Alors qu’il n’avait pas officiellement ouvert ses portes, je m’étais une fois arrêté devant l’édifice pour examiner rapidement la carte. "Amusez-vous à partager!" disait-elle, invitation dont l’explication ne peut se trouver que sur place. C’est donc ce midi que je vais en avoir le cœur net. D’abord, l’entrée du restaurant vous en met plein la vue avec son cellier plein à craquer de bouteilles remarquables, le bar où l’on s’accoude sur des chaises hautes et, au mur, les tablettes où se pressent les Dom Pérignon, Pommery, Perrier-Jouet. Nous sommes entrés de plain-pied dans un magazine new-yorkais branché. À droite, on accède à la salle à manger, un peu plus dépouillée, vaste, abondamment vitrée. Carrées, oblongues, effilées, les assiettes sont d’une sobre fantaisie – poisson, frites allumettes, steak, petits légumes -, mais l’odorat ne capte que de très près les odeurs de mijote. L’œil accroche au passage un nu imposant, signé Chantale Beaupré. Ici ou là, une banquette cossue, une table et quelques chaises forment un îlot où l’on s’arrêterait volontiers, mais nous optons pour la longue et haute table qui symbolise en quelque sorte le "concept" du lieu. À un bout, des clients anglophones mangent, discutent et, peut-être, partagent. Juchés à l’autre bout, nous. Je choisis en apéro une Alexander Keith’s; mon amie épluche en détail la liste des cocktails et martinis, puis opte pour un frais et joyeux "Versatini" (Tanqueray, mangue, feuilles de menthe). Carte et menu du jour proposent roulades de porc aux pommes, lardons et eau-de-vie, "pétoncles grillés et souvenirs d’automne", poissons, porc, bloc de bœuf grillé aux huiles aromatiques, cerf rouge au Sortilège, sans parler du canard (cuisse ou magret), du poulet, de la pintade farcie. Nous découvrons aussi les "bouchées 5 à 7", du type tapas. Plus qu’affamé, je parviens quand même à commander les "crevettes pommes cari" et le tartare de mignon de bœuf. Nos entrées ne tardent pas. De bon goût et un brin poivré, le potage aux courgettes et aux pommes servi à mon amie se révèle un peu fluide; nous l’aurions vraiment souhaité un tantinet plus dense. Il se mange bien, tout de même. Sous mes yeux, trois crevettes se prélassent sur un petit lit de riz qui… frise le risotto. On a semé dessus des olives noires séchées et broyées. Une soyeuse nantua nappe tout cela de bonheur. La suite, pour ma compagne, est une assiette de saucisse artisanale nommée "La Démoniaque". Du piquant, certes, mais rien d’infernal… pour celle qui l’a choisie, du moins. La garniture est composée d’une purée de pommes de terre, de frites allumettes parfaitement réussies, croustillantes juste ce qu’il faut, et d’un mélange de petits légumes assaisonnés avec mesure et cuits sans excès (chou-fleur, champignons, mange-tout, poivrons, etc.). À moins d’avoir été prévenu, vous chopez un léger vertige en découvrant que le tartare burger s’est tapé un petit tour de poêle. On vous explique volontiers qu’il s’agit d’évoquer l’aspect d’un vrai burger; la viande reste crue à l’intérieur. Vous admettez, donc, et vous goûtez pour apprécier une fois de plus la bonne mesure de l’assaisonnement, en plus des cornichons et câpres qui nuancent agréablement le goût de la viande. J’ai droit moi aussi à des frites allumettes et à un petit pot de mayonnaise maison. Ce plat se révèle plus copieux qu’il n’en avait l’air, au point que nous ne nous rappelons même plus quels desserts avaient retenu notre attention au début. "Il faudra revenir", nous lance-t-on avec un large sourire.
Versa
432, rue de l’Église
Québec (Québec)
Téléphone: (418) 523-9995
Menu du midi: de 9 à 18 $
Carte: entrées, de 6 à 11$; plats, de 14 à 22 $
Dîner pour deux (incluant boissons et taxes): 56,32 $
L’ALSACE AU BISTROT
L’Alsace est à l’honneur jusqu’à la fin de février au Bistrot Le Moulin à poivre, dont les tables d’hôte vous sont offertes à des prix allant de 16 à 20 $. Au menu: le baeckeofe aux trois viandes ou aux escargots, le suprême de poulet au riesling, la bavette de chevreuil petit veneur, la choucroute sundgovienne et le filet de canard au kirsch et aux pommes, en plus des classiques de la maison. Renseignements et réservation: (418) 656-9097.
QU’EST-CE QU’ON MANGE?
Bûche au saumon fumé, crème de légumes à la canadienne, rôti de porc au miel, riz aux fines herbes, carottes glacées… Ce sont là quelques-uns des plats que concocteront les membres de la Fédération 24 des Cercles de Fermières du Québec, au Marché du Vieux-Port de Québec, le 13 février 2005, dès 9 h. Tout en s’affairant à cuisiner sous vos yeux, les Fermières se feront un plaisir de partager avec vous leurs petits trucs et leurs astuces. Vous pourrez aussi vous procurer sur place leurs livres Qu’est-ce qu’on mange? (volumes 1 à 5) et Table en fête. Renseignements: (418) 692-2517, poste 294.