Restos / Bars

La Perla : La perfection faite pétoncle

La Perla est de ces établissements pour lesquels j’ai un faible plusieurs fois avoué. Il y règne une indéfinissable harmonie entre l’accueil, le service et la table.

Comme convenu, je retrouve devant le resto une amie de longue date que je revois de loin en loin. Peu propice aux effusions, le vent plus que frisquet nous incite à franchir en toute hâte le seuil de l’établissement. Entre les deux portes, il fait déjà bon; passé la seconde, c’est l’oasis: une chaleur douce, comme on en souhaiterait toute l’année à tous ceux qu’on aime, l’odeur multiple des assiettes qu’on apporte ou qui, déjà servies, se vident ici ou là. La salle à manger est pleine à craquer et de légers bruits d’ustensiles tintent discrètement dans la rumeur dense des conversations. Il n’y a de libres que les places réservées pour nous. Quelqu’un s’empresse, nous débarrasse de nos manteaux, nous installe. Un apéro? Nos retrouvailles s’en passeront. Il y a tant de choses à se raconter à bâtons rompus, sautant du particulier au général. Comme si chaque coup d’œil jeté sur les menus nous lançait dans une nouvelle direction. Calmars à la sicilienne ou scampis à la Nantua? Il n’y a peut-être aucun rapport, mais nous voici parlant de voyages, de langues, de climats, de cuisine, de boulot… Sans même nous concerter, mon invitée et moi optons pour la carte, délaissant les plats du jour – farfalle ai due pomodori, duo di pasta, duo di pesce, omelette brésilienne, entrecôte grillée alla mostarda, cannelloni, linguine. Pas de vin. Quand, un peu plus tard, nous aurons du mal à finir nos assiettes, nous nous féliciterons de n’avoir pas pris d’entrées non plus. Elle hésite longuement entre les calmars et les pétoncles; elle finit par choisir ceux-ci, moi ceux-là – chacun se demandant in petto s’il n’aurait pas dû faire l’inverse. Un peu télépathe, sans doute, notre serveur nous propose, au bout de quelques minutes, de "jumeler" pour nous les deux plats. Je pense "youpi!", avec l’exubérance que cela suppose, mais je réponds calmement que c’est une bonne idée. Le résultat est, d’abord, un régal pour les yeux. Il l’est aussi pour l’odorat, ce que résume mon invitée par un bref cri du cœur: "Ça sent déjà bon!" Le "déjà" anticipe en quelque sorte la première bouchée. Nous commençons par les rondelles de calmars, mêlées d’olives noires et de tomates fraîches en brunoise, dans une sauce au vin blanc assez poivrée qui réunit toutes les qualités de saveur, avec néanmoins le petit défaut d’une acidité trop évidente. Pas au point de vous décourager l’appétit, non. Mais on n’arrive pas vraiment à en faire abstraction. L’accompagnement est assez varié: dauphinoise bien gratinée, légumes (tranche de betterave, carotte entière, fins haricots verts), purée de patates douces coiffée d’une purée de pommes de terre bleues, chip de dachine (taro), et une mousse d’épinards que nous aurions appréciée moins salée. Tout de même, en composant chaque bouchée, on arrive à atténuer les petits excès. Quand enfin j’attaque les "pétoncles baie de Naples", je comprends pourquoi mon invitée, après y avoir goûté, avait décidé de les garder pour la fin. C’est ce qu’on peut faire de mieux dans le genre. Une cuisson parfaite! Les mollusques vous fondent sur la langue comme s’ils avaient peur des coups de dents, et la sauce blanche qui les nappe (vin blanc, ail, crème, tomates fraîches) en exhausse le goût et vous fait une bouche de velours. Nous avons mangé le plus lentement possible, mais nos assiettes ne repartent pas vides. Il ne reste que deux clients dans le resto: nous. Je dis oui au café; mon invitée se fait servir un gâteau à l’orange entouré d’une crème anglaise décorée de petits cœurs en coulis de fraise et sauce chocolat. Je ne peux y goûter que des yeux.

La Perla
1274, avenue Chanoine-Morel
Sillery (Québec)
Téléphone: (418) 688-6060
Menu du jour: 10,95 à 15,95 $
Table d’hôte: 23,95 à 31,95 $
Dîner pour deux: 62,46 $

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LE PAPARAZZI EN MUSIQUE

Le restaurant Paparazzi annonce le retour de sa formule de souper-spectacle dédiée aux amateurs de jazz. Commencée le 19 février avec le Trio Michel Côté, la série se poursuivra avec un groupe différent chaque samedi soir, dès 18 h 30: le Trio Annie Poulin (26 février), le Trio Marie-Lyne Néron (5 mars), le Trio David Parker (12 mars, avec la chanteuse Julie Cimon Racine), le Trio Nicolas Gosselin (19 mars) et enfin le Phô Trio (26 mars). Pour manger, vous avez toujours le choix entre les deux cartes du Paparazzi, proposant d’excellentes spécialités italiennes et japonaises. (363, avenue Maguire, Sillery, [418] 683-8111.)