Restos / Bars

Sol Latino : Tableau de la renaissance

On le croyait presque défunt, ce Sol Latino. Mais, alors que circulait une vague rumeur de déménagement ou de fermeture, le voilà qui se reprend en main et se fait une petite beauté.

Dès qu’ils en ont pris possession, il y a environ un an, les nouveaux propriétaires ont commencé par repeindre la devanture du resto. Le reste a suivi, entre autres la carte, un peu plus soignée, qui se présente maintenant comme un album de photos en couleurs – celles-là même qu’on voit affichées sur la vitre et qui attirent l’œil au passage: burritos de poulet, de bœuf ou de crevettes; sopé (haricots noirs et poulet); quesadillas bien grillées, farcies de viande et de fromage; tostada de tinga (chips géante garnie de poulet, de laitue, de fromage râpé, etc.)… Le pinceau a également fait son œuvre à l’intérieur. Au vieux rose "tropical" ont succédé des tons de jaune et de rouge discrètement soulignés ici et là de bleu. Il y a encore ces palmiers dessinés sur le mur de droite, le poteau qui voudrait évoquer de loin un cocotier, des chapeaux de paille, des sombreros, à quoi se sont ajoutés un calendrier aztèque, de modestes tapisseries artisanales (un perroquet; un campesino sur son âne…), des muñecas et, en réduction, un autoportrait de Frida Kahlo. La musique d’ambiance n’a pas changé. C’est encore sur fond de salsa et de merengue qu’on distingue quelques bruits de cuisine, tintements d’ustensiles et chuintements discrets de friture. Une vague lueur d’inquiétude passe dans les yeux de mon invitée quand je lui dis que j’entends trancher les oignons. J’avoue, pour la rassurer, qu’il s’agit d’une simple déduction en raison de l’odeur caractéristique… "Cela signifie que mon entrée ne tardera pas." Mais, en attendant mon guacamole, nous avons le temps d’échanger quelques gorgées de Corona et d’une sangria maison qui se révèle désaltérante et pas trop alcoolisée. Et le serveur amène nos premiers plats. Il pose à côté du chili con carne un petit bol de sauce piquante dont la seule vapeur vous embue la vue. Le plat, lui, me semble déjà un peu relevé, mais pas au point d’émousser le goût franc des assaisonnements. C’est bon et j’en redemande. En ce qui concerne mon guacamole, tout y est bien… sauf les oignons qu’on aurait dû hacher plus finement. Leur goût s’impose trop, dominant tout le reste quand vous en croquez un morceau. Et tout de même délicieux, le contenu de ce petit bol escorté de tostaditas (chips de tortillas) fines et fragiles. Mon invitée se fait servir un second verre de sangria après avoir hésité entre les vins disponibles (Perón, Casillero del Diablo et L.A. Cetto). Peu après arrive sa soupe de chorizo, qui vaut à elle seule un repas. Un must! Dans le récipient qui tient à la fois du bol et de la tasse, légumes (haricots, carottes, etc.) et tranches de chorizo plutôt doux baignent dans un bouillon généreux et goûteux au possible. D’un côté de mon assiette, une simple salade de laitue et de tomates surmontée d’une tranche de citron vert; de l’autre, du riz aux carottes et petits pois. Mes enchiladas de maïs occupent tout l’espace disponible. Garnies de poulet et de fromage fondu, on les a nappées d’une sauce tomate bien rouge avec, par-dessus, un entrelacs de crème sure et de sauce d’avocat. Une fois de plus, le plaisir est au rendez-vous – multiple, variable au gré des bouchées. Chacune de celles-ci produit l’effet d’un lest bienfaisant; on est presque peiné d’avoir de moins en moins faim. Je repousse mon assiette. Moins d’une minute plus tard, j’y hasarde une fois de plus ma fourchette. Encore. Pause. Et encore une fois. Puis je déclare forfait. Pour de vrai. Mon invitée crâne, mais n’a pas l’appétit plus vaillant. Elle met un point d’honneur à triompher de son troisième plat, un savoureux taco au bœuf – littéralement debout sur une espèce de mini-tréteau. Avocat, tomates et oignons en constituent la garniture. Elle mange lentement; je l’aide de mon mieux, mais mon mieux n’est pas très en forme. Quand on vient nous proposer un dessert, notre réponse est un éclat de rire.

Sol Latino
184, rue Saint-Vallier Ouest, Québec
Téléphone: (418) 649-9333
Entrées: 3,50 ou 5 $
Plats: 3,50 ou 7,50 $
Souper pour deux (incluant boissons, taxes et service): 40,25 $

ooo

GRANDS CHEFS À L’OUVRE
L’Académie culinaire de Québec
vous convie à quatre soirées gastronomiques dans son amphithéâtre de Place Laurier. L’assistance sera chaque fois limitée à 30 personnes. Ces privilégiés auront l’occasion d’assister à l’élaboration d’un menu spectaculaire, de voir à l’œuvre quatre des grands chefs de la région, de découvrir leurs secrets, de bénéficier de leurs conseils et de déguster des plats d’un grand raffinement. La série commence le 29 septembre, à 17 h 45, avec Jacques Le Pluart, du Restaurant La Closerie. Les autres chefs invités seront, toujours à la même heure: Joseph Sarrazin, du 47e Parallèle, le 13 octobre; Olivier Robichon, du Largo Resto-Club, le 27 octobre; Mario Martel, chef des cuisines de Métro GP, le 29 septembre. Chaque séance durera trois heures et un verre de vin accompagnera la dégustation des mets. Coût: 85 $ par personne (taxes non incluses). Réservation obligatoire: (418) 780-2211.