On croirait y être venu la veille, car rien n’y a changé. En y regardant de près, on découvre, collée à plat sur un pan de mur lisse, une toute petite photo en couleurs: des danseuses berbères accompagnées de deux musiciens. Pour le reste, mêmes murs de pierres grises, mêmes assiettes, mêmes plantes vertes sur le rebord d’une fenêtre. Cette fois, nous avons pensé apporter notre vin, en l’occurrence deux bouteilles de Cellier des Dauphins achetées in extremis: le rosé pour l’apéro, le rouge pour… on verra bien. En quittant la maison, j’avais déjà en tête ce que je choisirais comme entrée. Pourquoi ne l’ai-je pas commandée tout de suite, ma pastilla?… Elle mérite qu’on l’attende, quand on le peut. Tel n’est pas mon cas, ce soir. Un peu devin, sans doute, celui qui nous sert propose: "Je pourrais vous servir une harira pour deux… Cela vous permettrait de patienter." Et, presque sans délai, nous voici tournant le dos à l’hiver, un bol de chaude et délicieuse harira posé entre nous deux, nos appétits complices et nos cuillers synchronisées. Persil, céleri, tomates, oignons et pois chiches donnent à ce potage tout le corps qu’il mérite, et l’assaisonnement laisse poindre une petite dominante de coriandre fraîche. Quand sa majesté la pastilla daigne sortir du four, brûlante, dorée à souhait, le feuilletage pelant par endroits, elle se poudre de sucre glace avant de se présenter devant moi. Nous passons outre les préliminaires pour nous révéler l’un à l’autre, moi et mon appétit qui crânera jusqu’à la fin, elle et sa farce d’amandes croquantes, de persil, de poulet savamment assaisonné. Mon invitée y goûte aussi – un peu -, mais ne manque pas de me vanter les mérites de ses feuilles de vigne maison, décorées d’une cuillerée de tsaziki, dont j’apprécie autant la délicatesse que l’absence absolue d’acidité. J’ignore ce que mangent les cinq clientes attablées sous la petite fenêtre, mais elles ont l’air d’apprécier autant que nous. Le vin donne à leurs voix de beaux éclats de cristal. Au service suivant, mon invitée accueille un tajine au poulet et aux pruneaux servi de manière non conventionnelle, c’est-à-dire disposé autour d’un petit monticule de semoule. Sucrée, la sauce ne l’est pas trop; pas sirupeuse non plus. Quoique différente, elle se compare en termes de réussite à celle de mon propre tajine. Présentation identique à la précédente. Mais mon plat est aux artichauts et, comme cela se fait parfois au Maroc, on y a glissé quelques morceaux de citron confit. "Pour vous faire goûter à notre couscous maison…" Tels sont les mots qui accompagnent la venue d’une troisième assiette, plus petite, qu’on pose entre nous deux et qui me fait presque paniquer. Déjà qu’après la pastilla, je rêvais d’une longue marche digestive! Oui ou non? C’est ce que je me demande in petto ("car je parle cette langue", ajouterait San Antonio). Mettant toute gêne de côté, je me réponds "oui" et suggère qu’on me prépare un doggie bag. Thé, café ou dessert? Je me contente d’une chanson de Cheb Mami, histoire de refaire le plein d’énergie.
Restaurant Un thé au Sahara
7, rue Sainte-Ursule
Québec (Québec)
Téléphone: (418) 692-5315
Repas du midi à partir de 10,95 $
Plats à la carte (soir): 12,95 à 19,95 $
Souper pour deux (incluant les taxes): 54,18 $
Fais ce que tu aimes…
Un constat simple: les métiers de bouche intéressent moins les jeunes depuis quelques années. On peut trouver à cela bien des explications, évoquer entre autres une reconnaissance "officielle" qui tarde à venir. Plutôt que de se perdre en conjectures, une équipe de professionnels rattachés au Centre intégré en alimentation et tourisme (CIAT) a réalisé le court métrage projeté en première le 22 janvier: Fais ce que tu aimes: cuisinier. Les enseignants chargés du projet, Marlène Gagnon, Éric Villain et Olivier Neau, ainsi que les réalisateurs Maryline Laflamme et Patrick Péris, annoncent pour bientôt une tournée des écoles secondaires. Renseignements: (418) 525-8738.
Chefs pour emporter
Lancé le 31 janvier dernier par Marie-Chantal Lepage, présidente de la Fédération canadienne des chefs cuisiniers (FCCC), et Christophe Alary, enseignant au Centre intégré en alimentation et tourisme (CIAT), le concours Chefs pour emporter se poursuit jusqu’au 21 mars. Le grand gagnant recevra chez lui deux chefs de la FCCC qui lui concocteront un véritable festin de roi pour quatre personnes. On attribuera également un second prix, soit "La vitrine du marché", d’une valeur de 700 $, constituée de produits du Marché (viande d’émeu, fromages fins, terrines, vins, cidres, mistelles, etc.). De quoi rendre encore plus excitant le Marché d’hiver! Renseignements: (418) 692-2517.