’hôte de quatre services est à 30,50$. Pas de présentations fantaisistes, ni de grandes extravagances, mais des valeurs sûres.

L’Orée du bois

15, ch. Kingsmere

Old Chelsea

Tél.: 827-0332

www.oreeduboisrestaurant.com