Une visite, quelques mois après l’ouverture, en 2002, m’avait convaincue que la cuisine valait le détour. Mais côté confort, c’était du niveau McDo. Dix-huit mois plus tard, après un intermède de rénovations, la surprise est de taille. La petite salle aux tables de plastique a pris du cachet, avec un nouvel ameublement franchement plus élégant. On a mis à profit les étages supérieurs, quadruplant presque la superficie. En haut comme en bas, les salles sont lumineuses, les teintes chaudes, et les superbes murs de pierres habilement mis en valeur.
Notre serveuse, un peu débordée en ce mardi midi, est tout à fait sympathique. C’est au pas de course qu’elle passe d’un étage à l’autre, des cuisines aux tables, souriante dans l’essoufflement. Le menu qu’elle nous présente ne déboussolera pas trop le néophyte, plutôt habitué au tex-mex, mais on sent ici une couleur locale nettement moins américaine. Des spéciaux sont offerts au dîneur pressé du midi, mais aujourd’hui, nous testerons la carte.
John ouvre avec une soupe azteca, solide base de tomate dans laquelle nagent poulet, tortillas de maïs et un peu de fromage. Rien de très fin, mais c’est savoureux et consistant. J’y vais d’une drôle de petite entrée baptisée "Avocados in a blanket". Des tranches d’avocat bien mûr sont emprisonnées dans une fine feuille de pâte et prestement frites, pour des contrastes chaud-froid et croustillant-moelleux très réjouissants. Une sauce moutarde et miel ramène habilement les saveurs. Sorte de rouleaux de printemps mexicains, cette entrée pas du tout traditionnelle est une des rares licences que le chef inventif se permet.
Mon ami fait suivre de quesadillas, alors que j’y vais d’un Huarache. De son côté, trois petits chaussons de pâte fourrés aux pommes de terre et chorizo (saucisse épicée) sont très légèrement nappés d’un filet de crème sûre et d’un peu de fromage. Simplement présentés sur un lit de laitue hachée – on peut commander d’autres accompagnements, si l’appétit nous en dit -, ils sont très savoureux, mais auraient gagné à être accompagnés de salsa, pour mouiller un peu le tout. Mon assiette, elle, se présente comme une épaisse tortilla moelleuse nappée de salsa verde, de haricots, de poulet, de crème sûre et de lanières de cactus. Ces dernières, légèrement marinées, ont une texture située entre le poivron vert longtemps cuit et le cornichon, avec une pointe d’acidité. Le mariage des goûts est réjouissant et l’ensemble, très copieux. Nous arrosons le tout de bière mexicaine Dos Equis bien fraîche.
Côté desserts, j’aurais bien aimé goûter leur flan – j’en connais un délicieux… à Québec! -, mais après de telles agapes, l’enthousiasme se faisait lent et lourd. Nous repartons donc joyeusement repus.
On espère maintenant que les clients feront honneur à ce très bel espace et viendront découvrir une cuisine mexicaine nettement moins pesante que ce à quoi nous ont habitués tous les tex-mex de ce monde. Et, pour moins de 35 $ pour deux, avant bière, taxes et pourboire, ça demeure tout à fait raisonnable.
Calendario Azteca
41, rue William
Ottawa
Téléphone: (819) 241-6050
Petite annonce: Le Laurier sur Montcalm n’est plus. Fleuron de la restauration outaouaise, l’établissement restera une référence dans notre patrimoine gastronomique. Son chef, George Laurier, a décidé de relever d’autres défis et c’est avec enthousiasme qu’il prend les rênes des cuisines du Café Henry Burger, rien de moins. C’est avec un immense plaisir que nous l’y retrouverons.