Certains me reprocheront mon entêtement à trouver un italien qui vaille que l’on sorte de chez soi. Mea culpa. J’ai encore péché et j’ai encore été déçue. Alfonsetti’s a pignon sur rue chemin Hazeldean depuis de nombreuses années. Si l’extérieur de la modeste maison qui l’abrite est sans intérêt – surtout à côté de la superbe demeure qu’occupe maintenant, et tout à côté, Cabotto -, l’intérieur a plus de charme et de chaleur. Des murs d’un écarlate chaud, des tables élégamment nappées, un éclairage tamisé. Le service est jeune et sympathique, quoique un peu familier.
Nous ouvrons, elle avec des calmars frits, moi avec une stracciatella a la Romana. Les rondelles de calmar sont très légèrement panées – comme on les aime! – et simplement arrosées, au goût, d’un trait de jus de citron. Pas mauvaises, elles sont malheureusement un brin résistantes sous la dent. La stracciatella, cette soupe toute simple faite d’un bouillon de poulet brûlant dans lequel on cuit œuf battu et persil, est correcte: on a connu bouillon plus goûteux. Un jet de vin rouge et un peu de parmesan viendront hausser le niveau. Le pain, que l’on nous sert avec une huile d’olive bien ordinaire, est mou et sans intérêt aucun.
Lucille fera suivre d’un carré d’agneau sauce au Calvados franchement décevant. Découpé en côtelettes disposées autour d’un faux risotto au vin rouge, l’agneau est trop cuit. Quatre demi-pommes de terre bêtement grillées au four nous rappellent que le duo riz-patate n’est pas que l’apanage des brochetteries, malheureusement. On cherche le Calvados dans la sauce qui mouille le fond de l’assiette, alors qu’un mesclun quelconque termine un plat dont on ne s’ennuiera pas. Les 32 $ qu’on nous en demandera (alors que tous les autres plats de viande varient entre 14 $ et 22 $) viennent ajouter l’injure à l’insulte.
De mon côté, j’hérite de spaghettis carbonara plus qu’ordinaires. On a troqué la pancetta pour des bouts de bacon et, si les pâtes sont cuites juste ce qu’il faut, elles baignent dans une sauce huileuse et sans onctuosité. La nuit blanche qui suivra confirmera qu’on a coupé les coins ronds côté fraîcheur des œufs ou de la crème… Quand un plat est fortement recommandé par le chef – mention au menu -, on s’attend à ce qu’il soit infailliblement réussi.
L’enthousiasme est à la baisse, mais nous nous laissons aller au péché du tiramisu. Que nous partagerons, quand même! En décrivant les desserts, la serveuse présente celui-ci comme un gâteau éponge à l’espresso… Je me fais sceptique, mais crois qu’elle pousse simplement un peu la vulgarisation. Que nenni! Nous voici devant une éponge imbibée à outrance de café sucré, à peine tartinée de mascarpone. L’horreur. Surtout à 8,95 $.
C’est sans tristesse que l’on quittera la place, après s’être fait dire, gentiment, mais quand même, qu’on avait décidé de fermer une demi-heure plus tôt… Nous ne valions pas la peine que le personnel finisse son quart de travail. L’addition, pour un repas pour deux pas très réussi, s’élèvera à près de 70 $, avant vin, taxes et pourboire.
Alfonsetti’s.
5830, chemin Hazeldean
Stittsville
Tél.: (613) 831-3008
Petite annonce: c’est samedi dernier que Tourisme Outaouais remettait les grands prix régionaux lors de son gala 2004. Côté restauration, Les Fougères l’emporte encore cette année dans la catégorie Développement touristique, alors que la palme "Gastronomie" revient au Pommier d’Argent. Autre belle victoire: le Rendez-vous des saveurs de l’Outaouais est grand gagnant dans la catégorie Manifestation touristique – budget de moins de 500 000 $. Les lauréats passent maintenant à la finale nationale. Je vous encourage fortement à voter pour l’un de nos représentants régionaux pour le prix du public en visitant le site www.bonjourquebec.com.
Vous avez jusqu’au 3 mai à midi pour voter.