Restos / Bars

Benny’s Bistro : Plaisir renouvelé

Benny’s Bistro m’avait éblouie, il y a deux ans. Depuis, les chefs s’y sont succédé. Me voici heureuse de dire que "plus ça change, plus c’est pareil": simple et bon!

Le métier de critique, c’est saisir le moment et le traduire pour ses lecteurs. Mais "le moment" est souvent volatil: il y a mon humeur à moi, celle du chef, du serveur, ou des clients de la table à côté… Tout cela influence "le moment". Quand j’ai visité Benny’s Bistro, à l’automne 2003, c’était un soir froid de novembre, j’étais attablée seule – une rareté! – et j’avais le moral dans les talons. J’en étais ressortie sautillante de joie! Et mes visites subséquentes – pour le lunch, le brunch – n’avaient fait que renouveler mon plaisir. La critique fut donc ô combien heureuse!

Mais de nombreux chefs sont depuis passés aux fourneaux, tellement que je n’arrivais plus à suivre le rythme. Summum de l’angoisse, quand j’allais chercher mes croissants à la boulangerie (Benny’s occupe la salle située derrière Le Boulanger français), je voyais toujours ma très élogieuse critique, trônant sur le mur… Était-elle toujours d’actualité? Je me devais de le vérifier.

Toujours le même accueil, chaleureux: Yvon ne déroge pas à son professionnalisme. Généralement seul en salle, il relève le défi avec un enthousiasme non feint. On apprécie! L’espace surprend toujours le nouvel arrivant: plusieurs croient encore que, derrière la boulangerie… il n’y a rien! On découvre plutôt une vaste salle aux teintes vibrantes de rouge, de jaune, de bleu, qui ne pèche que par son absence de fenêtres. Si la chose m’agaçait au début, j’ai vite appris à aimer cette intimité forcée.

Ouvert matins et midis – on a abandonné les soirées, sauf sur demande – Benny’s offre un menu coloré et frais qui évolue avec les saisons. Nous ouvrons le bal avec la soupe du jour qui nous interpelle tous les deux: purée de champignons sauvages, crème à l’estragon. Concentrée et combien goûteuse, avec juste une petite touche de crème, c’est un plaisir. Et le pain – tout frais sorti… de la boulangerie! – est irrésistible.

Patrick poursuit avec un ragoût de lapin braisé, poireaux et pommes de terre présenté dans un gros bol, décoré d’une couronne de pâte feuilletée. Plat de saison, où lapin et légumes nagent en abondance dans une sauce fumante, mais qu’on aurait envie de relever un brin. Une jolie salade accompagne le tout, croquante et juste bien acidulée. Mon homme louchera jalousement vers mon assiette: un copieux cassoulet. Les haricots blancs sont cuits juste comme il faut, ni pâteux, ni trop fermes, et sont garnis de canard confit, de saucisse, d’oignons caramélisés et d’une réduction de canard et thym. C’est plein de saveurs réconfortantes; un must pour survivre à la grisaille et au froid! Courez-y!

Enfin, bien que repue, je signale à Patrick que le moelleux au chocolat est tout simplement incontournable. À deux, on devrait y arriver: il est minuscule. On assistera à un beau combat de fourchettes pour achever jusqu’à la dernière miette ce merveilleux concentré de chocolat au centre chaud et coulant. Il remporte toujours la palme! Et les cafés qui l’accompagnent ne déçoivent pas non plus.

Un lunch fort copieux, pour deux personnes, se montera à une cinquantaine de dollars, avant vin, taxes et pourboire. Plus qu’un sandwich au snack du coin…mais ô combien plus réjouissant!

Benny’s Bistro
119, rue Murray
Ottawa
(613) 789-6797
www.bennysbistro.ca