"Enfin!" C’est le mot qui me vient spontanément à la bouche. Jusqu’à tout récemment, les amateurs de foutou, de mafé ou de poulet aux arachides devaient, pour se contenter, s’offrir une virée du côté de Montréal ou s’en remettre aux soupers "ethniques" organisés au cours de l’année. Pourquoi avoir si longtemps attendu l’ouverture d’un restaurant d’Afrique noire à Québec? On pourrait enchaîner avec bien d’autres interrogations – se demander pourquoi les restos brésiliens ou antillais, par exemple, n’ont jamais fait de vieux os dans la région… Bref, en saluant l’arrivée de La Calebasse, je lui souhaite aussi rigueur et constance. Des demi-calebasses peintes à la main attirent inévitablement l’attention. Miroirs, batiks et nattes de paille, encadrés de bambou, décorent ici et là les murs rouges d’un local propre et bien tenu. Les palmiers ne sont peut-être pas plus vrais que le bananier verdoyant au fond de la pièce, mais c’est du menu qu’on attend la… vérité. Notre repas commence par une soupe aux bananes plantains, copieuse et de bonne consistance, au goût parfaitement équilibré, à base de bouillon de poulet. Les ingrédients solides y sont d’une taille infime: morceaux de viande, de plantains (évidemment), de carottes, courgettes et autres. "Ça ravigote", comme disait je ne sais plus quelle pub. Nous avons ensuite droit à une petite salade: laitue, tomates cerises (un peu plus grosses qu’à l’ordinaire), gros morceaux d’avocat. Celle qui nous a reçus, et qui nous sert, s’occupe également de la cuisine. Une autre dame viendra un peu plus tard lui prêter main-forte, mais, en attendant, cela se traduit pendant un bout de soirée par un service paradoxal, à la fois empressé et un peu lent (faut le vivre pour comprendre). Parmi les plats qui nous étaient proposés, nous avions hésité entre le flétan braisé, la brochette d’agneau et quelques autres spécialités – mis à part le tié boudiéne (aussi appelé tiéb ou tiep dien) disponible seulement en fin de semaine. Quelques-uns s’accompagnent de semoule (blé, maïs ou manioc). J’avais fini par opter pour le matoutou: à gauche, un riz aux fruits de mer (chair de crabe et crevettes) et, à droite, un mélange de légumes cuits ensemble et bien assaisonnés (chou, carottes, haricots verts). Une fois nos assiettes vidées presque à moitié, nous les permutons, mon amie et moi. Je me retrouve donc avec ce qui subsiste du kédjénou – de savoureux morceaux de poulet nappés d’une sauce brune, de consistance presque pommadeuse, bien épicée et un peu (très peu) relevée. Je me passerai, moi, de la volcanique pâte de piments, servie à part, dont l’odeur seule vous pompe les larmes aux yeux. Mon amie en a encore le regard humide et, dit-elle, la langue "exaltée". Le mets se complète d’une semoule de manioc (que j’aurais préféré chaud ou, à la rigueur, tiède). Nous avons droit, en revanche, à une chaude friture de bananes plantains mûres. Comme nous avons manifesté le désir de goûter à la sauce de gombos, on nous en apporte tout un bol. Il va sans dire que nous n’en venons pas à bout. Mon amie termine à petites gorgées son jus de gingembre. Je me serais bien offert un verre de bissap, mais… "On vient d’ouvrir, vous savez… Laissez-nous un peu de temps", me répond-on avec le plus candide des sourires. Et la soirée s’achève sur un tapioca au lait de coco.
Restaurant La Calebasse
220, rue Saint-Vallier Ouest
Québec (Québec)
Téléphone: (418) 523-2959
Table d’hôte: 14,95 $
Menu du midi: 8,95 $
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GRANDE COLLECTE MOISSON QUÉBEC
La 11e Grande Collecte de Moisson Québec se déroulera, cette année encore, sous la présidence du comédien Patrick Labbé. Les 27, 28 et 29 avril 2006, dans 80 supermarchés de la région, 2500 bénévoles inviteront la population à ajouter quelques denrées non périssables à leur épicerie, lesquelles seront remises à l’unique banque alimentaire de la région: "Participer à la Grande Collecte, c’est aider Moisson Québec à approvisionner 160 organismes de la région en denrées de qualité. C’est aider, chaque mois, plus de 30 000 personnes qui vivent des difficultés socioéconomiques", rappelle madame Élaine Côté, directrice générale de Moisson Québec. L’activité a aussi pour but de sensibiliser la population à une réalité: la pauvreté se vit 365 jours par année. Cela concerne tout le monde, puisque nul n’est à l’abri. Renseignements: (418) 682-5061.