Pas dépaysant du tout. On croirait y être venu la veille. Toujours ce même entrain du personnel, cette bonhomie qui ne laisse pourtant rien au hasard et ce sourire des serveuses qui vous illuminerait la plus sombre des journées. Des assiettes passent et, comme les jours, se suivent sans se ressembler. La salle à manger est bondée et nous n’avions pas réservé. Néanmoins, on nous aménage prestement une table – que nous occuperons jusqu’à ce qu’une autre se libère un peu plus loin, près des grands vitrages du fond inondés de soleil. À ce moment-là, nous aurons sérieusement entamé nos apéros et terminé nos entrées… Il me faut un certain temps avant de pouvoir me concentrer sur la carte. Autre chose attire mes yeux – ce "coup de fusain" magistral de Belkacem Benkhaled qui campe sur les murs d’imposants personnages – Fantin-Latour, Courbet, Femme d’Algérie – entre quoi s’interposent des huiles sur toile de la même facture. Mais l’attrait des nourritures terrestres finit par l’emporter: baguette de poulet et salsa maison, fusilli au Ciel de Charlevoix, filet de tilapia à l’huile parfumée… La carte du soir a bien sûr une autre allure avec ses pétoncles saisis au bulbe de fenouil, suprême de volaille mariné tandoori, cuissot de canard confit, bavette de veau à l’émulsion de saké et de wasabi, crevettes tempura, etc. Quelques bonnes gorgées de Tuborg, et me voilà prêt à commander. Mon amie sirote encore un peu son Red Lotus (cocktail à base de vodka, jus de canneberges et liqueur de litchi), puis se dit prête à son tour. Quand arrivera son parmentier, que je l’aurai humé par inadvertance et que j’aurai fait exprès d’y goûter, j’en voudrai un peu à celle qui s’en délecte avec le sourire et qui déclare d’un air convaincu: "Je ne regrette vraiment pas mon choix!" Chaud, bien passé, sans grumeaux, ce potage a le velouté qu’on en attend et la saveur franche que peut lui procurer un bon consommé blanc. J’aurais tort de me plaindre, vu la délicatesse du parfait de foie de volaille qui m’est servi, accompagné de mesclun, ainsi que de carottes et d’oignons confits. Les assaisonnements y sont perceptibles, mais discrets; le poivre lui-même vous effleure à peine les sens. Pour la suite, j’ai choisi le même plat de résistance que lors de ma dernière visite, soit le tartare de bœuf Angus. Il s’avère tout aussi savoureux, un peu relevé avec, cette fois, une petite amélioration: la viande n’est pas trop finement hachée. On la savoure donc en mâchant doucement, attentif surtout à cette épice particulière (secret du chef?) qui domine, sans le masquer, le goût des câpres et des oignons. J’accompagne cela de frites et de mayonnaise maison. De l’autre côté de la table, une salade de saumon fumé à l’érable et à l’armagnac égaye à la fois l’assiette et le visage qui se penche un peu vers elle à chaque bouchée. Savoureux et pas trop gras, le poisson se présente en tranches larges – et fines au point de sembler translucides. Un peu plus tard, nous choisissons avec les cafés des desserts un peu… parents: gâteau fondant au caramel pour mon amie et, pour moi, une crème caramel semée de quelques brins de zeste d’orange et de limette qu’on croirait candis. "Ouf!" conclut mon vis-à-vis, à la fois exténuée et ravie – faut le faire! Heureusement, en raison de l’affluence, nous n’avions pas pu nous garer près du resto: la marche digestive, souhaitable, s’avère en outre inéluctable.
Les Barjots
850, avenue Myrand, Sainte-Foy (Québec)
Téléphone: (418) 687-8016
Menu du jour à partir de 9,95 $
Table d’hôte à partir de 22,50 $
Dîner pour deux (incluant taxes et boissons): 46,47 $
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DES SOUPERS QUI JAZZENT
La série de soupers-spectacles Paparazzi se poursuit de plus belle… et tout en jazz! Le 25 février, dès 19 h, vous aurez l’occasion d’entendre le Trio Mireille Boily, soit Dominic Gobeil (guitare) et Alexandre Tremblay (contrebasse) accompagnant la chanteuse Mireille Boily. En plus de sa participation en 2002 au spectacle Illusions du Cabaret des Folie’s de Paris et au spectacle Ecce Mundo de Saguenay, la chanteuse a lancé en 2004 son album Mireille Boily Jazz Ensemble. Le trio proposera un répertoire allant du swing au funk, en passant par les rythmes latins et brésiliens, des standards de jazz et quelques pièces populaires. Pour manger, vous avez toujours le choix parmi les excellentes spécialités italiennes et japonaises du Paparazzi. 1363, avenue Maguire, Sillery, (418) 683-8111.