La tradition veut que je vous laisse en fin d’année avec un dernier cadeau pour vous manifester mon attachement. Chocolat, champagne et autres fariboles feraient sans doute l’affaire, mais quelques bonnes adresses où le couvert est bon, très bon ou même exceptionnel plairont tout autant. Chacune de ces maisons a fait l’objet d’une chronique dans Voir du 1er janvier 2005 à ce jour. Une douzaine de boules de toutes les couleurs pour décorer votre sapin de Noël gastronomique.
Boule 1: Ô Chalet, 1393, boulevard René-Lévesque Est, Montréal, 514 527-7070. Au-delà du côté un peu rustique de l’endroit, on doit venir ici pour la cuisine allumée d’Alexandre Gosselin et de Jean-Philippe Brodeur. Soir ou midi, suçoter un petit magret de canard poêlé parfumé au Lapsang Souchon est le summum de la "coolitude". Ambiance relax et éminemment sympathique.
Boule 2: Jun i, 156, avenue Laurier Ouest, Montréal, 514 276-5864. Le retour de monsieur Junichi Ikematsu sur la scène montréalaise est un bonheur infini pour l’honorable Occidental amoureux de la cuisine du pays du soleil levant. Dans son beau resto, œuvre de Jean-Pierre Viau, Juni San concocte des miracles de légèretés élégantes.
Boule 3: L’Express, 3927, rue Saint-Denis, Montréal, 514 845-5333. Un quart de siècle plus tard, on sert encore en ces lieux la meilleure cuisine de style brasserie française. Les touristes accourent, les connaisseurs en ont fait leur lieu de rencontre et il flotte ici chaque soir un bourdonnement chaleureux. Dans une vie antérieure, j’ai sûrement été concierge au Crillon ou maître d’hôtel dans une élégante brasserie. Excellent karma.
Boule 4: Joe Beef, 2491, rue Notre-Dame Ouest, Montréal, (514) 935-6504. McMillan et Morin ont laissé leurs Hummer culinaires respectifs et opté pour une belle petite MG décapotable. Garé dans la Petite-Bourgogne, leur joli estaminet commence à attirer les fines fourchettes de partout. Beaucoup d’ambiance dans les assiettes et, dans la salle, le sourire apaisant d’Allison, l’associée des M&M.
Boule 5: Bô, 5163, boulevard Saint-Laurent, 514 272-6886. Brise légère venue d’Extrême-Orient, ce Bô attirait bien des regards sur le boulevard Saint-Laurent. Son décor annonçait de bien belles choses et la présence de la famille Liu en cuisine, Suzanne et Lung, augurait bien. Tout ceci s’est avéré et l’on vient aujourd’hui ici savourer une cuisine chinoise inhabituelle et très joliment mitonnée.
Boule 6 : La Montée de lait, 371, rue Villeneuve Est, 514 289-9921. "Où petit rime avec joli. Et savoureux à vouloir y revenir encore et encore. Hugo en salle avec ses coupes de cheveux "trop cool" et son grand sens de l’hospitalité, Martin Juneau aux fourneaux et ses petits plats divins. Du pur plaisir. Simple, comme on le préfère." C’est ce que j’écrivais l’an dernier. La seule chose que je pourrais ajouter est que c’est encore meilleur cette année.
Boule 7: La Chronique, 99, avenue Laurier Ouest, Montréal, 514 271-3095. Cette année, Marc De Canck célébrait les 10 ans de sa Chronique. Il y a effectivement sujet à célébration. En 10 ans, il a réussi à faire de ce mignon petit endroit une adresse. On vient de partout manger chez lui et l’on repart en sachant qu’on va revenir et lui envoyer des amis. Lorsque le grand maître doit s’absenter, Olivier de Montigny dirige la cuisine avec doigté.
Boule 8: Le Club Chasse et pêche, 423, rue Saint-Claude, Montréal, 514 861-1112. Prenez l’un des quatre ou cinq meilleurs chefs en ville, un maître d’hôtel allumé ainsi qu’un personnel attentif et connaisseur. Placez le tout dans un lieu mythique redynamisé par un designer talentueux. Vous obtiendrez l’une des meilleures tables de Montréal. Un an à peine après son ouverture, cette maison a déjà ses inconditionnels.
Boule 9: La Spaghettata, 399, avenue Laurier Ouest, Montréal, 514 273-9509. Début 2005, Santa Spaghettata (aka Chantal Raymond) a envoyé deux bonnes fées sauver cette adresse tombée en désuétude. Danielle Matte, nouvelle gérante, a ramené la joie de vivre dans cet endroit. Le talent et le travail de la chef Candida Presta et de sa nouvelle brigade ont ramené le soleil dans les assiettes. Et les gens du quartier ont redécouvert le plaisir de venir manger un petit plat ici.
Boule 10: Vasco da Gama, 1257, avenue Bernard Ouest, Montréal, 514 272-2688. Dans cette section outremontaise de la rue Bernard, on trouve de tout. Du mauvais qui sent la marée et du bon avec quelques petits cafés (Souvenir), restos (Petit Italien), boulangerie (Première Moisson) ou glacier (Bilboquet). Depuis le printemps 2005, on trouve aussi du très bon (Vasco da Gama). Cette petite maison fait la preuve, si besoin était, qu’en restauration aussi le travail donne d’excellents résultats, que les clients savent apprécier.
Boule 11: XO, 355, rue Saint-Jacques, Montréal, 514 841-3111. Le "chiquissime" Hôtel Saint-James avait oublié de proposer la table aux célébrités qui viennent coucher chez lui. Correction apportée. On trouve aujourd’hui à cette adresse une cuisine digne des meilleurs hôtels et on redécouvre le plaisir de manger dans un cadre d’une autre époque. Luxe, calme et volupté.
Boule 12: Raza, 114, avenue Laurier Ouest, Montréal, 514 227-8712. Mario Navarette a ouvert un resto bizarre, dans un lieu bizarre et il y sert une cuisine bizarre. En termes politiquement corrects, on dit "Nuevo Latino" ou "d’inspiration péruvienne", je sais. Mais, moi, je trouve Mario Navarette un peu bizarre. Et doué en cuisine. Et extrêmement créatif. Et sympathique en plus. Raza est le reflet de tout ceci. Avec en plus une touche "wallpaperesque" dans le décor. Comment on dit ça, déjà, "Chill, man!" en nuevo latino?
Voilà donc pour cette année. 2006 s’annonce tout aussi excitante: quelques nouvelles adresses et des chefs qui continuent à nous offrir des lieux de spectacle imprévus, de la passion à revendre, beaucoup de talent, beaucoup de travail et, pour les clients, de nombreux petits bonheurs pour rendre la vie encore plus belle.
Passez de bonnes Fêtes et soyez heureux!