Puisque nous nous y sommes pris un peu tard pour réserver, on nous offre une table dans l’Oasis, sorte de hall ouvert à l’entrée du restaurant. Pas aussi chic, mais comme la vue sur le canal, en ce printemps mouillé, est plutôt triste, nous nous sentons moins perdants. Après tout, ce sera la même cuisine du chef Kurt Waldele. Pour aménager ce drôle d’espace, on a misé sur un concept moderne et un brin farfelu: on a troqué les fauteuils blancs et le look épuré de la salle à manger pour un bariolé de couleurs primaires et des chaises-sculptures originales et follement… inconfortables!
Mais avant même de nous asseoir, il aura fallu faire appel à toute notre patience, le service semblant bouder le comptoir d’accueil où nous étions une bonne dizaine à faire le pied de grue. Un bien mauvais départ pour un établissement de cette classe. Pas même un petit signe de reconnaissance pour rassurer le client négligé. L’envie de s’indigner et de tout quitter était là, mais pour aller où, alors que le concert nous attendait dans une heure et demie à peine? Heureusement, le serveur qui s’occupa de nous par la suite fut tout à fait charmant et efficace.
Mon convive ouvre sur un velouté de carottes et navets très savoureux et à la texture fine, pendant que je me m’aventure dans les dédales d’une assiette de tartare d’albacore (thon à nageoires jaunes), hachis d’oignon rouge, maki-sushi à l’omelette, julienne de gingembre mariné et œuf de caille. Ouf! Textures et saveurs se répondent habilement et créent un ensemble sympathique.
La suite s’avère plutôt réjouissante. Un mignon de veau de lait aux girolles, rosé et tendre, est nappé de fromage Oka et accompagné de bok choy, chou rouge mariné et autres petits légumes. Un délicieux caneton du lac Brome rôti à feu doux et relevé à l’orange sanguine et au zeste de citron confits sera marié aux mêmes légumes, en plus d’une malheureuse purée de pommes de terre franchement sèche et à peine tiède. Ça sent le débordement en cuisine: une salle pleine est attendue à l’opéra à 20 h.
Pour finir, un gâteau au Screech (spiritueux à base de rhum jamaïcain typique de Terre-Neuve) est un peu triste, alors qu’une crème brûlée, bien que savoureuse, n’offre pas le plaisir d’un miroir craquant. Un bon espresso sauvera la finale!
Bref, une cuisine pleine d’idées et de brillants mariages, mais où l’on sent la pression d’une exécution ultra-rapide. Et à 95 $, avant vin, taxes et pourboire, on pourrait rêver d’une qualité plus égale. Les entrées vont de 6,50 $ à 12,95 $, les plats de 20,95 $ à 34,95 $. Un menu plus simple, mais peut-être plus détendu, est offert en après-concert, soit à partir de 20 h, proposant une table d’hôte de trois services pour 19,95 $ (au lieu de 39,95 $), et un menu léger de fin de soirée est aussi offert après 21 h 30.
Le Café du CNA
53, rue Elgin
Ottawa
Tél.: (613) 594-5127