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Zibibbo : Saga italienne – enfin le bonheur!

Ceux qui suivent cette chronique peuvent imaginer mon désarroi à l’idée de choisir un chef pour la page d’ouverture de la section "Italie" du Guide Restos Voir 2005. Quel chef italien mérite de se retrouver, tout sourire, en plusieurs milliers de copies à travers le Québec? Quel chef peut m’offrir cette assiette de pâtes qui ferait un tant soit peu chavirer mes papilles? Et voici que me revint le souvenir de  Zibibbo.

Jamais je ne chronique un même restaurant deux fois en un an, mais je m’en fais aujourd’hui un devoir, question de rectifier le tir! À ma première visite, l’été dernier, l’établissement en était à ses premiers balbutiements et j’avais trouvé à la cuisine toutes sortes de défauts. Pourtant, quelque chose me disait que Luigi Meliambro et Carmine Bucciarelli étaient capables de mieux. Et bien m’en prit d’aller confirmer la chose cette année.

Nous nous retrouvons donc, Michel et moi, dans cette modeste maison de la rue Somerset Ouest, un peu avant le quartier chinois. Le décor est léché, sans excès, couleurs douces, boiseries et faux-fini métallisé, tables élégamment nappées et œuvres d’art sur les murs. Le service est diligent, un brin goguenard, toujours professionnel. À l’étage, un lounge aux allures rétro propose des happenings artistiques et musicaux en fin de soirée. Car les proprios aiment la musique, toutes les musiques, et on ne s’en plaint pas.

La cuisine s’inspire de l’Italie du Sud, cuisine familiale, simple et fraîche, qu’ont connue Luigi et Carmine autour des fourneaux de leurs mamas. Pour ouvrir, on nous apporte quelques olives marinées maison et des crostinis tartinés d’une délicate purée de fèves blanches et de sauge. Voilà, en deux bouchées, la savoureuse simplicité de l’Italie. Je poursuis avec une salade follement rafraîchissante: radicchio, fenouil, endives et orange sont liés avec une légère vinaigrette à l’orange et au basilic. C’est tout. Rien de compliqué, juste des saveurs franches. Michel décide de faire un brin "mononcle" et se compose un menu de salade César et de spaghettis aux boulettes de viande! La salade est de facture classique, bien faite, croquante à souhait, pas trop "noyée" dans la sauce et pas trop aillée non plus, avec, comme touche d’originalité, de gros croûtons tartinés d’huile d’olive, d’anchois et de parmesan. Décadent.

Il poursuit avec ses pâtes: des spaghettis cuits à la perfection, nappés d’une sauce tomate toute simple et bien goûteuse, et décorés de boulettes de veau et porc tendres et savoureuses. Une belle réussite pour ce classique revisité. Pour ma part, j’y vais de gnocchis de pommes de terre dodus et fondants, baignant dans une sauce ragù au fenouil et à la saucisse bien relevée. De loin les meilleurs que j’ai mangés, ici et ailleurs. Tout comme quelques autres plats de pâtes, ils sont également offerts en demi-portion, pour les petits appétits; une belle idée qu’on aimerait voir plus répandue.

Enfin, nous partagerons avec un égal plaisir ricotta et orange en deux versions: d’abord, un canoli sicilien, pâtisserie croquante, fourrée de ricotta fraîche et parfumée, servie avec une merveilleuse glace à la pistache; puis, un cheese-cake à la ricotta et à l’orange, compact mais sans lourdeur, décoré d’un coulis de framboises.

Bref, voilà une cuisine italienne bien faite, simple et délicieuse. En plus des pâtes, on propose viande ou poisson du jour, au gré des arrivages, et une jolie carte des vins tout italienne. Une soixantaine de dollars pour deux, avant vin, taxes et pourboire. Ouvert en soirée, du mardi au dimanche.

Zibibbo
495, rue Somerset Ouest
Ottawa
Tél.: (613) 233-0821
www.zibibbo.org