On connaît la jolie maison de brique de la rue Saint-Jacques: voisine du Jean-Sébastien Bar, elle a abrité, au cours des ans, de nombreux restaurants. Mais rien qui sut séduire nos papilles. Ce nouvel établissement offre un décor chaleureux, moderne juste ce qu’il faut, des tables élégantes. Et l’été, une très jolie terrasse à la hauteur de notre première impression.
L’accueil est d’un sympathique qui se poursuivra dans le service, prompt et sans prétention. On nous y propose une carte à tendance méditerranéenne – voire carrément marocaine – mais qui s’élargit sur le menu du jour, pour offrir, par exemple, une sole meunière. Le spécial du midi – sélection d’entrée, plat, thé ou café – se décline à moins de 12 $: très abordable.
Pour commencer sur une note ensoleillée, nous partagerons une bouteille de Domaine de Sahari, Cuvée du Soleil guerrouane, petit vin marocain fort sympathique. En entrée, une portion copieuse de salade du chef – romaine croquante, oignons et tomates, décorés de feta émiettée – est rafraîchissante. La harira, soupe nationale du Maroc, à base d’agneau, de légumineuses (lentilles, pois chiches), très légèrement tomatée, réjouit: consistante, savoureuse, chaleureuse. Enfin, une salade d’aubergines au paprika et cumin est joyeuse, même si on l’aurait aimée un peu plus relevée. Aubergines et tomates sont fondantes. Cette salade normalement offerte en plat principal, la maison n’a pas hésité à la servir en entrée, dans une portion plus que généreuse. Avec un délicieux pain aux graines de carvi tiède et moelleux, c’est tout à fait réjouissant.
Nous poursuivons avec tajines d’agneau et de poulet et pastilla. Le premier plat, beau jarret aux prunes et aux figues, est délicieux. L’agneau se détache de l’os, fond dans la bouche, et l’équilibre du sucré-salé est réussi. L’assiette est complétée par un mélange de légumes et du couscous. Le poulet se présente en quatre pilons dodus au poivre et au sésame, de facture plus asiatique, donc. Là aussi, la viande est tendre, le bouillon, goûteux. Pommes de terre et légumes – carottes, courgettes… – agrémentent la présentation. Enfin, une pastilla, un autre classique de la cuisine marocaine, est sans reproche. Une pâte feuilletée légère et craquante enveloppe un délicat mélange de poulet émietté, d’œufs et d’amandes, pour un subtil mariage de textures et de saveurs. À mon grand bonheur, le chef a eu la main légère sur le sucre en poudre qui décore traditionnellement ce plat, et encore plus sur la cannelle, dont certains noient les autres saveurs. Parfait en plat, aussi en entrée à partager.
Un peu pressés dans le temps, nous nous résignons à sauter desserts, café et thé… De toute façon, nous voilà bien repus et une suite à toutes ces délicatesses n’aurait pas été appréciée à sa juste valeur.
Il faut donc compter une douzaine de dollars par personne, le midi, avant vin, taxes et pourboire. Une belle petite table sans chichis pour les lunches d’affaires.
Safran Bistro
51, rue Saint-Jacques
Gatineau (secteur Hull)
Tél.: (819) 771-6662
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Jean-Philippe Tastet
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