Restos / Bars

Sterling : Prix boeuf

Sterling prouve que l’argent n’achète pas le bon goût…

On se rappelle avec nostalgie l’époque où l’Eau vive faisait nos plus belles soirées. Les papilles envoûtées par la sauce, on arrivait à oublier le vrombissement des speed boats. Le défunt resto fut remplacé par un bar, le Living Room, qui céda sa place il y a 18 mois à d’ambitieux investisseurs. Le Sterling était né.

Dès l’entrée, on sent que rien ne fut ménagé pour faire de l’endroit un steak house de luxe: plancher de merisier à motif damier, murs lambrissés d’acajou, plafond de tôle martelée, comptoir de marbre, foyer, cellier vitré pour les grands crus. Les tables sont nappées de blanc; les couverts, assiettes et verres en feraient rougir plus d’un. Bref, on a mis le paquet!

Chic, mais pas guindé; l’atmosphère se veut décontractée. Et la règle s’applique aussi au service… Si notre serveur est d’un professionnalisme irréprochable, on sent chez certains collègues un relâchement inadmissible. À preuve, les quelques sacres bien sentis qui fusèrent, en fin de soirée, de la salle attenante qu’on réaménageait!

On nous présente, avec moult détails, les différentes coupes de viande et les fruits de mer qui sont proposés au menu. Le nom du resto vient de "Sterling Silver", appellation de haute qualité pour la viande de bœuf. Venue de l’Alberta, celle-ci est vieillie sur place et cuite sur un impressionnant gril alimenté au bois d’érable.

Danielle ouvre l’aventure avec un potage de carotte et panais très fort en crème, pour une texture onctueuse. Un trait d’huile pimentée ajoute une note intéressante. Cédant à ma passion, j’y vais d’un carpaccio: fines tranches de filet de bœuf, fondant et goûteux, à des lieues de la viande à fondue mouillée que nous servent certains. Les copeaux de parmesan tiennent plutôt du bâtonnet; c’est généreux – cherche-t-on à justifier les 16 $? -, mais la subtilité a meilleur goût. Seul un filet d’huile d’olive habille la viande; en guise de mayonnaise, du mascarpone à l’ail.

Pour la suite, la formule est connue: on choisit sa pièce de viande et un accompagnement – purée, riz, frites… Les légumes se commandent en "à-côté". Danielle attaque un "Papa’s cut", gros bifteck de côte de 20 onces absolument délicieux. La cuisson est précise, la viande savoureuse. Si la pomme de terre au four crème sûre aux fines herbes passe bien le test, on s’enthousiasmera moins du reste de l’assiette: sauce à l’ail confit trop salée, et décoration de légumes grillés – aubergine, courgette, poivron et tomate – d’une platitude… En "à-côté", pour 8 $, elle a droit à huit asperges au beurre…!

De mon côté, j’ai choisi la queue de langouste des Caraïbes 8 onces. Simplement sautée à la poêle, elle est servie avec un beurre à l’ail. La texture est belle, la saveur fine, tout comme pour la purée de Yukon Gold. Par contre, les haricots verts ont toutes les qualités du légume congelé: trop cuit, mais résistant sous la dent, et gorgé d’eau. L’horreur!

On terminera ce copieux repas avec une terrine de chocolat bien faite, mais un brin trop sucrée.

Un repas pour deux se montera à un impressionnant 115 $, avant vin, taxes et pourboire. Pour ce prix, on s’attendrait à un plus grand souci du détail; un bon steak ne suffit pas à faire un bon repas.

Sterling
835, rue Jacques-Cartier
Gatineau
Tél.: (819) 568-8788
www.sterlingrestaurant.com