Restos / Bars

Black Cat Café : Côté cour

Le Black Cat Café, je l’ai déjà dit, a l’une des terrasses les plus intimes et coquettes du Marché By. Chronique d’un souper sous le parasol…

Canicule. Au contact de l’air fraîchement climatisé, on hésite: faut presque être fou pour manger dehors! La salle est invitante: décor sobre, tables couvertes de nappes blanches, petites chaises noires, murs aux teintes franches. Seul bémol: ce foutu escalier qui la coupe en deux… Mais, à travers les portes vitrées, on aperçoit la terrasse de l’arrière-cour, à l’abri des bruits de la rue Murray. Malgré les rumeurs de pluie, on plonge: c’est dehors que nous jugerons des talents du chef René Rodriguez. Après des passages remarqués chez Ironwood, Luna, ARC et Social, il se joint maintenant à l’équipe de Richard Urquhart, proprio du Black Cat. Ce dernier nous fera d’ailleurs l’honneur d’un service professionnel, attentif, et fort sympathique.

Le vin a toujours occupé une place de choix ici. Une carte très Nouveau Monde offre entre autres une belle sélection de vins au verre, en trois ou six onces: jolie façon de marier un vin à chaque plat sans trop lever le coude! En amuse-bouche, un craquelin de riz est gentiment garni de crabe et de pomme Granny Smith râpée, pour un mélange rafraîchissant. Patrick poursuit avec une poitrine de canard fumée maison, coupée en cubes, vinaigrette à l’orange, tuile de sésame et son monticule de granny smith, toujours aussi frais, le tout accompagné d’une intéressante marmelade d’oignons verts et baies de genièvre. Le fumé du canard me semble pécher par trop de subtilité et la viande est un brin ferme. Je me trouve plus heureuse devant un thon en croûte de coriandre: saisi sur un seul côté, le gros cube de poisson offre une chair fine et goûteuse qui se marie superbement au citron confit, à la purée d’olives noires et à une délicate salade de pommes de terre grelots, poivrons rouges et petits raisins dorés.

Lui fait suivre d’un intrigant filet de bœuf grillé piqué d’olives et de pistaches. Je demeure un peu sceptique devant cet étrange mariage, je l’avoue… Mais la viande est belle, cuite avec précision et présentée avec art. Elle se vautre sur un rösti truffé de gros pruneaux et est accompagnée d’un oignon vert fondant et d’une marmelade de zestes d’orange. J’y vais d’un carré d’agneau mariné dans l’huile d’olive et les zestes d’agrumes, simplement servi au jus, et accompagné d’un mélange de radis, grelots et rhubarbe cuits à la marmelade de coings et servis sur un mascarpone tiède. Les saveurs se marient délicatement, et c’est sans effort que j’arrive au fond de l’assiette…!

Rafraîchis par les gouttelettes de pluie qui perlent à travers la toile des parasols devenus parapluies, nous décidons de succomber aux desserts. Je craque pour le miroir croquant d’une fine crème brûlée à l’orange et à la cardamome alors que lui, plus mâle, y va d’un intense "Boca Negra", gâteau sans farine, fort en chocolat, aromatisé au porto, et fraîchement décoré de framboises et de leur coulis. Un brin sucré, mais tout à fait dans mes cordes…

Pour une centaine de dollars, pour deux, avant vin, taxes et pourboire, on pourrait juger l’aventure un peu coûteuse, et parfois inégale, mais on aura plaisir à explorer les créations d’un chef qui, manifestement, s’amuse au jeu des couleurs et des saveurs.

Black Cat Café
93, rue Murray
Ottawa
Tél.: (613) 241-2999
Ouvert 7 soirs
www.blackcatcafe.ca