Restos / Bars

Luciano : Les gratins de la satiété

Du restaurant qui l’a précédé dans ce local, Luciano a gardé la "formule" italienne, nous dit-on: des plats vite faits, servis et présentés avec la plus grande  simplicité.

Il en a aussi gardé quelques meubles, et peut-être tout le mobilier, dont ces chaises encore gravées du nom de l’autre. D’où cette vague impression d’être en transit – qui n’a rien de négatif en soi. On mange dans un beau décor sobre. La salle est grande, confortable, dotée de hauts plafonds et de grandes baies vitrées surplombées d’une longue tablette où s’alignent des objets – assiettes, lampe, cruche de terre cuite… Ici, l’œil accroche une murale; là, on découvre un escalier menant à l’étage. Au fond de la pièce trône le comptoir-cuisine… Un jeune serveur nous accueille et nous place, attentif et empressé. Nous le trouverons par la suite amusant avec sa façon de vous demander le plus sérieusement du monde, non pas si vous aimez ce qu’il y a dans votre assiette, mais: "Est-ce que c’est délicieux?" Armés respectivement d’un verre de Miglianico rosé et d’une Sol bien froide, mon amie et moi abordons la carte, comme nous ferions d’une vieille connaissance, vu ces appellations familières du genre "pizza Margherita", pizza aux fruits de mer, lasagne végé, etc. Quant aux bruschettas, elles sont aux tomates et fromage, au brie, miel et noix ou au fromage de chèvre. Nous nous attardons un peu à la rubrique des salades (César et compagnie), puis à celle des pâtes, gratinées ou non. Pour impérieuse que soit notre faim, elle nous semble raisonnable, peu encline aux excès. Peperoni, viande fumée, saucisse italienne, jambon campagnard… Tiens! il manque une viande à cette "pizza aux cinq viandes"… Au terme de mes tergiversations, j’opte pour l’entrée de lumache alla Venice – escargots dodus, gratinés avec force fromage, accommodés de champignons et de prosciutto. Ce dernier s’avère un peu plus salé que je ne l’aurais souhaité… "À l’avenir, il faudrait chaque fois se renseigner sur l’origine du prosciutto qu’on s’apprête à vous servir…" Mon amie rigole et entame sa crème d’épinards. Un escargot "garni" contre trois cuillerées de potage? Ça lui va, ça me plaît. Elle se pâme, je fronce les sourcils. "Quelque chose qui cloche?" Euh!… Pas sur le plan du goût, non. Mais le liant employé procure en bouche une drôle d’impression. Farine? Fécule?… Sans autre forme de procès, je réintègre mes quartiers… de champignons, de prosciutto et d’escargots. Pour la suite, je me suis déjà exprimé et l’on me prépare déjà un autre gratiné. C’est donc par pure curiosité que j’escorte mon amie jusqu’au comptoir où elle choisira ce qui doit accompagner ses pâtes – des "bavettes", proches parentes des fettucine. Une incroyable miscela, parole! Elle y met de tout, hilare: des poivrons rouges et verts, du prosciutto, du brocoli, du chou-fleur, des champignons, des crevettes, du saumon fumé, des tomates séchées, des moules, de la saucisse italienne, des câpres, du pesto, du poulet! Je déclare son plat immangeable. Et pourtant, ce mélange qui m’a d’abord semblé anarchique procure quelques agréables surprises. Le saumon fumé… fume un peu tout sans uniformiser le plat, de sorte que chaque bouchée vous livre naïvement ses nuances de saveurs, sa texture propre, son moelleux ou son croquant. "C’était pas si fou, hein!" Dans ma propre assiette, manicotti et cannelloni fument encore. Plus goûteuses, j’aurais mieux apprécié les deux farces (à la viande, au fromage), mais je dois avouer que mon appétit a déjà mis les voiles. Manger sans faim ou boire sans soif? Davantage séduit par la seconde possibilité, je m’applique à terminer ma Sol – déjà "tablette" – dont j’avais oublié après quelques gorgées apéritives. De l’autre côté de la table (plutôt étroite), les bouchées me semblent maintenant… "résignées". Là aussi, la faim a mis les bouts sans demander son reste. À propos de reste, justement: "Et si je demandais un doggie-bag?" Je me frotte déjà les mains en imagination, car c’est moi qui vais m’en régaler demain midi. Avec, en plus, une généreuse tranche de gâteau qui complète le petit paquet que nous emportons en repartant.

Luciano
Bistro Italiano
150, boulevard René-Lévesque Est, Québec
Téléphone: (418) 647-4333
Table d’hôte: 20,95 à 23,90 $
Souper pour deux (incluant boissons et taxes): 53,07 $

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LA MAGIE DES CHAMPIGONS
C’est sous ce titre que se tiendra, le samedi 11 septembre, une activité mycologique absolument gratuite organisée de concert par le Marché public du Vieux-Port de Québec et le Cercle des mycologues amateurs de Québec (CMAQ), présidé par M. Roland Labbé. L’activité s’adresse au public en général et commencera par une cueillette collective de champignons dans divers boisés des environs de Québec. Elle se poursuivra par une dégustation (qui dépendra évidemment de la récolte) en compagnie des chefs Jean-François Paradis et Richard Fortin, spécialistes de la cuisine des champignons. Ceux qui souhaitent participer à la cueillette n’ont qu’à se rendre le 11 septembre, avant 8 h 30, au Domaine Maizerets (2000, boulevard Montmorency). Dès midi, ces mycologues amateurs pourront exposer leur récolte au marché et prendre part à la dégustation. Enfin, le conférencier André Jean présentera un diaporama sur les divers champignons comestibles. Pour tout renseignement complémentaire, on voudra bien s’adresser à M. Roland Labbé: (418) 667-9285.