Restos / Bars

Royal Treasure : Ne lisez pas cette chronique

La vie de chroniqueuse est faite d’itinérance: jamais le même resto deux soirs de suite. De coups de foudre en déceptions, on additionne les "rencontres"; les relations stables se font plus rares. Mais on a nos favoris, ces petits endroits où on se pointe, les soirs où on veut manger sans travailler. Et détrompez-vous, ce ne sont pas nécessairement les grandes tables. Un sri-lankais ici, un bistro sympa là, et mon chinois. Celui dont je vous parle aujourd’hui, presque à mon corps défendant, de peur de le voir soudainement  envahi.

Je fréquente le Royal Treasure depuis une bonne dizaine d’années. C’est un de ces restos du Chinatown aux murs de faux bois, aux luminaires kitsch et aux nappes roses. Ajoutez à cela une devanture tout ce qu’il y a de moche et, si j’ai de la chance, vous n’y entrerez pas! Car une fois la porte passée, c’est foutu.

L’accueil est toujours assuré par la maîtresse des lieux, fidèle au poste depuis mes toutes premières visites, souriante juste ce qu’il faut, efficace au-delà de la norme. Elle connaît son menu, vous déconseillera avec insistance la "hot & sour soup" grand format, si vous n’êtes que deux – "it’s too much, too much!" – et, sur demande, vous fera part de ses préférences en termes de tofu frit et autres plaisirs gourmands.

Donc, un soir de milieu de semaine, 19 h, la place est bondée. Elle peut tout aussi bien l’être à 15 h un samedi ou à 21 h un jeudi. Les affaires roulent. La clientèle, majoritairement chinoise, est aussi très souvent indienne, somalienne, vietnamienne. Comme quoi toutes les cultures s’entendent quand il s’agit de bien manger.

Comme dans bien d’autres établissements du genre, le menu propose 261 plats différents issus des cuisines séchouanaise et cantonaise. Je disais que j’y venais pour me reposer; j’y ai donc mon menu quasi statique, sûr, toujours satisfaisant. J’y ajoute une pointe de fantaisie, un nouveau plat, par-ci par-là, mais il y a des valeurs sûres auxquelles on ne me fera pas renoncer. Nous ouvrons donc avec un bol (petit format, faut-il le préciser!) de "hot & sour soup". La meilleure en ville, je le jure! Une base riche, bien épicée, regorgeant de champignons, de tofu, avec carottes et pousses de bambou en julienne, œuf battu, oignon vert. À 6,95 $, on en ferait un repas de pur bonheur.

Suivent des petites crêpes Mu Shu que l’on nappe abondamment de sauce hoisin et que l’on garnit de poulet, œuf en omelette et julienne de légumes, un peu à la manière des fajitas mexicains. Un autre favori, toujours bon. Nous poursuivons avec un bœuf à la sauce de haricots noirs, qui me déçoit un peu, mais je suis mauvais juge, n’ayant que peu de penchant pour cette sauce. Par contre, je me réjouis d’un plat d’aubergines fondantes, poivrons verts et rouges, porc émincé, dans une sauce à l’ail. Et que dire du tofu Tung Kwong – une de ces judicieuses recommandations de la proprio: gros cubes de tofu farcis de porc haché, frits, et servis sur des bok choi légèrement sautés. Un gros bol de riz viendra servir de support à tous ces plaisirs que l’on arrosera de thé bien fort et souvent renouvelé.

Et comme toujours, l’addition se fait discrète: une quarantaine de dollars pour un repas copieux – et une demi-douzaine de petits plats dans mon congélateur, pour les jours gris! – avant taxes et pourboires. Chaque plat coûte entre 5 $ et 11 $, et les portions sont plus que généreuses.

Royal Treasure
774, rue Somerset
Ottawa
Tél.: (819) 237-8827