Restos / Bars

L’Amuse-gueule : Bien traités

C’est souvent au hasard d’un détour que l’on fait les plus charmantes découvertes. C’est ainsi qu’en voulant me rendre dans le Chinatown, je suis tombée sur un petit resto qui m’incitera à revenir dans ce coin de la ville que j’ai depuis longtemps délaissé. Jadis véritable paradis de la brocante, la rue Wellington, entre Parkdale et Bayswater, a été désertée et tente maintenant de se redonner une vocation. Espérons que L’Amuse-gueule aidera à refaire voguer le bateau.

Ce sont les immenses fenêtres qui ont d’abord attiré mon attention sur cet immeuble récent et de bon goût. Un décor tout ce qu’il faut de réjouissant, bardé de rouge, de bleu, de vert pommette offre un accueil presque aussi chaleureux que celui des propriétaires, Alain Deniannay et Esmerelda Rodrigues. Une quinzaine de places, tout au plus, pour retenir l’heureux client qui a envie de se faire servir sur place. Car il faut le dire, si le resto n’existe que depuis le mois d’août, l’endroit propose un service de traiteur et des plats à emporter depuis maintenant huit ans.

Le menu ?- que l’on aimerait bien voir bilingue, les proprios maîtrisant si bien la langue de Molière… – se fait très simple: une table d’hôte offrant deux choix d’entrées, de plats et de desserts; un menu bistro (à la carte) proposant à peine cinq-six items de plus. Pour les angoissés de la prise de décision – dont je suis – c’est un programme qui simplifie nettement la vie! Côté vin, c’est la même chose: deux-trois blancs, quatre-cinq rouges, bien choisis et à bon prix.

Nous partagerons d’abord une terrine de fruits de mer tout à fait charmante dans laquelle se trouvent emprisonnés, entre des couches poissons finement hachés, de petits pétoncles entiers. À peine arrosé d’un filet de balsamique, c’est frais et bon. Mais il fait froid et la soupe s’impose. Mon ami ne saura résister à une soupe à l’oignon fumante, goûteuse, sur laquelle flottent des croûtons de baguette gratinés de fromage. Plaisir simple et rustique. De mon côté, un potage de courge et gingembre n’a peut-être pas la texture fine qu’on lui souhaiterait, mais il a certes la saveur franche.

La suite ne nous décevra en rien. Côté mâle, on fait dans le steak-frites. Une belle pièce de viande, cuite à la perfection, accompagnée de frites maison bien dorées et d’un joli mesclun rafraîchissant. Il n’en restera miette. Plus tendre, j’y vais d’un filet de veau nappé d’une délicate sauce au porto et champignons. Triangles de polenta frits et légumes sautés viennent garnir une assiette tout en finesse.

Devant tant de joie, nous décidons de poursuivre sur une note sucrée. On reprochera à la crème brûlée à l’espresso un miroir plutôt raboteux et cristallisé, mais on lui accorde une bonne note côté parfum. Un vacherin – alternance de meringues fines et croquantes, et de sorbet – termine mon repas sur une note de légèreté et de fraîcheur.

Un repas pour deux va chercher dans les 50$, avant vin, taxes et pourboire. Le menu du midi offre sandwiches (5,25$), salades (4,25$), et table d’hôte (8,95$), tous alléchants. Si la qualité est comparable au menu du soir, c’est un endroit à adopter.

L’Amuse-gueule
1100, rue Wellington, Ottawa
Tél.: (819) 234-9400 www.lamuse-gueule.com