Le grand train du Festival en lumière est passé. En coup de vent, réchauffant comme toujours les coeurs et les estomacs. Je vous reprends ici quelques-unes des jolies serviettes de coton blanc, posées sur la table pour vous et mentionnées dans ma chronique du 19 janvier en annonce des festivités.
Serviette No 1: Émile Jung, chef français multi-étoilé, "macaronné", louangé et surtout très apprécié des gastronomes de passage en sa bonne ville de Strasbourg. Le Beaver Club l’accueillait le vendredi 17. À 300 $ le couvert, seuls quelques bienheureux ont pu atteindre l’autel pour communier. Quel ennui si tout le monde roulait en Maserati. Je continuerai, comme vous, à privilégier les transports en commun.
Serviette No 2: Mark de Canck et Olivier de Montigny recevaient à La Chronique le chef Sébastien Buecher. Outre le plaisir de la fréquentation occasionnelle de leur table, restera le souvenir émouvant de ce très surprenant mariage entre un verre de Pinot noir, Grande réserve 2001 de la maison Pfaffenheim et un surf and turf de homard et queue de boeuf, écrasé de pommes rattes et truffe. Plus tout le reste du repas qui fut une fête.
Serviette No 3: Les midis à prix fixe. Pendant 10 jours, quelques adresses où l’on a pu manger – et plutôt bien, d’ailleurs – pour 11,95 $. Byblos, Rumi et Prato se sont particulièrement distingués.
Serviette No 5: Avec plus de 400 convives à table, le Repas à la bonne franquette présenté par les fromages d’ici, peut se targuer d’avoir été un franc succès et a joué son rôle de dynamo de l’incontournable nuit blanche du festival.
Serviette No 6: Le Leméac accueillait Henri Gagneux, chef du restaurant La Palette à Wettolsheim. On a retrouvé ici avec plaisir la cuisine alsacienne dans ce qu’elle a de plus agréable, la simplicité n’étant pas la moindre de ses qualités. Ici aussi, des vins hallucinants, comme en témoignait la belle humeur gueurlotte de mon ami Marc, biberon d’or, au sortir de table. En cuisine, un filet de doré sur lit de choucroute et sel fumé marquera ce passage-ci.
Serviette No 7: Chez Decca77, le chef Darren Bergeron, chef exécutif de la maison, et sa dynamique brigade recevaient Edward Tuson, chef exécutif du magnifique Sooke Harbour House à Vancouver et Sinclair Philip, propriétaire du Sooke et président de Slow Food Canada. Soirée impeccable, illuminée par le talent de Tuson et la verve de Philip entretenant les invités des réalisations de Slow Food. Tout le repas fut une fête et je vous épargnerai le détail des plats, ces jeunes gens ayant la fâcheuse tendance d’intituler leurs créations de noms à coulisses.
Serviette No 8: Frank Pabst, chef exécutif du très vancouverois restaurant Blue Water Café officiait au Cube avec Éric Gonzalez. Feu d’artifice éblouissant d’où émerge le souvenir de cette queue de homard pochée, sauce corail pimentée et croustillant de polenta.
Serviette No 9: Chez Anise, Vikram Vij, chef du restaurant Vij’s à Vancouver, a brillé aux côtés de Racha Bassoul. Les deux artistes ont proposé des lumières, curry de fruits de mer à la noix de coco et autres sucettes d’agneau mariné. Du grand art. Comme toujours chez madame Bassoul.
Serviette No 10: Même si les thèmes principaux de cette année étaient "L’Alsace et Vancouver", on a eu droit à de la haute voltige venue de chez nous. Yvan Lebrun, chef du restaurant Initiale à Québec est ainsi venu démontrer aux fourneaux de Stelio Perombelon, des Chèvres, pourquoi il était un chef aussi renommé. À juste titre, tant sa cuisine méticuleuse a ébloui les foules.
Tous les ans, on entend les mêmes grincements: "Trop cher, trop élitiste, trop ci, trop ça…". Il n’en demeure pas moins que sans ce Festival, notre mois de février serait si glauque qu’on préfère ne pas y penser. Et puis, en plus de ces gros canons indispensables pour asseoir la notoriété de la chose, certains événements réchauffent nos âmes: Fête des fromages d’ici – neuf fromagers qui ont présenté plus de 25 fromages frais du Québec; première participation du marché Jean-Talon aux activités du Festival; Big Night à l’américaine (où sous la houlette du chef Laurent Godbout, cinq grands chefs américains (Todd Humphries, Paul Kahan, Marc Orlay, Michjael Schlow et Todd Stein) et trois vignerons californiens (Bill Easton, Randall Graham et Andrew Lacopelli) ont pu s’éclater et impressionner. Cette soirée-bénéfice – dont les profits étaient offerts à la recherche sur les aliments contre le cancer de la Fondation Charles-Bruneau – a permis de constater une fois de plus que ce Festival a non seulement de l’estomac, mais aussi beaucoup de coeur. Ça donne presque envie d’arriver en février 2007, c’est tout vous dire.