Restos / Bars

L’Intimiste : Soirée tendresse

Si L’Intimiste est l’un des meilleurs restaurants de la rive-sud, il se soucie aussi de le rester.

Habituellement, nous mangeons ici sur un fond de musique classique. Qu’en est-il, ce soir? Je l’ignore, car je suis tout yeux et ne prête l’oreille que de loin – aux mots de bienvenue qui accueillent la clientèle, à ce que nous dira de loin en loin notre serveur, à ce que me signale ma compagne en fait de changements apportés au décor… Dès notre arrivée, nous avons tenu à visiter l’annexe du resto, L’Intimiste Lounge, chic resto-bar confortablement meublé et baignant dans une lumière tamisée propice aux tête-à-tête. Nous avons ensuite pris place, près de la porte qui y mène, dans la salle à manger bondée de couples soucieux de fêter la Saint-Valentin un peu avant la date… prescrite. Pourquoi tant de salades autour de nous? Parce qu’il s’agit, nous dit la carte, de la "Salade des belles amours". Elle figure parmi les entrées, tout comme le velouté du moment, le tartare de saumon, les crevettes sauce crème à la vanille…! Mon amie a choisi en apéro un Appletini dont on nous dit qu’il rappelle, par le goût, la bonne tarte au sucre. Et par l’odeur aussi, constatons-nous. Je m’en tiens à une Leffe. L’affluence n’entame en rien le calme et la courtoisie du personnel. Cela nous laisse entre autres le temps d’inventorier les assiettes qui se posent en douceur, ici et là, joliment présentées – et probablement aimantées, si l’on en juge par la promptitude avec laquelle couteaux et fourchettes s’y précipitent. Médaillon de cerf, sauce crémeuse aux shiitake? Wapiti sauce aux lardons? Pétoncles à la salsa de mangue au lait de coco sur vermicelle au sésame? Thon rouge grillé aux légumes sautés? Ça vous enjolive et vous embaume une salle à manger, parole! Vivement nos premiers plats! Les voici. Mon croustillant de wapiti au sésame se présente sous la forme de deux rouleaux (qu’on dirait "impériaux") garnis d’une farce fine, souple en bouche et de très bon goût. Elle pourrait se passer de la sauce aux arachides qui l’escorte, mais cette dernière ne vous lâche plus: elle vous obsède jusqu’à la dernière goutte, qu’on fait coïncider avec la dernière bouchée. On est alors fin prêt pour zyeuter de l’autre côté de la table, pour risquer une fourchette distraite en direction des derniers vestiges d’un feuilleté d’escargots forestier à l’estragon mouillé de sauce crémeuse. Il subsiste aussi dans son assiette le souvenir d’un agréable mélange de légumes (courgettes, poivrons, oignons et autres) rappelant la ratatouille. Ce que la vie est belle, des fois! En plus, elle m’entend penser, je crois, car elle nous remercie bellement avec la suite. Après deux gorgées "méditatives" de vin alsacien (Tokay, Pinot gris, 2003), mon amie entame son assiettée de "pétoncles à la salsa de mangue en réduction légèrement sucrée au lait de coco sur vermicelle de sésame". Une bouchée vaut mille mots. L’un des mollusques a cru bon de se raidir un peu, sur les bords, mais il s’agit d’un trouble-fête qui, par contraste, nous fait apprécier le reste – autant l’équilibre des textures que celui des saveurs, qui semblent s’aimer à la folie. Les petits légumes en julienne sont à peu près les mêmes que les miens – notamment des carottes -, mais je préfère crier: "Sus au jambonneau de volaille!" Une belle cuisse, dorée, farcie de sanglier et de bleuets, découpée en larges rouelles. La sauce à l’orange et aux bleuets semble s’imposer d’elle-même. Ne me retenant plus, je demande qui est le chef, question que j’avais déjà posée lors d’une précédente visite. La réponse confirme ce dont je me doutais sans raison apparente: il y avait du nouveau devant les fourneaux, sans doute un tour de main différent. Il s’agit en fait d’une… nouvelle, car je découvrirai un peu plus tard, avant de partir, qu’il s’agit de Véronique Gosselin, jeune chef dont nous avions beaucoup aimé la cuisine, l’été dernier, dans un autre établissement. À deux pas de la sortie, je ne pourrai alors m’empêcher de lui dire, presque sur le ton de la confidence: "Ici, vous allez pouvoir vous éclater!" Ce sera évidemment après les cafés, après le gâteau au fromage et caramel brûlé qui aura sucré notre fin de soirée.

Restaurant L’Intimiste
35, avenue Bégin
Lévis (Québec)
Téléphone: (418) 838-2711
Menu du jour à partir de 10,95 $
Table d’hôte: 23 à 39 $
Souper pour deux (incluant boissons et taxes): 89,46 $