Restos / Bars

Le Pommier d’argent : Gastronomie bucolique

Pour qui ne connaît de Gatineau que le boulevard Maloney, l’idée d’y manger dans un décor champêtre peut sembler farfelue. Et quand, de surcroît, on vous dit de suivre le boulevard Industriel pour arriver à la ferme, là, vous soupçonnez l’attrape-nigaud. Mais il faut souvent faire acte de foi pour découvrir des petits coins de paradis.

Le Pommier d’argent

était sur ma liste d’établissements à visiter depuis belle lurette, et son récent Prix du tourisme régional, catégorie Gastronomie, n’a fait qu’aviver mon désir d’aller y planter ma fourchette. L’occasion était belle: des retrouvailles avec un ami de longue date invitaient à un tête-à-tête paisible, où les souvenirs – ô jeunesse folle! – auraient tout le loisir de s’étirer.

On quitte la route et voilà: un étang, des champs à perte de vue, une coquette maison, des bâtiments de ferme, un boisé. Ici, on élève lapins, canards, pintades, dindons sauvages, faisans et poulets de grain. On vient même d’ajouter à la liste des chèvres, pour la délicate viande de chevreau. Philippe Salmon, aux cuisines, et Thérèse Desjardins, à la gestion, tiennent boutique de main de maître, le service personnalisé de Carole nous invitant d’emblée à une chaleureuse convivialité.

La salle est confortable, simplement décorée et toute tournée vers la tranquillité de l’extérieur. Seul l’éclairage, une fois la nuit tombée, se fait un peu violent. Côté cuisine, la formule est simple: une table d’hôte de cinq services est offerte au prix unique de 45 $. Le menu vous est annoncé dès la réservation; ne reste qu’à passer à la SAQ pour acheter le vin qui se mariera le mieux aux plats proposés.

Nous ouvrons avec une fine terrine de lapereau au cognac accompagnée d’un savoureux chutney et d’une gelée au porto irréprochable. Suit, en entrée chaude, un effiloché de lapin, canard et coq, viandes doucement cuites et servies sur une tombée de poireaux et d’oignons rouges. Rien que la belle saveur franche des viandes, sans autre artifice.

En plat principal, le chef avait ce soir-là du pigeonneau et du lapin, mais comme j’ai été un peu lente sur la réservation, les pigeonneaux s’étaient tous envolés. Du lapin ce sera donc, enlevant au repas un peu de variété. Mais la viande est goûteuse, nappée d’une sauce au sherry peut-être un peu lourde pour une chair si fine. Une purée de légumes bien beurrée à l’onctuosité parfaite et un fagot de courgettes, asperges et poivrons grillés viennent compléter l’assiette.

Avant le dessert, une salade de mâche toute simple, fraîche et légèrement citronnée, accompagne les fromages – brie, chèvre et oka. On aurait aimé des fromages moins commerciaux, mais le choix est quand même équilibré et leur température appropriée. Pour finir, Carl est content d’un succès à l’érable, fond de meringue croustillante agrémenté d’une délicieuse glace maison à l’érable décorée de Chantilly. De mon côté, la crème brûlée est plus décevante: si le miroir en est bien craquant, l’appareil est visiblement trop cuit et un peu tiède. Triste finale pour un repas autrement fort bien mené.

Voilà une table qui vaut les quelques kilomètres de détour qu’elle nous impose. Pour sa cuisine franche et savoureuse, pour son décor champêtre et pour la sympathique équipe qui lui donne son âme. 45 $ par personne avant taxes et pourboire. Apportez votre vin.

Le Pommier d’argent
793, montée Dalton (autrefois montée McLaren)
Gatineau
Tél.: (819) 669-5417
www.lepommierdargent.com