Restos / Bars

El Sombrero : Tour du chapeau

Imaginons un restaurant mexicain qui, au grand désespoir de ses parents, passionnés de soccer, se serait fait joueur de hockey. Il a un côté un peu ombrageux, cet hidalgo. Appelons-le, si vous voulez bien, "le sombre héros".

Ce qui ne l’empêche absolument pas de vous accueillir gentiment. C’est un petit resto de quartier au décor minimaliste misant sur de jolies couleurs et quelques objets décoratifs, où les clients n’hésitent pas à emmener leur progéniture. La jeune équipe fait le pari d’offrir une cuisine mexicaine accessible et abordable, loin des excès et des raccourcis de la mouvance tex-mex.

La serveuse prend le temps de vous expliquer le menu, plus complexe qu’il n’y paraît à première vue, et n’hésite pas à vous faire des suggestions judicieuses. Bref, le sombre héros s’est bien entouré. C’est son premier but de la soirée.

On ne sert pas d’alcool, mais vous pouvez vous rabattre sur de délicieuses boissons offertes à petits prix, au verre ou pichet, notamment l’eau "de Jamaica", un thé glacé au parfum d’hibiscus, et l’eau "de Horchata", une sorte de "lait" sucré à base de riz.

Afin de calmer votre appétit, on vous apporte d’emblée un petit panier de nachos et une salsa très liquide, parfumée au chipotle (prononcez chi-pote-lé), exquis piment au goût piquant et surtout fumé. C’est si bon, comme dirait l’autre, qu’on en mettrait sur ses toasts.

En entrée, on vous propose l’inévitable guacamole. Dans ce cas-ci, la purée d’avocats est bien lisse, bien relevée et bien assaisonnée. Détail amusant, vous pouvez, pour quelques sous de plus, choisir une variante: quelques crevettes nordiques, aussi appelées de Matane, du nom d’un des États les moins bien connus du Mexique, garnissent l’entrée, aux côtés d’un peu de fromage et de coriandre. Si nous voulions "chipotler" (excusez-la), nous pourrions dire que la portion était un peu petite.

Nous avons aussi goûté les picaditas, véritables petites tartelettes à la croûte de maïs, garnies d’une savoureuse purée de haricots noirs, d’oignon, de crème et de fromage. Régal végétarien qui dispose bien pour la suite.

La quesadilla a la tinga, sorte de tortilla frite fourrée à la viande de bœuf, a disparu de l’assiette d’un des convives si vite que votre serviteur a à peine eu le temps d’y goûter. Verdict: fort bon. On l’accompagne d’un peu de purée de haricots noirs, laquelle revient dans la costras, une croûte de fromage que l’on garnit au goût du client. Dans ce cas-ci, nous avons choisi le porc (al pastor) mariné dans la sauce au huajillo, autre piment au goût fumé, auquel s’ajoutent de petits dés d’ananas. Ce plat différent et savoureux, aux accents presque… suisses, plaira en particulier aux enfants.

L’Especial Sombrero se compose de tacos souples qu’on recouvre d’une préparation où de petits cubes de bœuf et de la même viande de porc que celle dont il était question ci-dessus côtoient quelques cubes de légumes. On vous sert le tout légèrement gratiné et agrémenté de coriandre. Simple et savoureux, de quoi soutenir los tabarnocos pendant les longs mois d’hiver.

La cecina estilo Huasteco, autre spécialité de la maison à l’appellation plus obscure pour qui n’entend pas l’espagnol, c’est, dit-on dans le menu, de la "viande séchée et salée", qu’on fait griller. Dans l’assiette, le steak très mince ne paie guère de mine. En bouche, il a une texture et un goût plus agréables, où nous semble dominer le parfum du citron vert. On le sert avec deux enchiladas, de la laitue, du riz un peu mou et… la fameuse purée de haricots noirs. Heureusement, on ne s’en lasse pas.

Largement de quoi accorder un deuxième but. Pas même besoin de reprise vidéo.

Outre le flanc, on vous propose, côté douceurs, le pastel, ce soir-là un gâteau au chocolat bien dense, dont les enfants n’ont fait qu’une bouchée. Pour eux, en tout cas, pas de doute, le sombre héros a complété son tour du chapeau.

De 30 à 40 $ pour deux, avant les boissons, les taxes et le pourboire.

Bémol: Par une froide soirée de janvier, la brise (la "bise", dirait La Fontaine) qui s’engouffre dans la salle a vite fait de nous ramener sous nos latitudes. Nous nous prenons presque à déplorer l’absence, devant la porte, d’un abri quelconque.

Dièse: Accueil sympathique, cuisine simple, ensoleillée.

500A, rue Bélanger
514 272-0888