Ces deux mots, rapprochés, évoquent irrésistiblement le petit-déj croqué vite fait sur un bout de comptoir. On s’étonne alors, quand on passe devant l’établissement à l’heure du dîner ou en fin d’après-midi, d’y voir des clients attablés devant des mets difficiles à reconnaître de loin. Pas question d’aller se coller le nez contre la vitre. Le plus près possible de ce qui attire tout ce beau monde, c’est encore à l’intérieur, dans cette cage de verre qui ne vous emprisonne pourtant pas. Là, c’est le calme. Souriantes, les serveuses s’activent derrière le gros comptoir, à droite, ou dans la salle claire et aérée qu’un miroir prolonge en trompe-l’oeil, au fond, sur la gauche. Tables un peu étroites, sièges confortables et musique en sourdine. Je désigne à mon invitée une grande affiche vantant les qualités des canelés de Bordeaux et la convaincs déjà d’en commander un au moment du dessert. Sur chaque table, une carte énumère les spécialités de l’endroit, après avoir rappelé la définition maison de ce qu’est une tartine. En plus des déjeuners légers ou robustes, il y a là les sandwichs du monde, "Le Parisien" (mini-baguette jambon et brie, moutarde au miel et salade), "L’Italien" (ciabatta, salami de Gênes, capicolo, mayonnaise aux poivrons rouges grillés, etc.), "Le Londonien" au saumon fumé, "Le Pita de la Nouvelle-Zélande"… Et à chaque jour sa soupe – à l’oignon rouge, le lundi; au poulet, riz et herbes, le mardi; aujourd’hui, mercredi, nous avons droit à une crème de panais fumante, accompagnée d’une demi-tranche de pain de campagne grillé. Elle est au miel, nous assure la serveuse, mais "à l’érable" selon le site Web de l’établissement, que je ne manquerai pas de consulter un peu plus tard. Pas vraiment facile de trancher, car ce potage est délicieux (quoiqu’un peu trop épais), sans rien d’excessif; la saveur du panais y domine, comme il se doit. Nous nous laisserions bien tenter par l’un des vins d’importation privée qui ennoblissent la carte, mais décidons finalement de nous en passer. Comme plat principal, mon invitée s’est décidée pour "Le Pita de la Nouvelle-Zélande", c’est-à-dire farci d’agneau braisé, de raisins secs, de coriandre fraîche et d’oignons glacés. Les goûts se marient bien; chaque ingrédient s’imprègne un peu de celui des autres. Il en résulte une délicatesse qu’estompe, étouffe même, la sauce au curry, trop "puissante", qui vous est heureusement servie à part. J’ai choisi pour ma part une tartine: fondant de poireau, minces tranches de porc mariné et grillé constituent la garniture d’une large tranche de pain de campagne bien grillée. Sauce moutarde, sirop d’érable et parmesan aromatisent l’ensemble décoré de tomates séchées. Cela s’avère aussi gourmand et plus copieux que je ne m’y attendais. Avec nos cafés, nous commandons évidemment deux canelés. Deux bouchées plus tard, je déchante. Non et non, ces canelés ne sont pas ce qu’ils devraient être! Je ne manque pas de signaler à la serveuse qu’ils sont ratés, mal cuits, coriaces. Le proprio s’amène, constate le fait et promet d’en aviser son fournisseur. Pour compenser, il nous propose une tartelette au chocolat et au fromage, faite maison, et nous la décrit avec un réel enthousiasme… Nous avons bien fait d’accepter, car elle nous a requinqué l’humeur et le moral.
Arôme et Tartine
395, boulevard Charest Est
Québec (Québec)
Téléphone: (418) 523-5686
Repas à partir de 6 $
Dîner pour deux (incluant taxes et service): 22,50 $
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ANNÉE FASTE POUR FRANÇOIS CHARTIER
On se souvient que, lauréat d’or du concours Cuisine Canada en novembre dernier, La Sélection Chartier (Montréal, Les Éditions La Presse) devenait officiellement le meilleur livre sur les vins au Canada en 2005. Et voilà qu’un autre ouvrage de l’auteur vient d’être proclamé "Best Book on Matching Food and Wine in French" aux Gourmand World Cookbook Awards 2005. Il s’agit d’À table avec François Chartier, également publié par les Éditions La Presse, véritable encyclopédie des arômes et des saveurs, consacrée à l’harmonisation des vins et des mets, et offrant un panorama inédit de la gastronomie québécoise. C’est au cours d’un gala tenu à Madrid en décembre que cet ouvrage de 224 pages, préfacé par Florence Cathiard du Château Smith Haut Lafitte (Bordeaux), a remporté ce prix prestigieux. Seule compétition vraiment internationale dans ce domaine, les Gourmand World Cookbook Award ont été créés en 1995 dans le double but de récompenser ceux qui "cuisinent avec des mots" et d’aider les lecteurs à découvrir les meilleurs ouvrages consacrés à la cuisine et au vin parmi les quelque 24 000 publiés sur le sujet dans le monde chaque année. Dans sa catégorie, À table avec François Chartier accède d’emblée à la finale, toutes langues confondues, du prix The Best in the World, qui sera attribué le 21 mai prochain, à Kuala Lumpur, lors du dîner de gala qui clôturera le Cookbook Fair Gourmand. On consultera utilement le site www.francoischartier.typepad.com.