L’espace est réconfortant en ce février frisquet. Murs rouge orangé enflammé et ocre chaud, tables élégamment nappées de bleu outremer, bougies, fleurs. La décoration y est simplissime, les couverts aussi, mais on retrouve là un mélange de resto chic et de bistro de quartier qui ne déplaît pas, loin de là.
Il est indécemment tôt – soirée au cinéma oblige! – lorsque Laurier et moi entrons dans le petit resto. C’est pourtant sans rechigner qu’on accepte d’accommoder notre horaire un peu serré, et c’est avec fraîcheur et enthousiasme que l’on continuera de nous servir tout au long du repas. Nous feuilletons le menu tout en attaquant à grands coups de cure-dents de délicieuses rondelles de carottes marinées, amuse-bouche offert par la maison. Peu coûteux, rafraîchissant et combien sympathique. La carte offre une étrange fusion de cuisine des pays de la Méditerranée: soupe marocaine, salade césar, bœuf à la provençale, poulet à la basquaise, couscous. Les prix sont raisonnables – de 4 à 6 dollars pour les soupes et salades; 12 à 20 dollars pour les plats.
Nous ouvrons avec, pour lui, une soupe marocaine absolument succulente. Dans un bouillon goûteux, épaissi à la tomate, flottent des pois chiches encore un peu fermes et une merveilleuse saveur de coriandre. De mon côté, un potage aux pois jaunes et safran à l’espagnol est réconfortant, mais il y manque un petit quelque chose pour me sortir de la cabane à sucre. Un pain maison au fenouil incite au péché sans retenue!
Laurier poursuit avec une assiette d’agneau glacé au vin d’Alsace, olives noires et légumes du marché. Il est d’abord un peu déçu par la viande qui est ici cuite à cœur et finement tranchée. Des olives en conserve se contentent de mettre un peu de couleur pendant qu’un mélange de riz et de légumes variés (carottes, courgettes) garnissent l’assiette. Mais le jus de cuisson dans lequel tout cela baigne est tellement savoureux que nous pardonnons tout en y faisant trempette avec le pain restant.
Pour ma part, un copieux couscous royal viendra combler mes attentes. Poulet, agneau, boulettes de bœuf haché assaisonnées et merguez réjouissent. Les viandes sont tendres et goûteuses et peuvent, au besoin, être rehaussées d’un peu de harissa incendiaire. La semoule est bien faite, ni collante ni sèche, et toute une panoplie de légumes la décore: carottes, courgettes, pois chiches, oignons, céleri… Pour ajouter au plaisir on complète d’une merveilleuse confiture d’oignons et raisins, relevée de juste ce qu’il faut de cannelle pour ne pas m’effaroucher.
Enfin, nous finissons avec des pâtisseries méditerranéennes: enveloppe aux amandes, enrobée de miel et très subtilement parfumée à l’essence de lavande; un chebbakia au fenouil, graines de sésame, miel et essence de fleur d’oranger. Toutes deux sont fines, sucrées comme le veut la tradition régionale et gentiment accompagnées de fruits frais.
Un copieux repas pour deux vous coûtera une cinquantaine de dollars avant vin, taxes et pourboire. Tout à fait raisonnable pour une cuisine simple, mais réjouissante et un service avenant.
Bistro du Boulevard
182-A boul. St-Joseph
Gatineau (secteur Hull)
Tél.: (819) 771-3131