Sur la toute nouvelle carte de ce resto, même les classiques de la maison ont été "revus et corrigés", comme on dit. Il y a là de quoi vous exciter la curiosité, alerter les appétits toujours dispos et, dans mon cas précis, justifier le réaménagement ex abrupto d’un horaire de fin de journée pantouflarde. Alertes et sollicités de toutes parts, serveurs et serveuses vous décochent un sourire au passage et, à l’occasion, vous font signe qu’on ne vous oublie pas. Nous avons attendu un peu, mais pas trop, avant qu’on nous apporte la carte. Une fois nos commandes passées, on eût dit qu’il y avait urgence. Le temps d’avaler deux gorgées de Sleeman, mes "crevettes du Pacifique" sont là. "Déjà?" Tel fut mon petit cri du cœur. Non pas que j’aie à m’en plaindre, car ma faim avait entamé les représailles à grand renfort de borborygmes. Enrobées de feuilles de riz frit (kadaif), ces crevettes sont au nombre de quatre, disposées à égale distance d’un émincé de betteraves cuites à point et délicieuses. Il y a là des rouelles de carotte presque crues (ce qui plaît à certaines personnes, dont je ne suis pas). Tout cela repose dans une délicieuse sauce tomate à la moutarde et au miel. L’ensemble me ravit d’autant plus que je craignais d’y retrouver ce goût uniforme des assaisonnements qui m’avait souvent déçu dans ce resto. Mon amie me regarde manger, goûte de loin en loin à mon plat, continue de siroter son verre de rosé (Château des Nages, Costières de Nîmes 2003). Parmi l’abondance des mets proposés, elle n’avait commandé qu’un plat et je me désolais pour elle. Elle avait longuement médité sur les médaillons de veau (bâtonnets de gruyère et sauce Espelette), l’assiette boucanée à l’amérindienne (avec banique de gourgane), le raviolo de canard confit, le risotto de lapin frais aux shiitakes, longuement, avant de se décider pour une "trilogie de poulet de grain en boîte orientale". Quand arrive son tour d’être servie, je cesse de la plaindre, car la "boîte", divisée en compartiments, n’a rien de modeste. Poulet du général Tao, relevé et bien assaisonné, poulet grillé style Hunan (un délice à lui seul et, donc, mon préféré), poulet au curry et noix de coco… "Il y a vraiment du mieux…" finit-elle par dire, entre deux bouchées hâtives et une gorgée de vin rouge (Carinena, Torrelóngares Reserva 1998). En effet, nous apprécions tous les deux cette variété de saveurs. Un gros hic, toutefois: tout est un peu froid. Elle demande donc qu’on lui réchauffe cela, ce dont le serveur s’occupe illico. Après cela, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Je me régale d’un "sundae de foie gras" (absolument génial!) accompagné de ses "bonbons chauds" (qui se sont avérés tièdes), d’une neige de foie gras, d’un bonbon de foie gras à la pomme verte… et autre chose aussi que j’ai oublié, car tout s’est passé très vite, trop vite. La gourmandise me pousse à commander des calmars frits, mais je n’ai déjà plus faim quand ils arrivent. Qu’à cela ne tienne! J’ai connu des moments plus pénibles. Il suffit de desserrer discrètement sa ceinture et de s’imaginer qu’on est à jeun. Ça marche, je vous jure. C’est vous qui ne pouvez plus marcher après.
Resto-muséum Voodoo Grill
575, Grande Allée Est, Québec
Tél.: (418) 647-2000
Entrées: 7 à 19 $
Plats à la carte: 15 à 34 $
Menu du midi: 9,95 à 19,95 $
Souper pour deux (incluant boissons et taxes): 114,56 $
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UN LIEU DE GOURMANDISES
Tout nouveau, à quelques minutes de chez vous! Il s’agit de la Galerie gourmande, vouée aux rencontres amoureuses entre vos papilles et les produits du terroir portneuvien. Officiellement inaugurée il y a deux semaines, elle occupe, à Deschambault, une maison historique de 1870. Denys Arcand y a passé son enfance et c’est pour lui rendre hommage qu’une tartinade de la Galerie gourmande a été baptisée Les Invasions fruitées. Produits de la terre et produits d’élevage se suivent et ne se ressemblent pas. L’agneau, par exemple, vous est présenté sous différentes formes: confits, merguez, abats (selon les arrivages), terrine aux pruneaux, sauce à spaghetti, etc. À cela s’ajoutent les légumes, les petits fruits, les cafés, les chocolats, les huiles essentielles Aliksir, les fromages fins québécois et bien d’autres victuailles que vous prendrez plaisir à découvrir, à déguster, à emporter… et à offrir, puisqu’on vous compose sur place les arrangements que vous souhaitez et des paniers-cadeaux convenant à tous les budgets. (276, chemin du Roy, sortie 257, Deschambault, [418] 286-2005).