C’est probablement dans ses murs que j’ai été éblouie, étudiante cassée mais culinairement téméraire, par ma toute première bastilla. Grande galette de pâte filo craquante, farcie de poulet, d’amandes, d’œuf, délicatement parfumée et saupoudrée de sucre et de cannelle. Un rêve. Le tout était servi avec élégance, dans le décor chaud de cet étrange resto marocain implanté en sol italien, rue Preston.
Ce retour aux sources est empreint de tristesse. En ce jeudi midi, Mélissa et moi faisons doubler la clientèle… Nettement moins inspirant que ces soirées au rythme fou que j’y ai déjà vécues. Qu’à cela ne tienne, nous avons faim et en avons un trait à nous raconter. L’état des lieux est déplorable: murs tachés, photos décolorées et moquette fatiguée font peine à voir. Le service est courtois et bilingue, mais sans entrain. On s’ennuie du décorum costumé de certains autres marocains de la région…
L’heure du lunch n’est pas toujours propice aux copieux repas, surtout quand il faut retourner au boulot… et non au dodo. Nous optons donc pour le buffet, qui nous permettra de goûter un échantillonnage des spécialités de la maison, par petites portions. Et avouez qu’à 8,95 $, l’affaire s’annonce plutôt bonne!
Pour ouvrir, une soupe Harira Bidaoui, soupe nationale du Maroc, alliant pois chiches, lentilles, agneau, légumes et nouilles; l’ensemble est consistant et savoureux. Nous poursuivons avec quelques salades: les carottes râpées et eau de rose sont parfumées et fraîches; le taboulé est sans reproche; la salade de betterave n’a pour tout mérite que de nous proposer un légume cuit juste à point, bien sucré, mais peu assaisonné; enfin, la gagnante est sans contredit la Felfa Mechouia, une salade de poivron grillé, tomate et citron, le tout fondant et juste bien relevé d’un peu de coriandre.
Au second tour, nous y allons d’un couscous aux légumes – carottes, navet, chou, courgettes -, simple, mais honnête. Un tajine de kefta – bœuf haché grillé en brochette – est bien tomaté et relevé de coriandre, mais manque un peu de punch. Même constat pour le poulet Meknessi, un tajine au citron confit bien peu citronné. Rien de catastrophique, mais nous n’atteindrons pas l’extase.
La finale sera beaucoup plus heureuse: un fort simple gâteau à l’orange est tout en légèreté et en parfum, sans artifice. Accompagné d’un bon thé à la menthe, il nous permettra de quitter l’endroit sur une note souriante.
À moins de 20 $ pour deux, avant taxes et pourboire, Dar Tajine offre un rapport qualité-prix intéressant. Mais un petit coup de peinture pour rafraîchir l’ambiance nous inciterait davantage à revenir.
Dar Tajine
256, rue Preston
Ottawa
Tél.: (613) 232-4300