Dès l’accueil, le service passe au français: on aime! Comme il est tôt, nous prenons l’apéro au bar, question de fouiner des yeux: un habile travail de design a transformé ce sous-sol en espace branché. Foundation ayant pignon sur… cour, il n’est pas de ceux qu’on voit du premier coup d’oeil. Une grande verrière donne donc une belle luminosité à l’endroit… et une vue plongeante au passant. Pierre et verre, mais aussi beaucoup de bois, des plantes, un éclairage tamisé, des couleurs chaudes: les espaces s’enfilent, à différents niveaux, jusqu’aux salles de bain un peu folles, avec télévisions, crèmes et lotions!
Mais passons à table. Le menu est éclectique, comme le veut la tendance. Pétoncles et canard voisinent avec fondues et assiettes dégustation. À quatre, nous pouvons ratisser large et tester les cuisines. Les entrées, fort attrayantes sur papier, sont moins convaincantes dans l’assiette. Si la terrine de champignons sauvages annoncée devient un petit pâté en croûte fort goûteux, concédons-le, le chèvre à l’huile de truffe n’est qu’un banal alignement de fines tranches de fromage crémeux, accompagné d’un minimum d’huile et de quelques croûtons de pain toscan… Les moules manquent d’inspiration: la réduction de sauvignon blanc et crème est relevée d’un aïoli au safran d’une discrétion désarmante…! Enfin, peut-être le choix le plus heureux, la salade de betteraves rôties est fraîche et bien faite, avec son émulsion à l’amande et son gros beignet de fromage de chèvre au coeur tendre mais à l’enveloppe croustillante.
Les espoirs se tournent vers les plats principaux. L’attente, longue, est le premier signe d’un service débordé. La place se remplit et les serveurs se succèdent à notre table, l’un ne sachant trop où en était l’autre: nous attendrons 15 bonnes minutes pour récupérer les couteaux partis avec l’entrée… pendant que nos plats refroidissent… et que Sylvie use sa patience sur un poulet devenu saumon!
Nos Patrick respectifs y vont de plats maritimes: de gros pétoncles rapidement saisis au jus de veau et foie gras et un risotto un peu lourd aux chanterelles trop rares forment une assiette juste correcte; par contre, les ravioli de homard sont voluptueux, la farce généreuse et bien parfumée, le tout servi avec oignons caramélisés et infusion citron et aneth. Le poulet arrive enfin, suprême grillé à l’Amaretto, jus à la noisette et patates grelots. Rien de très franc dans les saveurs; bon, mais pas mémorable. Enfin, je remporte la palme avec un canard confit… carbonisé! Ce qui, au premier regard, ressemble à une belle caramélisation qu’invite un jus aux cerises séchées s’avère être une croûte desséchée. Et j’arrive plus facilement à tirer quelques bouts tendres en-dessous… qu’à attraper un serveur! En accompagnement, un "pâté chinois" fait d’un rond de pâte insipide garnie d’une macédoine de légumes et de purée dorée au four: triste!
Pour se faire pardonner, on m’offrira de payer le verre de vin commandé après l’entrée et arrivé… à la toute fin du repas! Mon regard exaspéré leur fait monter les enchères: un dessert gratuit? Non. Quatre desserts gratuits? Patrick me tend déjà mon manteau! Il y a de ces repas où la malchance est au rendez-vous; vaut alors mieux abréger la soirée et limiter les dégâts!
Notre repas se montera tout de même à 75 $ pour deux, avant le vin, les taxes et le pourboire. Heureusement, la compagnie était agréable! Mais ne rayez pas l’endroit de la carte: pour prendre un verre, c’est sympa… et peut-être aurez-vous plus de chance pour la suite!
Foundation
18B, rue York
Ottawa
Tél.: (613) 562-9331
www.foundationrestaurant.com