Restos / Bars

Les Barjots : Un plaisir fou

"Sympathique" résume le restaurant Les Barjots, l’ambiance qui y règne et la cuisine elle-même.

Il a ouvert ses portes peu avant la fin des gros travaux qui ont bouleversé pendant quelque temps les activités de l’avenue Myrand. Ses premiers jours furent d’une grande tranquillité – quelques clients ici et là, mais qui revenaient. Puis il y en a eu d’autres, puis d’autres encore. J’ai attendu qu’il se fasse un peu la main. L’accueil m’a d’abord semblé… paradoxal. En effet, quand je pense "cordial", je pense aussi "sourire": force m’est d’admettre ce soir que l’un va parfois sans l’autre. Des sourires, on en aura, mais plus tard, quand le service se fera plus détendu. Une Tuborg me tiendra lieu d’apéro et accompagnera même mon entrée, tandis que mon amie se laissera conseiller un petit blanc australien (Chardonnay Semillon Jacob’s Creek). Le décor respire la fraîcheur dans ses tons de rouge, de blanc et de beige. De petites jardinières de terre cuite fleurissent le bas des fenêtres; ici et là, des plantes en pots apportent leurs touches de verdure. Sur l’un des murs, de grands tableaux attirent notre attention; nous y allons voir de près les œuvres du peintre Dasil – dont ce Mozart évoquant les "têtes composées" d’Arcimboldo, à la différence qu’on découvre ici des instruments de musique plutôt que des fruits et des légumes. À propos de végétaux, c’est une farandole qu’a choisie mon amie pour commencer: des épinards mouillés d’une vinaigrette sans acidité, semés de vrais lardons croustillants, de chèvre en petits dés et de mandarines étonnamment douces. Pour ma part, je m’étais laissé vanter les mérites du tartare maison – bœuf Angus AAA, etc. Agréé, donc, et bientôt servi. Il trône au milieu de l’assiette, humble et nu, adossé à une tuile dorée et discrètement flanqué de "copeaux" d’endives. Les puristes trouveraient la viande un peu trop finement hachée, mais le chef se rattrape haut la main sur le plan du goût. Les bases y sont – sel, câpres et toutim -, plus une indéfinissable douceur qui éveille toutes les interrogations: de la tomate, peut-être, mais… ou bien du ketchup maison, ou encore… Chaque bouchée "inquisitoire" s’accompagne de pain, bien sûr, en l’occurrence une délicieuse baguette tranchée dont la corbeille se vide à un rythme affolant. "Il a l’air bon ton tartare!" commente mon vis-à-vis en entamant son deuxième verre de vin. Je fais "hmm", car ma bouche ne chôme pas. Quelques minutes plus tard, je dis "zut" en m’apercevant que je n’en ai pas offert une miette à ma compagne. Je le regrette sincèrement, ce que je ne tarde pas à lui prouver au service suivant en lui refilant deux de mes crevettes tempura. Elles sont gigantesques et savoureuses, mais leur enrobage s’avère plutôt mou, souple comme un tissu; il y manque aussi un peu de "dorure", si je puis dire. Leur sauce est une délicieuse émulsion de saké et de wasabi. Toutefois, j’ai droit à un petit "spécial": pour avoir vu la sauce Choron sur le menu et avoir signalé à la serveuse que cette préparation ne courait pas les tables de la région, on m’en a servi un petit bol. Heureuse initiative qui, de loin en loin, me repose les papilles du wasabi. Les légumes, eux (poivrons, brocoli, chou-fleur, etc.), me sont servis dans une grande corolle de pâte. L’assiette se complète d’un riz rosé qui fleure bon les fines herbes (avec une nette dominante de thym), mais dont on aurait dû prolonger un peu la cuisson. Les mêmes accompagnements entourent la "saisie de pétoncles du Havre sur bulbe de fenouil rôti" qui fait les délices de mon amie. La sauce, un "caramel d’herbacée", est un sirop léger dont le goût flatte le palais autant que le moelleux des pétoncles qui semblent vous épargner l’effort de les mâcher. La gourmandise nous tient compagnie un bon bout de temps, puis décide qu’elle en a assez et nous laisse là, penauds, alors qu’on nous décrit le dessert vedette de la maison, une "terrine gourmande" et ses multiples couches de tentations, ses chocolats noir et blanc, etc. "Faudra revenir", conclut mon amie, qui n’a pas l’air de plaisanter.

Les Barjots
850, avenue Myrand
Sainte-Foy (Québec)
Téléphone: (418) 687-8016

Menu du jour à partir de 11,95 $
Table d’hôte à partir de 22,45 $
Souper pour deux (incluant taxes et boissons): 71,20 $

ooo

PREMIER ANNIVERSAIRE

Le 47e Parallèle Saveurs du monde célébrait la semaine dernière son premier anniversaire à l’occasion d’un dîner "Saveurs des Amériques" auquel prenaient part plusieurs chefs bien connus de la région – Mario Martel, Jean-Claude Crouzet, Gaston Couillard, Josée Mariello, sans oublier le chef des cuisines, Joseph Sarrazin, et le chef pâtissier de la maison, Jean-Luc Piquemal, dont on fêtait aussi le départ pour les Olympiques culinaires qui ont lieu en Allemagne du 14 au 22 octobre.