Les boiseries surannées ont cédé la place à un décor léché où murs de pierres et capitonnage de velours rouge grimpent jusqu’aux plafonds vertigineux. De jolies tables aux nappes blanches bien empesées, des banquettes confortables et un long bar invitent autant au dîner intime qu’au 5 à 7 entre amis. Une source sûre m’a avisée que le chef Stephen Mitton dirigeait maintenant les cuisines de main de maître et que l’endroit valait qu’on s’y attable.
En cette soirée d’été au ciel incertain, nous décidons, téméraires, de profiter de la terrasse. Nichés sous un immense parasol, nous défierons donc l’averse brève qui viendra mouiller le nombril de nos serveuses jeunes, jolies, et tout à fait inefficaces. Si les proprios se sont attaqués aux cuisines, ils n’ont pas encore compris que le service est pour beaucoup dans l’expérience gastronomique…
Après une trop longue attente qui nous permet de mémoriser l’alléchant menu et la très belle carte des vins, notre serveuse – la plus charmante du groupe, et bilingue de surcroît – viendra nous indiquer, ô surprise!, les plats du jour. Et on remet la négociation! Pour mon ami, ce sera finalement une soupe de poivron rouge et pacanes, onctueuse et goûteuse à souhait, mais dont on aurait aisément éliminé les bouts de peaux de poivron d’un petit tour au passe-légumes ou au tamis. De mon côté, je fais dans les couleurs et les goûts francs: un lit d’épinards accueille de belles tranches de betteraves, des pacanes pralinées épicées et du fromage Saint-Benoît Ermite, le tout arrosé d’une vinaigrette tiède à l’échalote. Un parfait équilibre simple et savoureux.
Nous poursuivons avec bar du Chili et un filet de porc. Si la cuisson du poisson est impeccable, la réduction de champagne n’arrive pas à relever sa douceur. Le risotto au crabe qui l’accompagne est trop cuit, pâteux et complètement éclipsé par le goût du poivron rouge qu’il farcit. Mon filet de porc est servi sur des spätzles (petites nouilles maison) à la moutarde, mariage des plus prometteurs. Mais encore là, la cuisson de la viande et des pâtes est décevante: celle-ci devenue un peu sèche alors que les secondes, celles-là, si fragiles sont trop molles. Les idées sont bonnes et belles, mais l’exécution n’est pas sans faille.
Pour le dessert, nous partagerons une très belle assiette de fromages. Du Québec nous viennent le Clos Saint-Ambroise et le Saint-Benoît Ermite, alors que l’Espagne nous offre un Manchego ferme et goûteux. Les portions sont généreuses, avec des accompagnements de carottes au sirop de vin jaune, de figues confites et de chutney.
Une cuisine qui promet, mais qui appelle un peu plus de rigueur et surtout, surtout, le soutien d’un personnel vif et efficace en salle… pas seulement pour vider au plus vite la bouteille de vin. À 90 $ pour deux, avant vin, taxes et pourboire, ces irritants sont impardonnables.
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537, promenade Sussex
Ottawa
Tél.: (613) 789-7355
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La foire gourmande Ô Délice
Afin de promouvoir les produits de la Vallée du bas de l’Outaouais, la Fondation du Collège d’Alfred, de nombreux producteurs et des restaurateurs de la région vous invitent, le dimanche 15 août, à la foire gourmande Ô Délice. Billets: 50$ par personne, en prévente au (613) 679-2218, poste 325 ou 504. Deux services de dégustation à 11 h et à 14 h.