Restos / Bars

Le 48, Cuisine_monde : Voyage autour du monde

Le 48, Cuisine_monde annonçait, vers la fin du mois de décembre, l’arrivée de son nouveau chef chilien. Mais sa carte ne semble pas aussi "nouvelle" qu’on pourrait s’y attendre.

C’est plein à craquer. Pour ceux qui, comme nous, n’ont pas eu la bonne idée de réserver, il ne reste que deux tables libres. Nous optons pour l’alcôve meublée d’une banquette rouge à dossier noir complétée de coussins. Dans la salle, deux serveurs vont et viennent, empressés, mais il en aurait fallu deux de plus. Nous trinquons à l’apéro, mon amie et moi – une Grolsch contre un verre de Tempranillo (Berberana Dragón, 2002). Semée d’aphorismes divers – de Musset à Machiavel, en passant par Bouddha -, la carte s’ouvre sur "Les 48 tentations du 48", "de la mer", végétales, animales ou bien "sur croûte". Le plateau asiatique (rouleaux, satays, salade), les frites belges, le saumon scandinave, les tapas et autres précèdent les soupes et potages: thaï, miso, tonkinois ou Côte d’Azur. Puis les salades, les burgers de toutes nationalités, les baguettes, wraps, hot-dogs, pizzas et toutim. Je me réfugie du côté des grillades, tiraillé entre le tilapia Shangaï et le filet de porc de l’Indochine. Ne voulant rendre jaloux ni l’un ni l’autre, je choisis tout autre chose. Mon amie s’est décidée et nous passons commande. "Tu penses te dépayser avec ça?" rigole-t-elle à la vue de mes calmars frits. Ces mollusques sont mon point faible et aussi, une sorte de pierre de touche. Légèrement panés et sans doute un peu trop blêmes, ils ont cependant bon goût et s’accompagnent d’un aïoli digne de ce nom… qui a failli être trop salé. Mon amie, elle, s’abandonne à trois "tentations": un guacamole délicieux (mais que les puristes trouveraient trop onctueux), les chorizos sautés (juste assez relevés pour garder vos papilles éveillées) et un croûton garni de tapenade… qui avait déjà disparu quand j’ai voulu y goûter. À en juger par le murmure soutenu des conversations, nul ne songerait à chanter "Le bon vin m’endort…" Il coule ici et là, le vin. Notre table n’y échappe pas, puisqu’elle s’égaye d’un autre verre de Tempranillo. Arrive mon tajine de poulet à la marocaine (mariné au citron et au cumin) sur semoule de maïs. Il me laisse un peu perplexe: le blanc de poulet, tranché, n’est pas aussi imprégné de sauce que je l’aurais souhaité. La saveur y est, mais un peu trop discrète, furtive même; elle se révèle davantage dans les légumes (courgettes, poivrons, carottes…) et dans les bouchées de semoule bien imprégnées de sauce. En face de moi, un burrito joufflu succombe lentement, attaqué sans merci par la même bouche qui m’offre d’y goûter. Il se révèle bon, classique (boeuf et Monterrey Jack). On n’en attendait pas l’extase, tout de même! Mais une satiété de bon aloi qui nous permet de considérer desserts et fromages avec une suprême indifférence.

Le 48, Cuisine_monde
48, rue Saint-Paul
Québec (Québec)
Téléphone: (418) 694-4448
Table d’hôte: 12,95 à 19,95 $
Menu du jour à partir de 7,95 $
Souper pour deux (incluant boissons et taxes): 51,36 $

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SE PRENDRE SOI-MÊME PAR LE VENTRE

Que peut bien être un "roman culinaire"? L’aventure d’un certain Patrick complètement désarçonné en lisant le petit mot laissé par son ex: "Je pars pour toujours. Tu as de quoi manger pour deux jours dans le frigo. Après, tu te débrouilles tout seul!" Le cognac ne consolera pas bien longtemps notre piteux "héros", qui finira bien par appeler à l’aide son ami Didier, le seul cuisinier qu’il connaisse. Il finira par surmonter sa… dépendance. Sur un ton léger, badin, sans se prendre au sérieux, Didier Girol relate l’aventure et en profite pour camper quelques autres personnages – dont Benoît, "un apprenti pas très doué" et cousin du patron d’un petit restaurant de Lyon; Aimé, un radin qu’aucune femme, malgré son nom, n’a jamais pu supporter pendant plus de trois semaines; Jean-Pierre, qui avait pendant un certain temps fréquenté Christine, cette Belge dont Patrick tombe amoureux. Le dénouement est aussi heureux que le souhaite le lecteur: "[…] Il y a quelques mois, Patrick était désespéré et Christine était seule dans sa maison. Les voilà réunis et heureux ensemble […]. Sans le cuisinier de service, rien ne serait arrivé. Je suis fier et content de moi."Le style, l’allure, les parenthèses, tout prouve bien que l’histoire n’est qu’un amusant prétexte. L’essentiel n’est jamais bien loin. Il vous attend dès le prologue: "Les 10 Commandements du cuisinier qui débute". Il vous accompagne tout le long du livre: recettes diverses, conseils, tours de main, renseignements judicieux sur les différents produits (les champignons, les endives, la cuisson des lasagnes, etc.). Un chapitre "Conseils et autres recettes" suit la "Conclusion". Il concerne aussi bien l’art de recevoir et de dresser la table que celui de préparer les cocktails, etc. Il s’agit là d’un livre concis, pratique et bien fait. Il s’adresse à un public bien plus large qu’on pourrait le croire. Cuisiner sans ma femme, Les Éditions Publistar, 2005.