C’était un de mes mal-aimés. La cuisine me semblait souvent sans cohérence, inégale; le décor avait quelque chose d’indéfinissable, entre le pub confortable et le resto de quartier sans âme. Même si je le savais déménagé depuis un moment, je reportais toujours ma visite… Je n’ai pas découvert la perle rare, mais je dois avouer avoir été agréablement surprise par ce petit bistro sans prétention.
Le nouvel espace, tout en longueur, a quelque chose de nettement plus intime, sans qu’on s’y sente les uns sur les autres. Si les décors jaune et bleu à la provençale commencent à faire époque, ça donne ici une chaleur que rehaussent le bois blond du plancher et les tableaux colorés. Des tables nappées dans les mêmes tons, une musique discrète, un bar invitant et un service des plus charmants, attentif mais discret, accueillent chaleureusement le dîneur. Le menu, aux inspirations diverses, se promène de l’Inde à l’Italie, en passant par l’Amérique et la Thaïlande. Combinaisons réjouissantes, colorées, très tendance.
En entrée, Lucille avoue hésiter entre les calmars et les rouleaux de printemps. J’accuse le même dilemme. On se partagera donc une assiette de jerked calmars, rondelles panées un peu résistantes, mais loin de frôler les catastrophes déjà goûtées, que l’on sauce, en alternance, dans un chutney de mangue et tamarin et dans un aïoli à la limette, tous deux bien relevés. Les rouleaux de printemps végétariens, pour leur part, sont frais – mais presque trop froids – et si la portion est généreuse avec ses quatre rouleaux, leur contenu me semble bref: les petites feuilles de riz sont farcies principalement de carottes en julienne, d’un peu de concombre, mais sans beaucoup plus.
Elle poursuit avec deux brochettes de poulet tandoori dodues et juteuses, servies sur un riz au cari gentiment présenté dans un papadum (crêpe fine et croustillante à base de farine de lentilles) formé en bol incliné. Quelques légumes et un raïta (sauce indienne à base de yogourt) de mangue, concombre et menthe complètent l’assiette.
Plus carnivore encore, j’attaque un steak-frites d’inspiration Nouveau-Mexique. La viande goûteuse et tendre est cuite à la perfection – médium-saignant – et servie sur une montagne de frites allumettes faites de patates douces, pour un mariage sucré-salé fort agréable. Une salsa de haricots noirs (un brin résistants sous la dent…) et maïs ainsi qu’une sauce moutarde et piment chipotle bien piquante accompagnent le tout. Copieux à souhait.
Tellement copieux, pour tout dire, que nous devrons oublier les desserts pourtant invitants; même la crème brûlée ne me fera pas craquer!
Un repas pour deux, avant vin, taxes et pourboire, se monte à un peu plus de 50 $. Sans prétendre à une grande cuisine, ce petit bistro fait plaisir: simple, coloré, réconfortant.
The Urban Bistro
1237 1/2, rue Wellington
Ottawa
Tél.: (613) 798-1652