On avait reproché à l’établissement son décor démodé, très années 80, aux couleurs criardes et aux tissus bariolés. Le service, au cours des ans, s’était relâché et le menu, très franchouillard, s’alourdissait. Conscient qu’on ne peut rester assis sur une réputation vieillissante, le propriétaire, Adel Ayad, a entrepris, il y a près de deux ans – déjà?! -, une heureuse opération renouveau.
En est ressorti un décor modernisé, alliant sobriété et stainless brossé. Les couleurs primaires ont adopté des teintes plus organiques; les hautes banquettes sont passées au velours; les tables nappées de blanc et les grands miroirs conservent un certain chic à l’endroit, toujours inondé de lumière naturelle. Ne reste qu’à attendre le printemps pour profiter de la merveilleuse terrasse sur le toit – un must les soirs de 1er juillet! On a aussi, semble-t-il, relevé le niveau côté service. Professionnalisme convivial, courtoisie et attention sont au rendez-vous. Et, ô plaisir, tout cela en français!
Un apéro siroté au bar, en ce tranquille mardi soir de tempête, nous prépare à une suite agréable. Le menu – bilingue! – annonce une "cuisine contemporaine", pour ce que cela signifie… On y voit peut-être un désir de s’éloigner encore de l’image "vieille France" qui empesait la cuisine. Produits frais – le marché est tout à côté – et poissons sont à l’honneur; entrées classiques, plats pour les petits appétits, "assiettes brasserie", à prix raisonnable.
Sylvie ouvre avec les rillettes de saumon frais et fumé. Une entrée copieuse, offrant deux grosses parts de rillettes un peu fermes – trop froides, peut-être – mais fines et savoureuses, servies avec du pain portugais grillé. De mon côté, chèvre fondant et oignons confits se vautrent sur une pâte feuilletée pour former une tartelette tout à fait délicieuse, servie avec une petite salade fraîche et une réduction de balsamique. On aime. Mais à quoi bon le chèvre frais posé à côté de la salade? Il n’ajoute rien – sinon des calories! -, l’ensemble étant déjà parfaitement équilibré.
Elle poursuit avec un très généreux suprême de volaille, enveloppé de jambon de Parme croustillant et farci de provolone fumé. Tendre, juteux, savoureux. Les légumes sont simples – pommes de terre, haricots verts et jaunes -, mais bien faits. Pour ma part, je craque pour une des deux "assiettes brasserie" du jour. Chaleureusement recommandée par notre serveur, la bouillabaisse s’avère à la hauteur. On apporte directement à la table une sympathique cocotte de cuivre: y nagent, dans un bouillon bien relevé, de gros morceaux de poisson, pommes de terre, pétoncles, calmars, crevettes, moules et palourdes en coquilles. Tous, sauf peut-être les crevettes un peu fermes, ont été ajouté au bon moment, pour une cuisson impeccable. En à-côtés, un petit bol de fromage râpé et deux croûtons tartinés d’une rouille un peu fade n’ajouteront rien. Mais si on ne voit pas le fond de la casserole, ce n’est certes pas par manque de plaisir!
Enfin, question de mieux affronter la neige, nous y allons d’un gâteau au fromage et citron. Il est bien fait; la texture est fine et riche, et le goût de citron frais est franc, mais pas trop acide.
Peut-être pas le lieu de toutes les surprises, mais certainement une table qui s’est très agréablement renouvelée. Un copieux repas du soir pour deux se montera à 75 $, avant vin, taxes et pourboire.
Clair de lune
81 B, rue Clarence
Ottawa
Tél.: (613) 241-2200
www.clairdelune.ca