Par ce mercredi soir pluvieux et froid, le quartier italien se fait tranquille. Devant la porte, un grand monsieur fume. Nous prenons quelques instants pour jeter un coup d’œil à la carte. "Si vous n’êtes pas satisfaits, je paie votre repas!" Nous venons de trouver le fameux Nino, propriétaire de la place. Et celui-ci d’ajouter: "Si vous avez envie de quelque chose qui n’apparaît pas au menu, demandez-le et on vous le fera." Lourd engagement.
La salle, d’abord, est des plus traditionnelles. Une vraie trattoria pleine à craquer en ce soir de semaine, bruyante, au décor surchargé: boiseries et tableaux kitsch côtoient tables aux nappes blanches et atmosphère confortable. Le service est courtois, enjoué, et le personnel, très bien renseigné sur ce qui se fait en cuisine.
Olives et piments forts nous sont offerts pendant que nous étudions un menu tout ce qu’il y a de traditionnel: minestrone, calmars, carpaccio, pâtes à toutes les sauces, du veau, beaucoup de veau, du poulet aussi, et quelques poissons et fruits de mer. Tomates et crème sont à l’honneur, pour une cuisine rustique, un peu lourde, mais combien savoureuse. Le tout est accompagné d’une belle carte des vins, très italienne, un peu chère mais bien bâtie.
Prenant le patron au mot, Michel commande une entrée de pâtes toute simple: cheveux d’ange arrosés d’un peu d’huile d’olive, d’ail et de citron: finement al dente, frais et pas trop aillé. De mon côté, des gnocchis maison sont fondants et savoureux sous leur sauce au gorgonzola, là aussi faite sur demande.
C’est un bon départ qui sera suivi, pour lui, d’un osso buco un peu lourd dans les saveurs, mais à la viande tendre. Malheureusement, pas de gremolata, ce petit mélange de zestes d’agrumes, ail, huile d’olive et persil plat qui rehausse si bien l’osso buco. Le tout est accompagné d’un risotto a la paesana: asperges, pois, courgettes, haricots blancs. Le riz est un peu trop cuit, mais très goûteux.
Le poulet a la siciliana – sauce tomate maison, olives, oignons rouges et un brin de piment fort – offre des saveurs franches. Le poulet en escalopes est tendre, mais l’ensemble manque de piquant. Le risotto aux champignons qui, pour trois petits dollars supplémentaires, remplace les carottes et pommes de terre, est assez bon; encore là, le riz est très cuit, mais les champignons sont bien présents et l’ensemble est onctueux sans tomber dans la crème.
Les portions étant très généreuses, nous n’arriverons pas à finir nos assiettes, refusant d’un même souffle toute allusion aux desserts. Nous ne repartirons peut-être pas éblouis, mais tout de même contents et satisfaits d’un repas où la tradition est reine. L’addition se montera à une soixantaine de dollars pour un copieux repas pour deux, avant vin, taxes et pourboire.
Giovanni’s
362, rue Preston
Ottawa
Tél.: (613) 234-3156