Vers la mi-août, nous avions pu y trouver une table, mon amie et moi. Mus davantage par la curiosité que par la faim, nous nous étions tout de même offert un repas frugal, légèrement arrosé, que nous avions clos d’une promesse: revenir. Eh bien, nous y sommes, en cette soirée d’ouverture officielle. Rien de pompeux, toutefois – ni discours ni tapis rouge, mais des sourires qui abondent autant qu’à notre première visite. Ce restaurant se veut résolument jeune. Fils ou petit frère du "grand" Conti qui loge à côté? Le personnel est jeune, lui aussi, dynamique, et très au fait de ce que propose la carte. Entre les murs de pierre et de brique ornés de grands tableaux de Godro, la gent médiatique s’est répartie en groupes d’importance variable – et de loquacité variable aussi. Le vin rouge coule à flots. J’ai préféré en apéro une Moretti; mon amie opte pour un pineau des Charentes et, un peu plus tard, se convertit comme tout le monde au Sangiovese Di Puglia. Nous sommes six à cette table. Une cloison transparente nous sépare du comptoir surchargé d’antipasto. Chaque fois que passe une assiette – médaillon de veau, poulet, raviolis, penne all’arrabiatta -, nous la suivons des yeux, puis rouvrons la carte en nous promettant de choisir enfin. Mais nous commentons même nos silences en tentant de nous décider entre les beignets de gorgonzola et ricotta, le filet de doré grillé et fenouil braisé à l’orange, les crevettes, osso buco d’agneau, entrecôte et légumes grillés, bifteck Angus, côtelette de veau, etc. Comme on finit toujours par se faire une idée, ce qui devait arriver arriva: nos entrées – prosciutto et melon, feuilleté d’escargots, salades… La mienne est un "trio fumé", de la truite, du saumon et du maquereau perlés de poivre vert et de câpres. Endives et tomate l’accompagnent. Fumés sans excès et pas trop salés, ils sont tous les trois d’une grande finesse de goût. Qui plus est, le poisson que je pensais aimer le moins se révèle un pur délice, effaçant du coup certain mauvais souvenir. Le maquereau! Délicat, souple en bouche et riche de saveurs. Avis que partage sans réserve ma compagne, dont la fourchette croise souvent la mienne dans l’une ou l’autre assiette. De son plat, il ne reste maintenant plus que deux ou trois raviolis de homard, cuits à point, fermes sous la dent et tout de même moelleux sans être farineux. La farce, discrètement assaisonnée, laisse à la sauce (safran et citron) tout le loisir de… s’exprimer. Les papilles en jubilent. Au service suivant, nous sommes trois voisins de table à avoir choisi le filet mignon au gorgonzola. Nous apprécions autant la qualité de la viande, sa fraîcheur et sa tendreté. Pour ma part, je l’avais demandée moins saignante, mais je m’y fais sans me forcer. Le gorgonzola lui va si bien qu’il finit par manquer – en ce qui me concerne, bien sûr. De loin en loin, je me tape une petite excursion en mer, je veux dire dans l’imposante assiette servie à ma compagne. Ce sont pétoncles et gambas de première fraîcheur, qui fondent sous la dent; leur sauce, une réduction poussée de vinaigre balsamique dont il résulte une suavité… où je m’entête plus que de raison. D’où la petite marche à laquelle je m’oblige après le café, histoire d’aller jeter un coup d’œil, au-delà du bar, à l’autre salle à manger. Un grand cellier se dresse là et l’on voit se déployer comme une aile immense le dossier d’une banquette que surplombe une œuvre plus épurée de Godro. Le temps de me demander comment l’endroit peut être aussi trépidant et rester serein, me voici revenu à table pour me faire "raconter" les desserts – tout ce que j’ai inconsciemment fui pour ne pas déclarer forfait devant une crème brûlée, un gâteau noisettes, un sorbet aux trois saveurs ou une cassata.
Conti Caffè
32, rue Saint-Louis
Québec (Québec)
Téléphone: (418) 692-4191
Menu du jour: 8,75 à 12,50 $
Table d’hôte: 25 à 29 $
ooo
BALADE DANS LE PÉRIGORD
Le Bistrot Le Moulin à poivre prolonge jusqu’à la mi-novembre son traditionnel Mois du Périgord proposant, en table d’hôte ou à la carte (et seulement le soir), le foie gras de canard poêlé, la cuisse de canard du Périgord, le cassoulet du Périgord noir, les cuisses de cailles sur nid de salade verte, manchon de lapin confit, jarret d’agneau au romarin, magret de canard de "Chez Julien", etc. Le choix des vins est à l’avenant. Tél.: (418) 656-9097.