Restos / Bars

Café d’Europe : Sérieux changement

La politesse et la ponctualité y règnent encore; la sûreté de main aussi, peut-être, mais je ne retrouve pas ici, ce soir, l’enjouement auquel ce vénérable établissement nous avait  habitués.

D’habitude, en tout temps et peu importe le nombre de clients, j’apprécie dans ce restaurant la bonne humeur communicative d’un personnel qui n’en reste pas moins efficace et cordial. De quoi vous ensoleiller l’imaginaire et vous mettre en appétit. Ce soir, donc, nous surgissons d’un froid que je situe aux alentours de -300 degrés ("tu n’exagères jamais", ironise ma compagne). Encore grelottants, nous prenons place à l’une des premières tables, en bordure d’une fenêtre, et nous laissons agir lentement la chaleur des lieux. Mes verres se désembuent, un groupe de convives émerge de ma brume, là au fond de la salle. Autour, des couples mangent en silence. Un des serveurs roule jusqu’à l’un d’eux l’imposant chariot à desserts décoré d’un petit père Noël qui, tout à coup se met à danser, bougeant des hanches comme pour un merengue. C’est le seul moment déridant de la soirée, et nous y aurons droit nous aussi à la fin du repas. Le sérieux règne, parfois nuancé d’un sourire, mais de loin en loin. La table d’hôte? Elle présente quelques classiques de la maison, piccata al limone, ris de veau braisés au blanc, surprise de veau Café d’Europe, osso buco d’agneau au vin blanc au risotto safrané… Mon amie se fait servir un quart de litre de vin rouge maison; aujourd’hui, je l’accompagnerai à l’eau pure. Entrecôte de boeuf flambée aux cinq poivres ou filet de saumon en habit vert au beurre mousseux? J’en suis là dans mes réflexions quand on vient prendre notre commande, mais nous hésitons encore, malgré une faim qui nous porterait presque à opter sur un coup de tête pour le trio de pâtes, ou le suprême de canard, ou la poitrine de faisan aux pleurotes, ou le médaillon de caribou sauce poivrade, sinon le duo de crevettes et pétoncles au safran. Mais c’est sur un coup de coeur que nous arrêtons nos choix. Comme tout affamé qui se respecte et qui, de plus, est assailli de bonnes odeurs provenant de toutes parts, je m’attends à ce qu’on nous apporte du pain. Une flopée de borborygmes plus tard, n’y tenant plus, j’en fais moi-même la demande. Il était temps, car le décor commençait à avoir le vertige. Arrivent ensuite mes pleurotes sautés à l’ail et au persil; une pincée de sel les révèlent à eux-mêmes. À mon amie, on a servi un feuilleté d’escargots au parfum de pastis: pâte fine et légère, sauce crémeuse, subtile, sans excès ni manque. Tandis que nous mangeons, on prépare à notre table nos pâtes. Celles de mon vis-à-vis, très relevées, font escorte à une escalope à la parmesane fort réussie, cuite à point et de bon goût; elles justifient la demande d’un deuxième quart de rouge. Les miennes, en l’occurrence des linguine Nicotera, se suffisent à elles-mêmes dans leur sauce à la viande tomatée, délicatement assaisonnée (comme je l’avais demandé). Ne venant pas à bout de cette imposante assiette, la proposition d’un dessert me laisse… hivernal. Mais mon amie ne résiste pas à l’envie de voir danser pour elle le petit père Noël; elle s’accorde donc une tranche de gâteau moka au soupçon d’érable. Alors que nous retournons au froid d’où nous étions venus, elle conclut d’une question : "Trouves-tu que cela a un peu changé?"

Restaurant Café d’Europe
27, rue Sainte-Angèle
Québec (Québec)
Téléphone: (418) 692-3835
Table d’hôte: 27,95 à 29,95 $
Menu du jour à partir de 15,95 $
Souper pour deux (incluant boissons et taxes): 76,92 $

Gastronomie et forêt
Publié en janvier 2003 par Gesti-Faune inc., le centre Fierbourg et Fonds jeunesse Québec, le livre de recettes Gastronomie et forêt vient de franchir la première étape du concours Gourmand World Cookbook Awards 2003 qui le reconnaît comme le "Meilleur livre de recettes francophones au monde" dans les trois catégories où il avait été mis en nomination: Sujet unique; Innovation; Design. Rappelons que l’ouvrage a été réalisé par Jean-François Lacroix, enseignant au Centre spécialisé en alimentation et tourisme, en collaboration avec Christiane Gauthier et le photographe Paul E. Lambert. Gastronomie et forêt représentera donc les livres francophones à la grande finale devant désigner à Barcelone, en février 2004, le "Meilleur au monde, toutes langues confondues". Cette année, il y a eu à ce prestigieux concours 3500 inscriptions en 31 langues. Gastronomie et forêt n’était jusqu’ici disponible que pour les entreprises; on peut désormais se le procurer à la Boutique gourmande du centre Fierbourg. Une partie des sommes recueillies sera versée à REAF, l’association des anciens de Fierbourg. Renseignements: (418) 622-7911.