Restos / Bars

Sushi Taxi : Les dents de la mer

Le Sushi Taxi, misant sur la fraîcheur des produits et la beauté des présentations, se distingue aussi par l’originalité des spécialités.

Si tous les sushiyas, les "boîtes à sushis", utilisent peu ou prou les mêmes ingrédients, on ne peut parler d’originalité que dans la mesure où les chefs s’ingénient à varier les combinaisons pour vous surprendre agréablement la vue et le palais. Je n’en suis qu’à ma deuxième visite ici et m’y sens aussi bien que la première fois, l’été dernier. C’est que ma faim anticipe déjà ce dont mes papilles se souviennent encore. L’ambiance y est aussi pour quelque chose, c’est certain: un personnel affable, vif sans fébrilité, un décor sobre et beau, aux couleurs reposantes, où la lumière du jour déferle par les grandes baies vitrées. Le temps d’une ou deux gorgées d’apéros – bière japonaise Asahi et riesling allemand Kindermanns -, nous avons fait le tour de la petite carte proposant deux assortiments de sushis, du poulet katsu, l’assiette "Taxi-midi" et, au verso, des rouleaux impériaux ou de printemps, de la salade, des soupes… Une plus grande m’est apportée sur demande, alors que mon amie, penchée sur le dépliant réservé aux commandes, s’amuse à choisir et à changer d’idée: "arc-en-ciel", "demoiselles croquantes", "geisha", "James Bond", "œil de tigre"… À droite, à gauche, les assiettes qui nous intriguent ne sont jamais celles dont nous croyions avoir deviné les noms. Nous commençons par les soupes. Celle de mon vis-à-vis, au curry et lait de coco, s’avère un peu relevée, d’un goût agréable, appétissante et apéritive, garnie de cœurs de palmier qu’il fait bon croquer. La mienne, au miso, garnie d’algues et de tofu, se révèle un peu plus salée que je ne m’y attendais, justifiant du coup mes grandes lampées de bière et d’eau. La suite ne tarde pas trop, malgré l’affluence – une nombreuse clientèle de tous âges répartie dans les deux sections de la salle à manger. Mon amie ne se fait pas prier. Baguettes au clair, elle attaque. Plus que la sauce de soja, elle préfère l’autre, la rosée, une mayonnaise épicée et sucrée, où s’attarde chacune de ses bouchées. Saumon, poires, avocat, carottes en minces filaments, tout y passe. À dire vrai, je la laisse "opérer" sans intervenir sur son territoire, ayant fort à faire de mon côté. Mon "Taxi-midi" occupe toute mon attention et tout mon appétit patiemment aiguisé à l’Asahi: homard et riz blanc en coupe de nori, thon blanc mariné, gyosas délicatement assaisonnés, tartare de saumon, cornet de nori au saumon et tamago-yaki (omelette japonaise), sauce au sésame, sans parler des divers éléments composant la garniture – ciboulette, luzerne, carottes en filaments et tranches de pomme verte. La salle se vide à vue d’œil et nous mangeons encore, d’une allure moins conquérante qu’au début, l’appétit chancelant, mais le plaisir intact. Quitte à nous passer de dessert (et ce sera le cas), nous mettons un point d’honneur à vider nos assiettes – délectables jusqu’à l’ultime miette.

Restaurant Sushi Taxi
989, route de l’Église
Sainte-Foy (Québec)
Téléphone: (418) 653-7775
Menu midi (taxes incluses): 12 à 17 $
Table d’hôte: 35 $
Dîner pour deux (incluant boissons et taxes): 49,38 $

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LA BOMBE ATOMIQUE VIVANTE

Il y a quelques mois, Christian Duchesne faisait paraître aux éditions Prinergia un petit livre bien fourni sur un sujet brûlant d’actualité et dédié "à tous ceux qui ont l’espoir pour devise": OGM et Chimères – La Bombe atomique vivante. Une réédition de l’ouvrage vient de voir le jour. Il s’adresse au grand public qui, de ce côté de l’Atlantique, n’a le plus souvent accès qu’à l’information officielle concernant la transgénèse, information qu’on peut facilement assimiler à une forme de publicité payée par ceux qui y trouvent leur intérêt. À un moment où les champions de la manipulation génétique prétendent que seuls les gens mal renseignés s’opposent aux OGM, il est bon qu’un scientifique de plus fasse écho aux propos de biologistes aussi réputés qu’Albert Jacquard, par exemple. Christian Duchesne rappelle ce mot de Jean Rostand: "L’obligation de subir nous donne le droit de savoir" – ce même Rostand qui disait, je crois, que "la science a fait de nous des dieux avant même que nous méritions d’être des hommes". Étayant ses dires d’une abondante et solide documentation, l’auteur ne manque pas de s’attaquer à certaines techniques de persuasion modernes (pour le moins vicieuses), au désir de plus en plus manifeste de breveter le vivant, aux nouvelles formes d’eugénisme et aux manipulations de toutes sortes. Édifiant? Certainement. Mais non pas rassurant, car il reflète notre réalité.