J’ai une confiance aveugle en mon amie. Heureusement! Elle m’attend en ce midi de juin assise à une table de pique-nique défraîchie, devant ce qui fut jadis une autre pizzeria du Vieux-Hull. L’endroit ne paie pas de mine et il faut presque du courage pour y pénétrer. L’intérieur est simple: sept, huit tables en formica, des chaises de vinyle turquoise au chrome joyeusement rétro, des photos du Salvador… et Roberto. Un accueil qui incitera même les plus rebelles à s’attabler!
Roberto aime son pays et il a la "prospérité" de celui qui en aime aussi follement la cuisine! Sympathique, tout sourire, il invite à la conversation. Il nous expliquera qu’après avoir roulé sa bosse chez les Mexicains du coin, il a changé de cap. Conscient de la difficulté que les immigrantes âgées, ne parlant ni anglais ni français, peuvent avoir à trouver du travail, il a créé une petite coopérative gastronomique. Tous mettent la main à la pâte – littéralement! – pour recréer les saveurs de leur pays.
Le menu offre quelques plats mexicains, en plus des classiques salvadoriens qui nous occuperont aujourd’hui. Pour ouvrir, une soupe pour le moins différente: un bouillon dans lequel nagent des morceaux de chayote (de la famille des courges), un tronçon d’épi de maïs et toutes sortes de bouts de bœuf qu’on n’a pas l’habitude de manger… et qu’on ne nous force pas à avaler! Si l’ensemble n’est pas invitant, le bouillon est tellement goûteux, surtout relevé de coriandre fraîche et de limette, qu’on en oublie le reste.
Nous poursuivons avec, pour elle, un sandwich et, pour moi, une assiette-combinaison. Le Pan con Pollo est un généreux pain portugais (!) garni de poulet cuit dans une sauce tomatée, de laitue, concombre, tomate et chou mariné. Relevé, au goût, de sauce épicée et servi avec une salade toute simple, mais bien fraîche, l’ensemble est copieux et bon.
Plus compliquée, j’y vais de trois spécialités: un tamal, sorte de crêpe épaisse, à la texture proche de la polenta, farcie de poulet et servie dans une feuille de bananier; deux pasteles, chaussons de farine de maïs garnis de viande hachée et de légumes, le tout frit pour une texture croustillante, et qu’on relève de sauce pimentée; enfin, un pupusa, petite galette aussi farcie de viande hachée, à garnir au goût de sauce piquante, de sauce tomate maison et de chou mariné (attention, il ne s’agit pas ici de ces salades vinaigrées qui font grimacer, mais d’un condiment beaucoup plus subtil!). Tous sont également savoureux et réjouissants. Et à 5,50 $ l’assiette, on y découvre vite un goût de "r’venez-y"! Nous arrosons le tout, elle d’une Cebada, boisson à l’orge sucrée, laiteuse et follement rose, alors que j’y vais d’un Fresco de tamarindo, à base de tamarin, aigre-doux. Nous votons unanimement pour ce dernier.
Au dessert, on propose une pâtisserie à l’ananas, bonne, mais un peu sucrée pour moi, et une Quesadilla de queso, sorte de gâteau éponge au fromage, surprenant, mais très savoureux. Il ferait des merveilles à l’heure du thé.
Un repas pour deux qui vous déleste gentiment d’un gros 25 $, avant taxes et pourboire…
El Pavo Loco
53, rue Vaudreuil (coin Leduc)
Gatineau, secteur Hull
Tél.: (819) 771-8625