Restos / Bars

Le Saint-Ô : Confort suranné

Le Saint-Ô, c’est un peu la vieille France, mais avec le sourire sympathique de notre coin de planète.

On trouve de tout boulevard Saint-Laurent à Ottawa. Cette artère, très commerçante et multiethnique entre le Queensway et le chemin de Montréal, devient plus tranquille, voire résidentielle, quand on remonte vers le nord. C’est donc un peu perdue au milieu de nulle part que se cache la petite maison blanche qui abrite le Saint-Ô, à l’entrée du quartier militaire. L’endroit gagne nettement en charme l’été, quand la terrasse y est ouverte, et non couverte. Mais l’hiver est bien installé, et il faut en affronter les intempéries comme on peut.

L’intérieur dégage une certaine chaleur, mais aussi une odeur difficile à identifier, trop lourde pour un lieu où le plaisir du nez est aussi important que celui des yeux ou des papilles. Ce parfum nous incommodera toute la soirée. Le décor est propret et un peu vieillot dans la facture: murs rouge framboise, tables nappées, banquettes, fleurs, reproductions un peu cliché sur les murs. Rien de bien moderne, mais pas désagréable non plus.

L’accueil et le service sont assurés par Natasha Dumont, copropriétaire et épouse du chef, Philippe Dupuy. Ils ont repris l’établissement il y a quelques années, proposant de lui redonner certaines lettres de noblesse. L’approche est sympathique et professionnelle, sans chichi. On sent la connivence entre la cuisine et la salle, et c’est très bien ainsi.

D’inspiration française, le menu est plutôt classique, mais avec des pointes de créativité et un certain usage de produits locaux, toujours apprécié. La carte des vins est elle aussi bien française, ample dans la sélection comme dans les prix.

Lucille ouvrira avec un feuilleté de crabe, mangue, brie et épinard. Mariage étonnant, beau et bon, surtout accompagné de cette délicieuse gelée de poivron. J’y vais d’un potage moitié-moitié, classique de la maison: d’un côté, patates douces, de l’autre, oignons et cheddar. Chacun est habilement versé pour n’occuper que la moitié de l’assiette creuse, créant un beau contraste de couleurs et de saveurs.

Nous poursuivons avec, pour elle, une cuisse de canard confite, sauce à l’érable et baies de genièvre. Le confit est un brin sec, mais l’ensemble demeure plutôt bien exécuté et d’un bel équilibre de goûts. La déception est plus grande dans mon assiette: on m’avait vanté les ris de veau comme LA spécialité de la maison. Ceux qu’on m’apporte ne sont malheureusement pas très bien nettoyés, certains morceaux n’étant qu’un enchevêtrement de membranes très difficiles à manger. C’est d’autant plus crève-cœur qu’ils sont cuits à la perfection, et nappés d’une fine sauce au miel et vermouth. Les quelques bouchées tendres s’avéreront un pur délice qui nous donnera vraiment envie de revenir tenter notre chance! Car il faut l’admettre, il y a des soirs, comme ça (et c’est souvent ceux où les critiques débarquent!)…

Pour dessert, bien que repues, nous nous laisserons tenter par un semifredo aux amandes, sorte de nougat glacé truffé d’amandes et de pralin. C’est bien parfumé, la texture offre de beaux contrastes, et c’est riche, riche, riche. Un vrai dessert, quoi!

Une table tout ce qu’il y a de respectable, idéale pour un tête-à-tête douillet. Un repas du soir pour deux se montera à une soixantaine de dollars, avant taxes, vin et pourboire.

Le Saint-Ô
327, boulevard Saint-Laurent
Ottawa
Tél.: (613) 749-9703