Dans la partie surélevée de la salle à manger, un petit salon oriental vous fait face, invitant avec ses tables basses, ses coussins posés à même le sol, ses minuscules miroirs encadrés, ses deux ou trois lanternes multicolores suspendues au plafond. Il n’y manque que les virevoltes parfumées d’une danseuse trépidante, alors que se concertent tous les bruits de l’Orient – you-you, rires et clochettes, chants plaintifs, obsédants ou joyeux… Je suis déjà très loin d’ici et ne comprends donc rien aux mots de bienvenue que nous adresse le propriétaire de l’établissement. Je bredouille quelque chose, lui confie mon manteau et le suit. Nous hésitons sur le choix d’une place. Une fois installés, nous hésitons encore, puis optons pour une autre table, non loin de celle où sept clientes de bonne humeur achèvent leurs entrées et s’échangent des cadeaux. Il traîne dans l’air quelques traces d’une odeur d’épices et de grillades. Mon choix est instantané: la brochette gourmande combinant agneau, poulet, caille… et la merguez que je refilerai à mon amie friande de tout ce qui pimente la vie. Les rubriques de la carte proposent évidemment les couscous (végé, poulet, agneau, merguez ou "Royal"), les tajines d’agneau, de poulet, de bœuf ou de poisson, l’entrecôte, le steak frites, sans oublier les "Croque-midi", paninis faits maison et diversement garnis. La soupe du jour est aux "langues d’oiseau". Avant que vous paniquiez, on vous expliquera que ce terme est une traduction littérale (de l’arabe?) désignant une petite pâte alimentaire – des risoni, en fait, semblables, en plus gros, à des pépins de cantaloup. Consistante, chaude, parfumée, ma soupe en est généreusement garnie; on y décèle un goût d’agneau, plus suggestif qu’imposant. Elle se mange à grandes lampées que j’accompagne de pain, un pain maison frais et léger qui sent le four plutôt que le levain. Mon amie mange sans hâte sa salade au saumon fumé. Pour ma part, je trouve ce poisson un petit peu trop salé, mais j’apprécie sa délicatesse, sa texture fine et son peu de gras. À un certain moment, n’y tenant plus, je pose à brûle-pourpoint la question qui m’obsède depuis mon arrivée: "Vous avez prévu des soirées de danse du ventre?" "Nous en avons chaque samedi", répond celui qui nous a reçus et qui, maintenant, pose devant nous nos plats de résistance. D’un même élan de tout l’être, nous humons. Grisant! Courgettes, carottes, haricots verts et tronc de brocoli complètent le tajine de saumon servi à ma compagne. Cette fois, le poisson ne souffre aucun reproche, bien qu’il soit de ceux que je n’aime pas vraiment. Je le trouve goûteux, sans sécheresse aucune. La garniture plaît autant: salade (laitue, feuilles de chêne, tomate cerise et cœur d’artichaut), tranches de citron et un petit monticule de semoule surmonté d’un confit d’oignons et de raisins. Ces mêmes accompagnements se retrouvent dans mon assiette, sympathique escorte d’une brochette de bois sur laquelle se pressent des morceaux d’agneau et de poulet, une demi-caille et une merguez contorsionniste. "L’assaisonnement est… grammatical", dis-je, et j’ai droit à deux points d’interrogation nimbés d’inquiétude dans les yeux qui me fixent. Je voulais dire "plus-que-parfait"… bon, tant pis! Bref, pour moi, il réhabilite même le poulet, ce qui n’est pas peu dire. Pour délicieuse que soit la caille, toutefois, on aurait dû la badigeonner plus souvent de gras. À part ces petits détails, tout va pour le mieux dans un monde qui nous semble meilleur, le temps d’un souper où l’on savoure l’instant présent autant que, par avance, certain samedi où je compte bien revenir faire le plein de régals et de rêves soyeux.
Restaurant Phénicia
853-B, avenue Myrand
Sainte-Foy (Québec)
Téléphone: (418) 688-2158
Table d’hôte (dimanche-jeudi): 24,95 $ pour deux
Table d’hôte (vendredi et samedi): 15,95 $ par personne
Menu du midi à partir de 6,45 $
Souper pour deux (incluant taxes et service): 49 $
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VOS SOUPERS EN MUSIQUE
Comme d’habitude, le restaurant Paparazzi vous propose de savourer ses délicieuses spécialités japonaises et italiennes dans une ambiance chaleureuse agrémentée, le samedi soir, des musiques que vous aimez: les trios Julie Cimon Racine et Annie Poulin s’y produiront respectivement les 10 et 17 décembre, à partir de 18 h 30. Accompagnée de David Parker au saxophone et d’Yvan Fortin à la guitare, Julie Cimon Racine interprète de sa voix chaude et envoûtante les plus belles chansons populaires du Brésil et puise aussi dans le répertoire traditionnel du jazz. Quant à Annie Poulain, elle est accompagnée par le contrebassiste Simon Lévesque et le pianiste Sylvain Daignault. Premier Prix de Cégeps en spectacle (février 2000), grande gagnante du concours Révèl’artistes (avril 2002) et diplômée de l’Université Laval en interprétation jazz, Annie Poulain fait partie du groupe Fun Club et enseigne le chant à l’école de musique L’Arquemuse de Québec.
Restaurant Paparazzi, 1363, avenue Maguire, Sillery, (418) 683-8111.