On a tous nos raisons de passer par le Troquet. Certains y vont pour les Lundis de la poésie, d’autres pour voir les œuvres de jeunes artistes peintres de la région, ou pour y siroter longuement une bière. Mais on y vient aussi pour y déjeuner sur le pouce ou pour y étirer soupe et pâtes en philosophant.
Par ce petit midi de semaine, Danielle et moi y dirigeons nos pas. La rue Laval vibre d’un calme étrange qui sent l’automne. Quelques dîneurs – dont nous serons – s’obstinent à manger dehors, malgré le ciel incertain. Nous passons outre la terrasse avant, bien en vue, pour profiter de l’intimité de la cour intérieure. En traversant la salle à manger, je ne peux retenir un soupir de nostalgie: ce décor à la va comme je te pousse, mi-branché, mi-négligé, me rappelle ces endroits que je fréquentais, étudiante…
Le service y est sympathiquement décontracté, en accord avec l’esprit de la place. Le menu, qui s’est bonifié avec les ans, propose soupes, sandwiches, pâtes, salades… Rien de très recherché, mais une cuisine qui fait le bonheur des budgets restreints.
Nous ouvrons avec les deux soupes du jour. Tomate et basilic pour Danielle; lentilles pour moi. La première, au tomaté bien franc, est consistante et finement parfumée de basilic frais. La seconde propose un bouillon léger dans lequel baignent lentilles (à la cuisson un peu brève…), carottes, oignons et céleri, pour un ensemble agréable et nourrissant.
Je poursuis avec un sandwich à la saucisse épicée: une baguette un peu pâlotte accueille une saucisse bien relevée, Dijon, mayonnaise, laitue et tomate. Si ce hot-dog revisité est tout à fait correct, l’assiette fait un peu triste, simplement décorée d’une tranche de concombre et de quelques brins de carottes râpées… Une poignée de laitue, voire de chips, aurait suffi à lui donner un peu plus de tonus. Par contre, les pâtes Atlantique sont plus joyeuses et plus généreuses. Une copieuse assiette de penne est légèrement nappée de sauce rosée et abondamment décorée d’oignons rouges, de champignons sautés et de belles tranches de saumon fumé. Plein de saveurs et de couleurs.
Mais on ne pourrait parler du Troquet sans exposer un peu la vocation parallèle de l’endroit. Jusqu’au 23 octobre, par exemple, le peintre Pierrot Langevin y présentera ses œuvres sous le titre Brunantes au cœur de Hull/Paysages urbains. On peut aussi parler des Lundis de la poésie (31 octobre: Stéfane Martely et Line Dicaire; 28 novembre: Andrée Lacelle), ou des Virées blues (aussi les lundis – 3 octobre: Jack Dekeyser; 14 novembre: Kenny Dupree & the Sound Brigade; 12 décembre: Jo Hell and the Red Roosters). Sans oublier les fameux Contes du mardi qui débutent en octobre et qui accueilleront au cours de la saison, les conteurs Mike Burns, Victor Cova Correa, Stéphanie Beneteau, Martin Gauthier, Franck Sylvestre et Nadine Walsh. Pour plus de détails… passez prendre une petite bière! Bref, si on ne cherche pas de grande cuisine, mais un endroit sympa où casser la croûte et refaire le monde, à moins de 25 $ pour deux personnes, avant taxes et pourboire, l’affaire est bonne!
Le Troquet
41, rue Laval
Gatineau (secteur Hull)
Tél.: (819) 776-9595