Restos / Bars

La Rizière : Voyage au bout de l'Asie

Il ne suffit pas qu’un mets sorte de l’ordinaire; encore faut-il que le dépaysement s’accompagne d’un minimum de plaisir. La Rizière m’a procuré un peu plus que ce  minimum.

C’est à une lectrice que je dois cette découverte. Je n’avais pu l’aider à retrouver le nom et le numéro de téléphone de cet établissement qu’elle avait apprécié et dont j’ignorais même l’existence. Ayant fini par le retrouver, elle m’a aimablement communiqué les renseignements… que je mets à profit, ce soir, pour découvrir cette cuisine malaise mâtinée de chinois. Des menus affichés à l’entrée accrochent l’œil au passage: sambal satang (calmars), agneau au curry rouge, bœuf "Feu d’artifices", soupe "Soleil ardent"… Tout au fond de la grande salle à manger, nous escaladons trois ou quatre marches de bois pour aboutir dans une pièce aux murs de vieilles pierres. Son plancher de bois patiné par le temps, ses chiches fenêtres, son plafond cathédrale aux poutres apparentes lui valent le surnom de "chapelle". Lieu de recueillement? Oui, pour quelques minutes, le temps d’un "Selamat Datang!" – deux mots qui vous souhaitent la bienvenue et, indirectement, vous invitent à parcourir une carte où rien ne rappelle les restos asiatiques habituels. À quelques rares exceptions près, certes, mais ces exceptions elles-mêmes s’octroient la fantaisie d’une petite originalité, ce dont nous ne douterons pas à la fin du repas. Une gorgée de Tsingtao, une hésitation, un cri de triomphe tout de même modeste: "Pour moi, ce sera la "Mignonne BBQ"…" Comme je me débats encore parmi les calmars sel et poivre, canard lotus, pétoncles aux amandes et "variété de La Rizière" (rouleau, satay de poulet, poivrons farcis aux crevettes), mon invitée en profite pour se choisir une seconde entrée. Deux, trois fois, la jeune serveuse revient répondre à nos questions, enjouée et bien au courant de ce qui se passe dans les cuisines. Mon invitée termine sa bière et commande un verre de vin blanc maison. Trois clientes arrivées après nous entament leurs entrées. "Alors… et nous?" Ma faim s’impatiente. "Elles ont choisi la table d’hôte", explique doucement mon invitée. Le premier plat servi est le "wonton sauce arachides": plusieurs wontons, en fait, assouplis par la sauce épaisse et semés de graines de sésame, tout cela dans une assiette creuse chemisée de laitue. Bien trop piquant pour moi, ça! Je me le répète à chaque bouchée, les sens étoilés d’étincelles qui me picotent partout. Il faut dire aussi que cette sauce aux arachides a le mérite d’une petite "touche secrète" à laquelle je ne cherche aucune explication. "C’était mon entrée à moi, tu sais", rappelle doucement mon invitée. Par chance, il y en a une autre qui s’amène, soit la "Mignonne BBQ". Des côtes levées courtes, servies sur feuille de bananier et badigeonnées d’une sauce dont le goût discret ne masque pas celui de la viande. Mon invitée les nappe généreusement de sambal oelek, et déguste, et savoure. Autant me contenter de mes "dim sum variés", qu’accompagne une sauce à base de vinaigre de riz et de gingembre. Il y en a six en tout, au bœuf, aux crevettes et au poulet. Ma préférence va à ces derniers, qui se révèlent plus goûteux. Au service suivant, alors que l’appétit rechigne et trébuche, nous attaquons bravement nos plats de résistance. Pour moi, le "canard emmitouflé"! Détaillée en fines tranches bordées d’une croûte translucide qu’on croirait sucrée, la chair légèrement croquante du volatile se présente escortée d’oignons verts et de concombre taillés en brins. À côté, quatre gros beignets (qui font plutôt penser à des pains) que vous ouvrez pour les badigeonner de sauce hoisin, les garnir à votre guise et y mordre à pleines dents. Délice! À peine ai-je terminé le premier que je fais signe à la serveuse pour évoquer avec elle la question du doggy bag. "Pour moi aussi", complète mon invitée, dépassée par les événements – en l’occurrence une monumentale assiettée de "nouilles classiques à la cantonaise" où s’entremêlent carottes, racines de lotus, maïs nain, bœuf, poulet, porc, etc. Les nouilles frites y restent croustillantes malgré l’abondance de sauce. Notre repas s’achève sur quelques gorgées de thé au jasmin que nous étirons indéfiniment, histoire de ne pas renouer trop vite avec la réalité.

Restaurant La Rizière
3604, chemin Royal
Beauport (Québec)
Téléphone: (418) 663-8118
Menu du jour à partir de 7,50 $
Table d’hôte: 19,95 $
Souper pour deux (incluant boissons et taxes): 58,09 $

Bons baisers du Périgord
Pendant tout le mois de mars, le Bistrot Le Moulin à poivre vous propose, en table d’hôte ou à la carte, quelques-uns de ses classiques périgourdins. Du jarret d’agneau confit sauce romarin au magret de canard laqué au miel, en passant par le manchon de lapin confit, la cuisse de canard confite, le cassoulet sarladais, le foie gras poêlé aux abricots confits, le tournedos Rossini, sans oublier le pâté en croûte, nouveau venu sur la carte. Choix intéressant de vins au verre ou à la bouteille. Renseignements et réservation: (418) 656-9097.