L’aventure ici commence déjà en prononçant le nom du restaurant! Un nom gai, coloré, rigolo: Lelé da cuca. Répétez-le en boucle et vous créez tout naturellement un air exotique et rythmé, aux teintes latinos, à l’image des origines brésiliennes et mexicaines de ce "resto" si propice à la joie de vivre. Un lieu "lelé da cuca", qui signifie en brésilien: cinglé ou givré ou encore maboul, fêlé, ravagé, toqué, zinzin… un lieu de fête en somme!
Ca fait maintenant 23 ans que la maison accueille les noceurs. 12 ans que Edvaldo Dos Anjos, chef et propriétaire, mène la barque, aidé de sa famille. Respect! Lelé da cuca est devenue une institution et un petit coin de ciel bleu sur le plateau Mont-Royal.
Le décor, tout fait d’objets et de styles hétéroclites, participe à la gaieté ambiante et la lecture de la carte achève de nous transporter sur des terres baignées de soleil. Murs jaune et vert aux couleurs du Brésil, masques en bois peint, photos de peuples d’Amazonie, tableaux d’art naïf et affiches (montrant quoi faire en cas… d’étouffement!) cohabitent dans la petite salle accueillante et distraient l’œil vagabond.
Côté vin et bière, vous n’aurez que ce que vous apportez! Côté cuisine, on a le choix de se faire plaisir à la mexicaine ou à la brésilienne bien que parfois, une spécialité espagnole peut aussi se glisser dans le menu: un gaspacho bien réussi, plein de saveurs et de fraîcheur, où la coriandre, reine des herbes aromatiques a le règne élégant, mais discret. Servi avant même de commander, ce potage froid est efficace pour ouvrir l’appétit.
Comida de oxala, Arroz Pernambucano, Fofoqueira, Vatapa… face à ces noms de plats si dépaysants, on se sent aventuriers. En entrée, on aborde le Sarapatel, met des indiens d’Amazonie fait de cœur, foie et gésier de poulet cuits en tout petits morceaux dans leur propre sauce et quelques épices du cru (nourrissant comme on peut l’imaginer et très salé), et par le Ceviche mexicain, dés de poisson cru marinés dans le jus de citron vert, coriandre et autres ingrédients selon les goûts. Si la marinade de ce dernier était appétissante, les trop gros morceaux de poisson et leur sécheresse laissaient plutôt à désirer.
Le service en revanche est franchement bon, amical et c’est avec sincérité que "Don Edvaldo" et son fils s’enquièrent régulièrement dans la soirée de notre bien-être, nous réservant ainsi un accueil des plus chaleureux.
À la table à côté, on nous conseille vivement de fondre pour une recette mexicaine assez prometteuse: le "Molle de pollo", un filet de poulet nappé d’une sauce au cacao amer. Passée la surprise pour les Occidentaux qui réservent généralement le chocolat au dessert, c’est fou comme les mots cacao ou chocolat amer suggèrent un délice onctueux et de la volupté. Dans les faits, le plat est original. La présence du cacao est subtile, celle du sel l’est beaucoup moins! Et les saveurs dominantes rappellent celle du curry.
Incursion au Brésil maintenant. Et on tente la Comida de Oxala, ragoût de crevettes avec du manioc, cuit avec lait de coco, huile de palme et épices. Couleurs, saveurs, arômes, textures… tout y est pour en faire un met très riche (à tous points de vue). La coriandre rafraîchit l’ensemble, la consistance du manioc nous dépayse le palais.
Tous les plats viennent accompagnés de riz (malheureusement de style "Uncle Ben’s"), de salade fraîche et de haricots noirs et même si les portions servies sont généreuses, il reste toujours une petite place chez les gourmands pour se sucrer le bec. Et vraiment, on a très bien fait! La tarte à la banane est tout simplement un rêve! Du fruit pur, mûr, grossièrement écrasé mais joliment présenté, voilà tout, mais ça vaut le détour.
Ah oui! Les prix! Pour une table d’hôte, environ 15 $, ce qui comprend une soupe, un plat principal, un dessert et un café régulier ou thé/tisane; il faut compter 25 $ par personne à la carte. Des prix aussi sympa que la soirée que l’on passe dans cet îlot de gaieté! Allez! Soyez Lelé da cuca et bon été!
Lelé Da Cuca
70, rue Marie-Anne Est
Tél.: (514) 849 6649