Après des années d’attente, voilà que le terrain à l’angle des rues Sussex et Wellington reprend vie. Exit le triste souvenir de l’édifice Daly et les espoirs de jolis parcs urbains: condos de luxe ce sera. Et, question de profiter de l’achalandage du coin, restaurants et boutiques occupent le rez-de-chaussée.
En cette ère de convergence, c’est à l’équipe des Empire Grill, Blue Cactus et autre Luxe que revient l’honneur de tirer les rênes du Métropolitain. Mon appréhension est palpable. Mais l’accueil est chaleureux et l’endroit, avouons-le, a son charme: jolie terrasse dont les grandes portes vitrées ouvrent sur une salle tout en miroirs, banquettes de vinyle bourgogne, nappes blanches et zincs polis.
Côté service, le noir et blanc est à l’honneur, comme on le voit à Paris, mais au-delà du menu bilingue, on ne rend nullement honneur à la langue de Molière. Dans une tentative de "faire français", notre serveur adopte un ton d’une familiarité déroutante… et franchement irritante.
Le menu fait brasserie: steak-frites, soupe à l’oignon, confit de canard, moules. Leah ouvre avec une salade Métropolitain: chicorée frisée, fenouil, haricots verts et oignons rouges sont arrosés d’une vinaigrette fraîche et légère. Nos hommes y vont d’un confit de canard, servi avec petite salade, pomme de terre sautée et compote de canneberges. Classique et bien exécuté, on en ferait un repas tant la portion est généreuse! Enfin, je succombe à la bouillabaisse "à la canadienne": saumon, moules, pétoncles et crevettes nagent dans un fumet savoureux, habilement décoré de croûtons à l’aïoli bien parfumé. La suite sera moins heureuse…
Le filet mignon sauce bordelaise est tendre et savoureux; avec frites allumettes et salade, c’est sans contredit le meilleur choix de la tablée. Un peu moins heureux, mais tout de même correct, le jarret d’agneau braisé, jus au romarin, n’est pas aussi fondant qu’on l’aimerait, mais avec une fine purée et de petits légumes, l’assiette est plutôt belle. Le filet d’aiglefin enrobé de bacon fumé, aïoli au citron, est servi sur haricots blancs et épinards. Si le poisson est tendre et goûteux, les haricots résistent trop sous la dent. Et notre serveur, outrepassant les règles du plus simple savoir-vivre, pigera directement dans l’assiette pour vérifier le bien-fondé de notre plainte… Familiarité, disais-je? Enfin, le coq au vin flirte avec le désastre. Un lit de parpadelle est décoré de petits oignons, champignons, bacon… et de morceaux de poulet secs, sans saveur, à des lieues de la viande longuement mijotée en sauce à laquelle on était en droit de s’attendre. C’est tout juste si un peu de bouillon nappe le fond de l’assiette…
Enfin, nous terminons avec des desserts corrects: le pot de crème au chocolat est tout à fait réussi, tout comme la tarte Tatin aux pommes bien caramélisées, mais la crème brûlée, classique des classiques, offre un miroir décevant, plus granuleux que craquant. Côté café, après avoir expliqué à notre serveur ce qu’était un allongé (!), nous devrons nous contenter de décaféiné filtre agrémenté d’un "Who drinks decaf anyway?" tout à fait déplacé…
L’addition se monte à plus de 165 $ pour quatre, avant vin, taxes et pourboire. C’est un peu cher payé pour une cuisine inégale, mais on ose espérer que les choses évolueront…
Métropolitain
700, promenade Sussex
Ottawa
Tél.: (613) 241-1343
www.metropolitainbrasserie.com