Rares sont les clients seuls. On voit surtout des couples dans les deux salles à manger – et un groupe d’une dizaine de personnes dans chacune. L’ambiance demeure pourtant calme, sans éclats de voix et sans rires bruyants. Les deux serveuses font de leur mieux pour se dédoubler (ou presque) et suffire à la tâche. Je commence par demander une Harp, non pour en jouer, mais pour découvrir cette blonde irlandaise très légèrement teintée d’ambre. Fraîche et bonne. Inspirante aussi, puisque j’exhale un long "Ah!". Mon amie s’est contentée d’un kir et d’un soupir. Le décor, autour de nous, ne semble pas avoir changé… mis à part ces tableaux en trois dimensions accrochés au mur derrière moi, la peinture africaine qui me fait face au loin et, sur la gauche, ce masque – peut-être indonésien? Pour un peu, on se mettrait à rêver, aidé en cela par la carte qui évoque une valise et propose tant de destinations: lanières de bœuf croustillant (Hong Kong), curry de crevettes Bora Bora, trilogie asiatique, poulet du général Tao… La thématique de novembre, elle, fait honneur à la cuisine amérindienne: wapiti des Chippeways mariné au genièvre (sauce chicoutai), carpaccio de bison à l’huile d’asclépiade et tournesol. Le mois prochain, ce sera l’Angleterre. À partir de janvier, ce sera le retour du soleil – youpi! – avec l’île Maurice, Madagascar, le Brésil… J’en ai les larmes aux yeux. "Pour l’instant, je reste en Amérindie!" Elle pouffe, mon amie, et avale de travers sa dernière gorgée d’apéro. Pour compenser (sans doute), elle demande un verre de Fumé blanc. Comme entrée, on lui amène des quenelles de brochet fumé maison, accompagnées d’une sauce à la fleur de sureau à la façon des Montagnais. Du vrai velours en bouche, avec un goût de fumage discret, aucun excès de sel, et des nuances de sucré apportées par le sirop, dont la saveur nous change un peu de l’érable. De mon côté, ça jubile aussi: poêlée de rognons de veau passementée d’oignons rouges, servie dans une petite coupe de pâte sablée, et accompagnée de salade. La sauce, au romarin et sirop de bouleau, est de celles que j’aime. Corsée, avec une certaine "robustesse" apportée par le goût propre des rognons (cuits à point sans être secs). On pourrait même la servir avec du gibier! Mes bouchées de pain y font les quatre cents coups. Si j’avais su, je l’aurais commandé en double pour en faire mon repas. Le service suivant est constitué d’une soupe aux poires et au navet; je passe mon tour, ce qui n’empêche pas ma cuiller d’exercer sa curiosité dans le bol posé devant mon invitée: ce bon potage serait meilleur avec un petit peu plus de poires. Puis les plats de résistance. Pour moi, une tour dressée dans l’assiette; derrière, un petit pré de salade; devant et autour, un petit lac de sauce à base de cœurs de quenouilles (à laquelle une pincée de sel redonne vie). La tour? Une onctueuse sagamité maison (maïs moulu préparé comme une polenta), plus une large rondelle de ballottine d’oie aux noisettes, plus des petits légumes, une autre rondelle de ballottine et, enfin, une barquette de pâte sablée garnie de carpaccio de bison. Ce dernier me ravit (après une pincée de sel, lui aussi); la ballottine m’emballe moins et reste un peu fade, bien qu’un peu poivrée et malgré une petite salve de… sel. Dans l’assiette qui me fait face, un filet de ouananiche (grillé à la micmaque) se prélasse sur un lit de sagamité, nappé de glace de viande. Pas mal du tout, l’ensemble, et même très bon. "C’est tout de même plus facile d’en ajouter que d’en enlever", murmure mon invitée en attrapant la salière. Repus et presque endormis, nous prenons tout de même le temps de vider un café. Mon amie accepte le digestif offert par la maison… et la proposition de repartir avec nos desserts pour consommation ultérieure – deux frais gâteaux maison, un "Citronnier" et un "New York".
La Faim de loup
2830, chemin Sainte-Foy
Sainte-Foy (Québec)
Téléphone: (418) 653-8310
Menu du jour à partir de 8,95 $
Menu dégustation pour deux: 59,95 $
Souper pour deux (incluant boissons et taxes): 66,25 $
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INVITEZ… ON S’OCCUPE DE LA DINDE!
La cuisine de Jean Soulard, chez vous, pour le temps des Fêtes!… Fairmont Le Château Frontenac vous offre en effet la possibilité de régaler vos invités d’un somptueux "Festin des Fêtes" pour quatre à six personnes. Cela inclut le potage en entrée, la dinde de Noël, les accompagnements, plus la traditionnelle et délicieuse bûche de Noël. Prix hors taxes: 129 $ (pour emporter) ou 149 $ (livraison incluse dans la région de Québec). N’oubliez pas de réserver 24 heures d’avance. Pour tout renseignement supplémentaire: (418) 691-2184.