Il fait trop chaud pour se vautrer dans le foie gras ou le canard laqué. On veut des terrasses, des mojitos, des rosés, des glaçons qui tintent joyeusement dans le verre de limonade. Aujourd’hui, chronique un peu hors de l’ordinaire, cinq bonnes petites tables, testées et retestées pour vous, afin de garnir votre carnet d’adresses légères et de vous permettre ensuite d’aller danser dans les parcs de la ville, la taille mince et le regard langoureux.
Premier arrêt: Vasco da Gama, 1472, rue Peel, (514) 286-2688
Au pays du sandwich, on peut trouver des endroits franchement impressionnants. Le premier, et aussi le dernier-né puisqu’il a ouvert ses portes au début du mois, s’appelle Vasco da Gama. Avec un nom pareil, on s’attend à de grandes découvertes. Qui sont effectivement au rendez-vous. L’endroit est très beau, plutôt chic et offre une sélection de produits qui le classent immédiatement dans le peloton de tête, et très loin devant certains "restaurants" du coin qui vivent sur leurs lauriers.
Il y a un chef ici, un vrai, qui prépare ces petites choses que l’on picore avec appétit sur le coin de la table. Thierry Baron travaille avec beaucoup de bonheur à peu près tout ce qui lui tombe sous la main et change en plats divins la moindre salade de tomates de vigne. Il prépare de splendides petits sandwiches dans des pains portugais. Veau de lait, cochon de lait, poisson du jour se transforment en éloges au palais. Les produits du marché d’une impeccable fraîcheur trouvent ici un parfait artisan pour allumer vos midis. Son burger de thon, habillé d’une légère sauce tartare à l’huile fumée, de quelques feuilles de roquette et d’éclats de tomate, vaut à lui seul le déplacement. Service courtois, efficacité portugaise. Évitez d’y aller avec votre maillot de Zidane, en ce moment ils sont un peu nerveux…
Ouvert de 7 h 30 à 19 h 30 du lundi au samedi. Une quinzaine de dollars par personne avant boissons, taxes et service.
Deuxième arrêt: MBCO, 1447, rue Stanley, (514) 284-0404
L’endroit est beau, on y trouve les produits les plus chers sur le marché, le personnel est dynamique et le gros de la clientèle affiche une réussite sociale qui fait plaisir à voir. MBCO (The Montreal Bread Company) fait penser à un comptoir de Dean & Deluca, ce chicissime épicier new-yorkais conçu pour ceux qui n’ont jamais eu à faire leur épicerie. Le rappel est par contre intéressant si vous cherchez un petit coin divertissant où manger un sandwich au magret de canard, avec confit d’oignon (sic) et fromage de chèvre ou un soufflé chaud au chocolat sans farine.
Ouvert de 7 h à 19 h en semaine, samedi et dimanche de 8 h à 19 h. Une quinzaine de dollars par personne avant boissons, taxes et service.
Troisième arrêt: Soupe Soup, 80, rue Duluth Est, (514) 380-0880
Tous les étés, Caroline Dumas, la patronne de Soupe Soup, réussit à impressionner sa clientèle avec ses créations. Lorsqu’on a la langue collée au bitume et l’œil glauque de chaleur, on va chez elle et l’on plonge dans un petit bol de soupe glacée; carottes et pastis, cantaloup et verjus du Périgord, panais et poire ou concombre et mangue, les propositions honnêtes changent tous les jours. Un petit sandwich chèvre, portobello et poivrons grillés, un verre d’eau glacée citronnée ou parfumée à la badiane et on repart sautillant, l’âme et le corps de nouveau en harmonie avec la canicule.
Ouvert de 9 h à 21 h du lundi au vendredi et le samedi jusqu’à 17 h. Une dizaine de dollars par personne avant boissons, taxes et service.
Quatrième arrêt: Olive et Gourmando, 352, rue Saint-Paul Ouest, (514) 350-1083
Parmi les petits bonheurs de la semaine: s’asseoir le samedi matin à l’aube chez O&G, en tête-à-tête avec un croissant et une chocolatine. On lit le journal, peinard, on salue les habitués, on plane sur la musique qui habille bien la salle et l’odeur du café préparé avec amour par l’experte locale. Tout en douceur, tout en sérénité. Plus tard, les foules viendront, comme tous les midis de la semaine, s’arracher les sandwiches poulet, mangue, guacamole, les assiettes végétariennes, le prosciutto fumé, les brownies illégaux et les pains carrément indécents tant le croustillant aguiche. Le vin est arrivé; la bière aussi. La qualité générale n’en a pas souffert.
Ouvert de 8 h à 18 h, du mardi au samedi. Le jeudi, formule 5 à 7 étirée jusqu’à 22 h. Pourquoi voulez-vous toujours parler d’argent avec moi ?
Cinquième arrêt: Caffé Grazie Mille, 58, rue Fairmount Ouest, pas de téléphone (Viva l’Italia!)
Qui a dit qu’il fallait se ruiner pour manger et prendre un bon café? Pas moi. Ou alors, pas tout le temps. En tout cas, pas aujourd’hui. Donc, autre moment de bonheur de la semaine: tu vas chez Grazzie Mille, au coin de Clark et Fairmount, tu commandes un panini impeccable, prosciutto, viande des Grisons, fromage de chèvre, roquette, champignons; une petite salade pas compliquée. Tu t’installes à la terrasse, tu prends un espresso, tu parles avec les amis; tu prends un deuxième espresso, tu parles avec les amis; tu prends un troisième espresso, tu parles avec les amis. Ça s’appelle prendre son temps, rigoler, relaxer, "chiller", comme disent les modernes. Vivre. Comme il aime ses clients, le patron a fait venir d’Italie la machine pour faire du Illy glacé. Qu’il est fin. Pour le remercier, allez-y avec votre maillot de Zidane et le drapeau français. Les Italiens ont un grand sens de l’humour. Vous pouvez dire que c’est moi qui vous envoie.
Ouvert 7 jours sur 7. En été, du lundi au vendredi de 8 h à 21 h et la fin de semaine de 8 h à 18 h. En hiver, de 8 h à 18 h, tous les jours. Ça coûte trois fois rien. Bon, bon d’accord. Une dizaine de dollars par personne avant boissons, taxes et service. Faut me faire confiance; quand je vous dis que ça coûte rien, ça coûte vraiment rien.