Les apparences, dit-on, sont trompeuses. À voir la façade banale de l’établissement et le carrefour anodin où il se niche pour le moins discrètement, on se dit qu’on s’est trompé d’adresse. La recommandation, venue d’une amie, était pourtant chaleureuse. Déjà, cependant, la consultation du menu rassure. Une fois qu’on a franchi la porte, plus de doute possible, on a trouvé un petit bijou.
L’accueil, d’abord, est aimable et souriant. Prestement, on nous débarrasse de nos encombrants manteaux. Le lieu est modeste, mais on note tout de suite les nappes et les serviettes blanches en tissu, qui tranchent sur l’ensemble un peu sombre, peut-être à cause du plafond et du sol aux teintes brunes ou des sources de lumière positionnées très haut. Autre tache de clarté, la cuisine ouverte, où s’active une brigade aussi jeune que celle qu’on retrouve en salle.
La maison a opté pour la formule "table d’hôte", ce qui veut dire qu’il n’y a pas de plats "à la carte": on obtient d’un coup entrée, plat principal et dessert. Que ceux que cette approche rebute descendent de leurs grands chevaux. Loin de se faire arnaquer, on fait ici une très bonne affaire.
À preuve, cette mise en bouche que la maison vous offre: une tranche de magret de canard saignant enroulée autour de champignons marinés, surmontée d’une petite lamelle d’abricot séché et accompagnée de quelques brisures de noix, le tout artistement déposé dans une cuillère comme on en trouve dans les restos chinois. Entrée en matière plaisante et originale, qui fait vibrer nos fibres carnivores.
Les entrées proposées nous permettent d’aborder l’épineuse question des soupes qui, à l’instar des "quelques feuilles du marché" et autres appellations ronflantes trop souvent réservées à de vulgaires salades vertes, échaudent le client. Ici, pas de potage de légumes ou de restes au goût indistinct ni de bouillon de culture où la crème sert de camouflage: d’une onctuosité ravissante, la crème de panais fait honneur à ce légume racine hélas trop négligé. On l’a ici rehaussée de quelques gouttes d’une huile de truffe fort parfumée, qui font un heureux contrepoint au sucre naturel du légume. Même réussite du côté du saumon mariné, façon "gravlax": de belles tranches de poisson à la texture délicate, qu’on sert avec des tranches de radis "pickled" (dixit le menu) et quelques suprêmes d’orange. Une entrée, en somme, à l’image du nom du restaurant.
En plat, trois suprêmes de caille simplement posés sur un risotto aux grains bien croquants et à la texture coulante, ponctué de petits dés de courge musquée et aromatisé au cheddar vieux. La chair des petits volatiles, souvent desséchée, est ici tendre à souhait. Pour que la joie du convive soit parfaite, on ajoute même une petite tombée de champignons.
En face, les pétoncles à l’unilatéral (saisis d’un côté, "crus" de l’autre), servis sur un paillasson d’asperges vertes et blanches d’une cuisson irréprochable, baignent dans une crème à la fleur d’ail légère et suave. En complément de programme, là aussi, de délicieux champignons sautés. Un beau plat bien fait.
Un mot sur le service, décontracté mais efficace, personnalisé sans être familier. On répond aux questions sans se défiler. Bref, on est "connaissant", mais pas "jos-connaissant". À preuve, cet agréable viognier Les Salices "Vieilles vignes" 2003 (30 $) qu’on nous a judicieusement recommandé.
On se dit qu’ils vont fléchir au dessert. Non, pourtant. Le fondant au chocolat, petit mais satisfaisant, est fait avec un chocolat de bonne qualité et coulant à souhait. La panna cotta au thym frais, qui, parce qu’elle n’est pas "prise", rappelle plutôt le pot de crème, sert de finale savoureuse au bon goût bien citronné.
Le plus beau, c’est que les deux tables d’hôte décrites ci-dessus se détaillent à 25 $ (cailles) et 27 $ (pétoncles). Et on a eu l’élégance d’inscrire quelques bouteilles abordables à la carte. Le café (pression, puisqu’on ne fait pas de café filtre) est en sus. Faites vous-même le calcul.
Les habitants de Verdun nous en voudront peut-être d’avoir vendu la mèche, mais Simpléchic est une trop belle adresse pour qu’ils la gardent pour eux tout seuls.
Le soir, de 50 $ à 80 $ et le midi (les jeudis et les vendredis), environ 40 $ pour deux, avant les taxes, les boissons et le pourboire.
Bémol: la salle est un peu sombre.
Dièse: des présentations élégantes, une cuisine soignée et inventive, un rapport qualité-prix exceptionnel.
3610, rue Wellington, Verdun
(514) 768-4224