Restos / Bars

Mesa 14 : Jours de farniente

Par temps de canicule, le choix d’un resto tient presque de la thérapie: on a envie de s’écouter, de se faire plaisir. Terrasse ou climatisation? Bière fraîche ou sangria? Par analogie, en quelque sorte, certaines cuisines s’imposent, celle du Mexique, par exemple, qui, lorsque Montréal prend des airs de Cancun, palmiers en moins, fait saliver. Et je ne vous parle même pas de la perspective d’une margarita bien glacée…

À l’ombre de pavillons de l’Université Concordia, Mesa 14, né des cendres de Mexicali Rosa, représentant à Montréal de la chaîne du même nom, abrite sous ses dehors branchés un resto mexicain au fond typiquement nord-américain, tex-mex, dit-on justement, très influencé, en somme, par l’idée que nous nous faisons ici de la cuisine mexicaine, laquelle se résume souvent aux nachos, burritos, fajitas, enchiladas et autres suspects du genre… Au point où l’on se dit parfois qu’il s’agit d’un prétexte pour se gaver de fromage fondu. Il faut dire que les établissements aux desseins plus ambitieux, le regretté Fandango, par exemple, ne font en général pas long feu ici.

On ne doit donc compter sur Mesa 14 ni pour renouveler le genre ni pour faire connaître la cuisine mexicaine authentique ou familiale. Au rez-de-chaussée, dans un décor plus contemporain, façon lounge (on y propose d’ailleurs un cinq à sept), vous pouvez vous offrir la margarita glacée susmentionnée ou encore un martini. La salle à l’étage, tout en bois, fait davantage penser à un pub auquel on aurait ajouté un foyer en adobe et quelques objets décoratifs. Le résultat, lorsqu’on considère l’enrobage musical résolument rétro, est plutôt joli et chaleureux.

Pour accompagner la margarita, la maison vous offre une salsa de tomates accompagnée des inévitables chips de maïs, peu salées et servies légèrement chaudes. À la recommandation du sympathique serveur (bien au fait de la taille des assiettes), nous avons opté pour la petite portion de guacamole (3,49 $). Préparée selon les règles de l’art, la purée d’avocat était fortement relevée. Moins de chance, toutefois, avec les camarones San Lucas (8,49 $), pourtant un "original" de la maison. Si la pico de gallo (sorte de salsa à base de tomates, d’oignons et d’aromates) additionnée d’olives farcies servie en accompagnement était croquante et relevée à point, les crevettes, dures et caoutchouteuses, trop cuites, avaient un goût douteux. Heureusement, le serveur, au lieu de débarrasser sans poser de questions comme on le voit trop souvent, s’est rendu compte que les mollusques étaient restés dans la coupe et a eu l’élégance de nous donner raison (faute avouée est à moitié pardonnée) et, évidemment, de ne pas nous faire payer cette entrée.

Les plats principaux, mieux réussis, témoignaient des excès propres à la cuisine tex-mex. À preuve, de grandes assiettes colorées remplies à ras bord, où se multiplient les garnitures: riz, frijoles negros (excellente purée de fèves noires) et petite salade à la vinaigrette crémeuse au goût commercial ayant au moins le mérite de rafraîchir le palais. Le pescado a la Veracruzana (16,99 $), un filet de vivaneau cuit correctement, s’accompagnait d’une sauce à la tomate, aux câpres et aux olives farcies en quantité industrielle. Le steak tampiquena (14,99 $), demandé médium saignant, a été servi bien cuit. Assez tendre, malgré tout, la viande s’accommodait bien de la sauce aux chilis, à l’agréable goût de fumée si caractéristique, garnie de lamelles de poivrons saisies dans une poêle très chaude. Une enchilada au fromage nappée de sauce tomate et une tortilla de maïs un peu desséchée n’ajoutaient pas grand-chose à cette assiette gargantuesque.

On a vite fait le tour des desserts proposés par les restos mexicains, et la glace passée à la grande friture, idée en soi amusante, finit par lasser. On vous propose ici une sympathique "tarte" aux pommes à la mexicaine (4,50 $), c’est-à-dire des tranches de pommes à la cannelle servies dans une tortilla de blé frite et deux grosses boules de glace à la vanille saupoudrée de sucre et de cannelle. On aurait seulement souhaité que l’appareil aux pommes soit plus chaud pour accentuer le contraste avec la glace. Pas le summum du raffinement, mais bon, il ne faut pas bouder son plaisir, surtout quand on a chaud à ne rien faire.

Bémol: Menu convenu, quelques raccourcis en cuisine.

Dièse: Décor réussi, ambiance plutôt sympathique, service attentif, portions généreuses.

Mesa 14
1425, rue Bishop
284-0344
www.mesa14.com